Philosophie

Mise à disposition d'un matériel permettant de travailler les cours de philosophie.

vendredi 10 juin 2022

Désir et vérité


                                                    Désir et vérité

 

Lorsque la pulsion parvient à se sublimer, c'est-à-dire, se dépasser elle devient désir. Elle va vers autre chose, la question du désir est donc nécessairement celle de l'absence. Lorsque je désire quelque chose, je ne possède pas actuellement l'objet de mon désir, en d'autres termes je manque de l’objet de mon plaisir. 

La première définition du désir est donc l'absence, le manque, la volonté de le combler. L'étymologie de désir conforte cette interprétation, tout d'abord l'origine vient du mot « considérable » :

Le « con » voulant dire être avec,  « sider » venant de  « sidus » qui veut dire étoile /astre. « Considérable » veut donc dire, regarder une étoile être heureux de le faire. C'est-à-dire que le tout le temps où je contemple l'astre, on est plein de cet astre, on s’en repait, c'est le contraire du vide.  

« Désirable » c'est le moment où je me retourne vers l'astre mais je ne le vois plus. Je rentre dans un manque, le désir c'est le vide, c'est être malheureux. 

Mais nous savons alors même que nous contemplons une étoile, celle-ci peut être déjà morte, le temps que sa lumière parvienne jusqu'à nous nous sommes dans l'illusion de sa présence alors qu'elle est déjà absente.

Ici, nous pouvons trouver une réflexion générale sur le désir si l’astre présent, a peut-être déjà été absent. Alors son absence comme désir n'est pas absence, mais redoublement de l'absence et du manque. Ainsi lorsque l'objet est là, il peut être déjà absent, c’est une métaphore de notre existence. Nous sommes toujours dans l'absence, dans le désir.

On n'est donc pas dans le manque mais dans la conscience de ce manque. En étant toujours dans le manque, le manque est donc notre prise de conscience du manque. Ce qui rend le manque essentiel, le désir s'affirme dans ce qui constituerait une forme de nature, la capacité de déplacement du désir d’individuel à communauté.

 

I-              Distinction entre passion et raison 

 

A-   Cristallisation et Sublimation

 

La cristallisation a été conceptualisée par Stendhal dans son ouvrage « De l'amour ». Stendhal y décrit une de ces promenades dans les salines de Salzbourg. Un moment il plante dans une saline son bâton de marche, il rentre chez lui. 3 semaines plus tard, il repasse par le même endroit voyant l'extrémité du bâton, il s'en saisit, le sort de la saline et là il est face à un « sceptre brillant de mille diamants ». Le sceptre étant le symbole de la royauté.

Bien sûr Stendhal ignore que cet effet est lié à la cristallisation du sel sur le bâton. Mais il en tire une conclusion générale dans un déplacement vers la passion. La passion vient saisir un objet ordinaire et la part d’attribuer extraordinaire. En fait la passion donne à un objet des qualités qui ne sont pas les siennes. Elle vient engager une distorsion de la vision. Mon imagination projette sur l'objet des qualités qui ne sont pas réelles. Le processus passionnel est donc en réalité un processus imaginaire.

Dans la passion, on ne saisit jamais l'objet mais la projection que l'on fait de lui. C'est donc en réalité une relation de soi à soi car autrui n'intervient pas. Il y a donc une différence entre la passion qui singularise.

 

Ce phénomène de cristallisation s'accompagne d'un phénomène de sublimation. La définition du mot sublime est ce à côté de quoi tout le reste est petit. Souvent on place la question du sublime du côté de l'art mais le sublime n'est pas le beau. Kant dit « nous éprouvons le sublime au moment où nous sommes face à la puissance des éléments ». Avec par exemple la mer déchaînée ou une tempête.

Mais cela suppose une condition : que je sois à l'abri des forces qui sont déchaînées. La définition du sublime glisse de l'esthétique vers le chant religieux.

Cela nous donne l'impression cognitive que quelque chose est créé .Quand on a l'impression de faire qu’un avec l'univers, cela à avoir avec quelque chose de religieux, car dans le chant religieux la priorité est à l'invisible sur le visible, c'est le champ nès du passionnel. Au contraire les non-croyants ont besoin d'une démonstration scientifique et de rationnel.

Chez Freud, c'est ce qui s'appelle le sentiment océanique. C'est-à-dire faire part à quelque chose de plus grand que soi. 

 

Le sublime englouti dans quelque chose de plus grand que soi, des éléments se superposent à notre existence. Cela rejoint la théorie de l'arrière-monde de Nietzsche, où notre véritable vie n'est pas dans ce monde mais serait dans l'autre monde. Avec l'exemple de la religion qui serait après la vie, au paradis. Ici l'impression vaut adhésion, la foi ne suppose pas un recours à la raison. Mais les sciences ne peuvent pas détrôner la religion, car il y aura toujours de l'invisible.

Ainsi le sublime suppose une opération de l'imagination qui fait que la cristallisation sur un sujet fait que ce sujet devient pour celui qui est passionné, le plus beau, intelligent, et surtout l'unique objet de sa convoitise. Ce qui rejoint par la citation de Lamartine « un seul être vous manque et tout est dépeuplé ».

En résumé le phénomène de cristallisation pare un objet de choses fausses et dans le phénomène de sublimation l’objet devient ainsi religieux.

 

B-   La double nature du désir

 

Il existe un mythe grec écrit par Hésiode dans « Les travaux et les jours » il narre la création du monde. Au début, il explique qu'il y a 3 puissances : Gaïa qui est Terre, Kaos qui est Chaos et Éros qui est le désir, la volonté d'acquérir quelque chose.

Éros va influencer une puissance sur Gaïa car il ne le peut sur Chaos car ce qui est le désordre, ne peut pas avoir de désir. Gaïa étant Terre : une unité, elle est un, elle est une totalité, une essence.

En suscitant le désir chez Gaia il va l'inviter à partir d'un à devenir le multiple. Elle va donc créer à partir d'elle-même une entité qu'elle appelle Ouranos, qui est le ciel.

Elle crée donc une nouvelle entité qui a exactement la même forme, la même masse. Elle devient alors la terre et plus juste terre et Ouranos devient le ciel. Les genres se sont alors créés, ce qui crée alors là la génération. C'est l'invention de la descendance qui devient possible.

 

Ouranos est alors sur Gaïa parce qu'il est dans un acte de copulation ou de relation sexuelle sans affection permanente. Les enfants de Gaïa naissent dans son ventre, ils vivent à l'intérieur d'elle, ils ne peuvent pas en sortir car il n'y a pas d'espace autour, c’est le chaos. Gaïa n’en peut plus et a le désir de libération d'Ouranos. Elle va alors demander de l'aide à ses enfants, les Titans qui vont tous refuser sauf Cronos qui deviendra le Dieu du temps. Elle va alors à partir d'elle, créer une faucille, une serpe, Cronos la prend et se cache près des parties génitales de son père. Il saisit le sexe de son père et le tranche. Cronos est alors expulsé, un espace est créé mais en partant, il jette le sexe derrière lui, qui vole et atterrit dans Pontos qui est la mer. Or il y a encore du sperme sur le sexe qui va venir créer Aphrodite. Aphrodite elle va donner naissance à un deuxième Éros.

 

Le premier Éros a pour désir de faire du un du multiple. Le deuxième Éros a pour volonté de rassembler, d'avoir deux êtres qui n'en fasse plus qu'un. C'est dédié à réunir dans une fusion amoureuse. Il traite le désir que sous le spectre de l'amour qui est une vision occidentale. Il revient vers ce qui a été défait à l'unité initiale, à l'essence, à l’un.

Le premier Éros lui ne se soucie d’aucune moralité et donc d’aucun sentiment. Or les Grecs gardent la tension entre ces deux types de désir, il est chez eux doublent.

On retrouve cette même tension dans la particularité du héros chez les Grecs. Le problème du héros c'est que ce à quoi il tente d'échapper c'est quelque chose auquel il ne peut pas échapper. Il combine deux natures. Il combat ce qu'il est, cela finit alors toujours dans la mort car il lutte contre ceux qui le constituent, il est dans une permanente dualité. Le monstre est alors à l'intérieur de lui et pas à l'extérieur.

 

Le deuxième Éros est une articulation politique de l'amour, dans le champ du vivre-ensemble. Il fait entièrement partie de la structure de la société qui est la famille. Il vient domestiquer le désir. Le premier est erratique, dans une errance de son désir qui lui permettait d'avoir plusieurs partenaires.

Le deuxième inclut une norme morale, c'est celle de la fidélité. Il y a donc la naissance de la vérité et du mensonge, alors que le premier exercait juste sa pulsion.

Cela nous prouve donc que le mythe est en réalité un calque de la société. Comme par exemple l'acte déjà de domination de l'homme sur la femme. Ou encore les représentations du Christ blanc qui sont purement occidentales. Les mythes viennent donner des indices sur la conception de la société. Les mythes donnent une explication causale quand on a besoin d'explication, c'est là qu'arrive la religion.

 

Les Grecs ont donc deux types de désir qui sont joints, qui ne sont pas joints dans la société occidentale qui ne garde que le deuxième Éros. Ils différencient clairement la passion et la raison, ce qui n'est pas le cas chez les Grecs. Car sans la passion, il n'y a pas de relation stable cela a donc à voir malgré tout avec de la raison.

En résumé : Le premier Éros est tourné vers l'énergie, la puissance, la diversité des gens et des espèces. Il est tourné vers le développement de notre puissance. Le deuxième est un principe de régulation, revenir à l'unité du début, car dès que Gaïa aura Ouranos, il n'y avait plus d'unité.

Hélios met en place une structure où le premier Éros, le fondamentale pousse Gaia a produire à partir d'elle-même autre qu'elle-même. Éros poussé donc à passer de l'un au multiple, c'est l'invention de la diversité. La séparation d'avec Ouranos de Gaïa donne naissance à Aphrodite, qui donnera par la suite naissance à un deuxième Éros. Celui-ci vise à partir du multiple à faire de l'unité alors qu’Éros 1er était du côté de la seule puissance qui conduit à une sexualité sans amour, il crée la génération. Le deuxième veut qu'à partir de deux êtres ont en fassent plus qu’un. C’est l’invention de l’amour et de la génération.

 

C-   L’allégorie de la Caverne 

 

 Dans « République » livre VII Platon, fait une allégorie, il dépeint la condition humaine, enchainé à des poteaux des humains regardent vers le fond de la caverne. Il y a un feu placé derrière, devant ce feu des marionnettes sont joués. On envoie donc les ombres projetées, ce sont des simulacres. On croit alors voir les choses qui existent mais on est uniquement dans un monde d'apparence.

Alors un premier homme est traîné à l'extérieur car on est malgré tout attaché à nos ombres. Au départ, c'est l'horreur pour lui qui face au soleil qui est la métaphore des idées, il est ébloui mais il va progressivement apprendre à voir les choses telles qu'elles sont vraiment. Mais il va devoir retourner dans la caverne, il est considéré comme le philosophe, mais il ne voit plus rien en retournant dedans et en plus de cela personne ne va l'écouter. C'est la fondation du pouvoir qui est de donner à ceux qui savent, ceux qu'y ont les idées.

Il y a une critique de la sensibilité de ces ombres, condamner les sens pour aller vers les idées. La sensibilité et la raison ne sont donc plus dans une dualité, elles sont uniquement comprises dans la confrontation avec la raison. Platon a dit « tout ce que tu crois être vrai et faux. » On vit alors dans un simulacre.

Le rôle du philosophe est de sortir tout le monde de la caverne .C'est l'idée que l'on doit donner le pouvoir à celui qui n'en veut pas : le philosophe voudrait rester là-haut mais ne peut pas.

L'allégorie de la caverne montre la situation des hommes sans la lumière des idées, nous sommes enchaînés à des poteaux alors que nous croyons être libre. Nous sommes dans l’obscurité d'une caverne et nous fixons sur ses parois des ombres ou des simulacres. C'est ce que Nietzsche dit dans l'invention des arrières-monde. Platon invente des arrières-monde qui en fait seraient des mondes réels. Autrement dit si la situation dans la caverne représente notre situation, nous ne sommes pas dans le monde réel, ce qui supposerait que nous quittions ce monde pour atteindre le monde vrai.

 

Platon sépare monde sensible et intelligible en proposant une priorité de l'invisible sur le visible et donc en condamnant les sens et les passions. Mais il y a une ambiguïté dans la proposition platonicienne. Celui-ci se sert en permanence des mythes et le personnage de Socrate est toujours entre deux mondes, puisqu'il participe au banquet qu'il a des amants, mais qu'il ne semble jamais saoul, ni non plus ressentir de plaisir.

Dans L’apologie de Socrate, Platon raconte la mort de Socrate celui-ci est condamné à mort pour empiéter et corruption de la jeunesse. Il doit alors boire la ciguë. Il préfère la mort à l'exil. Pour Socrate la mort n'est rien. Il considère que le corps est le tombeau de l'âme, la mort étant sa délivrance. Au moment où il la boit il y a un tressaillement de son corps la question étant de savoir si ce tressaillement est dû à l'amertume du poison ou à l’amertume de quitter l'existence et un corps sans avoir des certitudes.

 

Le corps serait divisé en trois, le tout serais alors l'âme. Il y aurait dans un premier temps l'esprit qui est au niveau de la tête. Le souffle qui serait au niveau de la poitrine qui représenterait la puissance, et la capacité à vivre. Et la partie du bas-ventre à la fois avec le ventre et le sexe qui représenterait les appétits du corps et donc la passion et le désir. La passion fait partie de nous, on ne peut donc jamais totalement y échapper. 

C'est la mort qui nous en délivre mais nous revenons toujours à la vie terrestre. Chez les Grecs le temps est conçu de façon chronique et circulaire. On voit avec Platon la naissance d'un idéalisme philosophique avec une séparation tranchée entre la raison comme porteuse de vérité et le corps qui est placé du côté du mensonge et du simulacre.

 

II-             Vérité et Raison

 

A-   Vérité

 

La vérité doit d'abord être distinguée de la sincérité. Etre sincère signifiant être convaincu de la vérité du propos que je pose. On peut donc être sincèrement dans l'erreur. La vérité pour sa part suppose un rapport constant entre l'énoncé et la réalité qu'il décrit. 

 

Aujourd'hui, on séquence la vérité sous la forme de domaine de compétence, la vérité a donc en un sens épousé la division des tâches et des métiers. Il n'y a alors plus de vérité universalisable. Avant il y avait Dieu avec le livre où il y avait toutes les réponses : la Bible. Il y a maintenant une parcellisation de la vérité.

 

Cela suppose encore la distinction entre vérité et réalité. On peut affirmer dans un premier temps que la vérité se tourne d'abord vers les choses avec la proposition, « il y a ». Cette affirmation est qualifiée donc d'ontologique, ce  qui la science de l'être, de l'essence. 

 

Lorsque je dis il y a une table ou que j'affirme que cette table est bleue, l'énoncé se veut performatif. Pourtant très vite, je me rends compte que l'énoncé transporte l'erreur. Je peux dire « il pleut » parce que j'entends le bruit de la pluie sur le toit. Mais cette proposition ne sera acceptée comme vrai, que si j'ai effectué la preuve expérimentale de ma proposition. 

 

Il faut donc ici poser la différence entre vérité et réalité. Ce qui est vrai, c'est dans une théorie de la connaissance le rapport que j'ai établi entre par exemple un objet et ses propriétés. La réalité c'est ce qui ne peut être saisi par la vérité. 

Ainsi la vérité scientifique qui s'affirme aujourd'hui comme exemplaire de la raison, porte seulement sur un univers d'objets stable et limité dans l'espace et dans le temps. On considérait par exemple que les mathématiques étaient la reine des sciences, or ils sont depuis 1950 plus intitulé comme ceci mais comme connaissance hypothético-déductible.

 

Les mathématiques renoncent ainsi au statut du vrai pour reconnaître qu’elles sont une connaissance qui fonctionne à partir du postulat, c'est-à-dire ce qu'on a affirmé sans preuves, ce qui suppose que les maths soient une création entièrement de l'esprit/théorique.

On retrouve cette même réserve du côté des sciences physiques. Le tube à vide d'air de Newton permet expérimentalement de produire une chute parfaite en éliminant la résistance de l'air, les frottements, les formes étales. Ainsi, la chute est idéale mais aucun objet ne tombe dans la nature comme il tombe dans la loi de la chute des corps. Autrement dit le laboratoire créé un objet idéal qui permet d'atteindre une proposition universelle, c'est-à-dire une vérité mais elle n'existe que par suppression de tous les éléments qui constituent la réalité environnementale de la feuille.

Bachelard dira que « le laboratoire crie plus fort que la nature ». Ce qui signifie que le laboratoire impose des lois à une nature qui résiste par sa dimension expérimentale.

Ce qui nous fait dire que toutes les lois scientifiques sont toujours provisoires.

La science revient sans cesse sur ses propres déterminations Bachelard dira « les sciences reviennent sur un passé d'erreur ».

 

Ce qui importe c'est que l'on puisse s'accorder à un moment déterminé et au regard des connaissances que nous avons sur la position d'une vérité. Une vérité suppose le principe de non-contradiction, un objet ne peut pas être et ne pas être à la fois. 

 

Ainsi un énoncé scientifique engage une proposition logique qui suppose la non-contradiction du système de jugement lui-même mais pousser à son paroxysme, nous risquons d'aboutir à ce que l'on appelle une vérité formelle, autrement connu comme logique des prédicats : ces énoncés sont donc cohérents mais en rupture. Nous dirons que cet énoncé engage un accord de l'esprit avec ses propres convictions. Nous en arrivons donc à dire qu'il n'y a pas de vérité expérimentale ou dans ma proposition s'engage en même temps le réel. L’épreuve de la réalité est aussi la preuve de la vérité. 

 

La vérité suppose la position d'un observateur capable de décrire les mécanismes du réel or la réalité engage des principes constants.

La première règle est le principe de non-contradiction

La deuxième est que la définition d'un univers d'objets donnés permet l'établissement d'une loi.

 

Kant est l'auteur de trois textes principaux. La critique de la raison pure et la critique de la raison pratique

 

La Critique de la raison pure : son objet principal c'est la philosophie de la nature c'est-à-dire la description de la physique et de la biologie. 

Elle va engager une analyse du sensible, ce qui nécessite une analyse de la perception.

C'est par nos sens qu'on saisit le monde extérieur, cela est donc un élément fondamental. C'est de l'observation par le biais de l'expérimentation. 

Tout cela engage l'empirie : c'est ce qu'il n'est pas dans une détermination de cadre général, on est dans l'étude du singulier, d'un seul phénomène. La description des processus est liée à l'entendement : c'est la capacité à compiler les éléments sensibles. 

L'entendement et la raison ne sont pas distincts. 

C'est une opération d'investigation de la matière qui passe par l'expérience pratique. 

 

La Critique de la raison pratique elle est la philosophie de la liberté. Elle est une réflexion entre autres sur l'Etat, la religion, la science. Elle produit des dispositifs généraux, elle vise la loi. 

Elle va engager une analyse de l'intelligible, c'est l'esprit. 

La loi c'est l'accord entre l'entendement et la raison néanmoins elle est toujours provisoire car il y a sans cesse une émulation car on est en permanence au contact avec la matière, on est en constamment dans une nouvelle découverte dans l’entendement. 

 

Le processus cité est donc : qu'il y a un fait qui va aller vers la raison qui elle va produire de grands ensembles, elle va faire une application générale. Elle va par la suite produite une règle générale de fonctionnement. Qu’elle va renvoyer à l’entendement. Et ainsi de suite qui va sans ce qui va sans cesse redéfinir des lois.

La conscience synthétise la loi fait pareil mais se pose comme universalisable.

Tout cela pose la vérité comme un mécanisme provisoire.

On retrouve un système de recherche fondamentale et non de recherche appliquée dans la critique de la raison pratique, car on ne cherche rien de précis mais du général.

 

Kant met en scène le mécanisme de la découverte qui est d'abord lié à la perception sensible c'est l'entendement qui explore et recense la réalité physique. Cette faculté transmet ensuite ces informations à la raison, qui vient produire un cadre général permettant la formulation d'une règle que l'on nomme loi. Il y a un aller-retour permanent entre l’entendement et la raison. 

 

On peut ainsi poser que la description du monde doit nous permettre de mieux pénétrer sa matière pour la détourner à notre profit. Ici intervient un terme encore non utilisé : la technique, étant la mise en forme pratique des lois de la raison où l'alliance de l'entendement et de la raison se manifeste par un succès expérimental.

 

Tandis que l'animal subit son environnement l'Hommes le façonne par le biais des techniques. La vérité se confondant alors avec la réussite technique engageant une course entre le qualitatif et le quantitatif. 

 

Une révolution épistémologique est un changement de paradigme, c'est-à-dire un changement de l'état des connaissances sur un phénomène. 

En science, on appelle ça un paradigme explicatif. C'est un élément qui va placer sous lui d'autres éléments autrement dit il va par un mot représenter tout un état d'une situation.

 

mardi 7 juin 2022

la technique : axiologie

 

La question de la neutralité axiologique des techniques se pose : les techniques sont-elles bonnes ou mauvaises par définition ou par l’usage que nous en avons ? Nous rencontrons deux écoles : les technophobes qui pensent que la technique est par essence dangereuse. Et les technophiles qui pensent que tout progrès viendra des techniques. Une école paranoïaque qui pense la technique du côté d’un usage malveillant et de l’autre une position angélique qui voit dans la technique l’unique moyen pour améliorer l’Homme. Ce que nous pouvons constater c’est la place que les techniques occupent aujourd’hui au sein de nos sociétés. Ici, il y a un abus de langage car les techniques ne vont pas seules, elles accompagnent les sciences. Autrement dit on parle de progrès des techniques là où il faudrait adéquatement parler d’un progrès des sciences.

L’environnement technique ne peut être qu’un environnement global. La critique des techniques vient du fait qu’elle absorbe tout environnement qui fonctionne en mode autonome. Elle met en place des relais techniques. Les frigidaires supposent une centrale produisant l’électricité, une centrale hydraulique, puis le transport de l’énergie qui suppose des infrastructures terrestres comme des routes, des ponts, ainsi qu’une surveillance de ces installations de ces réseaux et transports. Bref nous passons d’une économique d’auto-subsistance à une autonomie capitaliste qui parallèlement va mettre en place un marché. Il est intéressant de noter que les physiocrates prennent en modèle la circulation des eaux comme exemple de circulation de la monnaie. Autrement dit, ils pensent une autorégulation de la circulation des flux monétaires. Ils prennent la nature comme le modèle du développement du marché. C’est le model du « laissez faire, laissez agir » qui signifie qu’il y a spontanément une adaptation du marché aux circonstances. Il ne faut pas intervenir, en ce sens, les physiocrates sont au plus loin de l’Etat providence.

Etat providence = Il nait au moment des 30 glorieuses au moment de l’essor industriel ou la classe ouvrière va s’enrichir et obtenir des droits. Ils sont ceux des congés payés, d’une couverture maladie, finalement, l’Etat prend en charge l’assistance aux individus. C’est aussi le moment de l’assurance chômage ou l’Etat met en place des aides s’il y a rupture de contrat de travail ou si l’individu n’est pas en situation de pouvoir travailler (extrême précarité, handicap ...). L’Etat pourvoit donc aux besoins des individus. Ici, on pourrait dire qu’il y a une spécificité française car l’Etat français est celui qui assure le plus haut taux d’assistance aux individus dans le monde. Mais, cette position va à l’encontre de la position libérale. Adam Smith parle ainsi d’une « main invisible. » Une main qui viendrait donner les cartes, laissant penser qu’il y a du hasard alors même que cette main connait les cartes distribuées. Cette main invisible régule le marché. En fait chacun vise son bien-être, son confort et agit ainsi par égoïsme. Adam Smith dira ainsi dans « La richesse des nations » : « On n’attend pas du boucher qu’il vende une bonne viande par bienveillance mais par égoïsme. » En effet, si le boucher vend de la bonne viande, c’est pour que le client revienne chez lui. Il agit donc dans son intérêt qui est compris par les autres comme de la bienveillance. En fait il y a transformation de l’intérêt égoïste en intérêt général par une alchimie qui est celle de la main invisible car finalement tous les intérêts égoïstes finissent par devenir de l’intérêt général. Ainsi le chef d’entreprise qui décide d’implanter son usine sur le sol national le fait parce qu’il diminue ainsi les frais d’implantation sur un autre territoire. Il profite de la main d’œuvre existante. Sa faisant il enrichit le produit national brut et ainsi le revenu global des travailleurs. C’est donc bien pour s’économiser des frais que l’entrepreneur capitaliste travaille au développement de l’intérêt national. Mais, cette position d’une transformation de l’intérêt égoïste en intérêt collectif dépend totalement des infrastructures et des environnements. Dans une économie globalisée l’intérêt du producteur capitaliste est plutôt du côté de la délocalisation : les coûts de transport étant devenus bien plus faible, et le coût du travail moins élevé sur d’autres territoires. Ainsi on voit une fuite del’industrie vers les pays en voie de développement. Cela semble donc contredire l’intérêt collectif mais il faut replacer la main invisible dans un contexte non plus national mais mondialisé. On assiste à une perte d’emploi dans les pays industrialisés mais a une augmentation significative des revenus dans les pays émergents.

On voit aujourd’hui une transformation très sensible du rapport aux techniques qui engage aussi un rapport différent au politique. Auparavant, les décisions politiques pouvaient régler les différences économiques. Nous étions dans ce que l’on nomme dans la politique économique tandis que l’économie politique a pris aujourd’hui le pas. L’influence des techniques fait que la corrélation entre le politique et l’économique n’est plus nationale mais européenne et mondiale.

Nous nous trouvons devant une situation qui dès lors empêche tout mouvement qui serait strictement national. Et simultanément apparaît un raidissement sur des positions de replis qui assureraient à travers la souveraineté politique, la souveraineté économique. Cette vision nommée nationaliste et parfois populiste, repose sur l’idée et peut-être le fantasme d’un retour en arrière vers une économie auto suffisante.

Il y a aujourd’hui une grande défiance envers l’économie comme envers les techniques. Nous avons aujourd’hui une relation schizophrénique aux techniques : nous sommes à la fois dépendant de la révolution numérique tout en prônant un retour à la nature. On voit émerger la volonté d’une production agricole locale en même temps que nous sommes face aux défis de l’alimentation de sept milliards d’individus. C’est la question de la décision qui finalement apparait : Sommes-nous dépendant des découvertes scientifiques et techniques qui prendraient le pas sur nos libertés ou nos libertés sont-elles en capacité de poser des questions indépendamment de ce cadre technologique et d’y répondre ? Le comité d’éthique qui en France statut sur l’évolution de sciences et des techniques, qui a un avis consultatif lors de la découverte du groupe HLA la question a été celle de savoir si on pouvait préventivement demander lors de l’embauche le groupe HLA de l’individu. Celui-ci permet d’obtenir des statistiques de probabilité de développement de pathologies et maladies. Le comité a ainsi interdit l’usage privé à l’embauche du groupe HLA comme il a pu décider d’un moratoire sur la culture des cellules souches. Mais pendant ce temps, la recherche a continué outre atlantique mettant la France en situation de ne plus être à la pointe de la recherche dans ce domaine. Ce qui signifie que chaque découverte scientifique entraine mécaniquement son usage et que la réflexion sur les sciences et techniques est toujours en retard par rapport à ses découvertes. Bachelard dira ainsi « la science n’a pas la philosophie qu’elle mérite. » L’extrême spécialisation fait aujourd’hui qu’il est impossible de prendre un recul suffisant par rapport aux découvertes. Claude Bernard, biologiste, président du comité d’éthique, pour réfléchir sur l’évolution des sciences à l’évolution des sciences quitte son laboratoire et ainsi la recherche fondamentale. La GPA est ainsi interdite en France au nom de l’intégrité physique et de la propriété du corps (incessible, indivisible.) Mais des femmes y ont recours en dehors du territoire national. Un arrêt de la cour de cassation de juillet 2018 pose que dans ce cas, l’enfant prendra la nationalité et l’identité de ses parents administratifs. Cette décision est prise au nom des droits de l’enfant mais dans les faits, cela permet une GPA active. La technique est aujourd’hui au centre de tous les regards. Orwell décrit un monde ou (1984) la surveillance devient géométrale « Big Brother is watching you. » Cette prévision se révèle fausse ; La menace est bien plutôt du côté des « Small Brother », il ne s’agit pas d’une volonté centrale mais d’un éclatement technique qui fait que chacun d’entre nous livre la totalité de ses informations privés par le biais de cartes de fidélités, des réseaux sociaux, des clics sur internet, des éléments confidentiels sur téléphone portable (empreintes, iris ...) qui conduisent à pouvoir cernés techniquement un individu et extraire de 80 à 95 % de ses des données privés.