Philosophie

Mise à disposition d'un matériel permettant de travailler les cours de philosophie.

dimanche 22 décembre 2013

dimanche 24 novembre 2013

Peut-on avoir la conscience tranquille ? correction de la dissertation

Peut-on avoir la conscience tranquille ?


A la question "peut-on avoir la conscience tranquille ?" nous pouvons affirmer qu'une conscience tranquille se confondrait avec la certitude de n'avoir commis aucune injustice ou action dont on peut avoir honte. La conscience tranquille suppose la mesure de la morale qui vient en même temps que la connaissance de mon action me rassurer sur son contenu. La conscience devient dans ce cas double : elle est conscience vigile et en même temps retour vers l'action qui me fait connaître sa validité morale. Mais un problème se pose : comment être assuré de la rectitude de mon action ? Je peux dire la vérité et pourtant engager une réaction catastrophique, je peux mentir et ainsi être en désaccord avec la loi morale et pourtant produire "un pieu mensonge"... Comment se retrouver dans le mystère de l'action de la vie à plusieurs? Dans la confrontation aux autres consciences se joue à la fois le mystère de la domination comme celui du sacrifice, la conscience tranquille devient alors impossible. Il y a nécessairement un trouble de la conscience qui empêche son repos, et peut-être est-ce cela qu'être conscient : une conscience toujours en éveil, toujours à l'affut, qui guette à la fois ses tares et renaît sans cesse de ses succès. Mais tout succès n'est-il pas aussi un échec ? De quel point de vue puis-je évaluer mon action ?
Dans un premier temps nous poserons que la conscience tranquille est l'objectif de toute personne, être en paix avec soi, les autres et la nature. La conscience est la seule qui peut m'apporter cette impression de paix car elle me met en rapport avec le monde, elle est la capacité de me projeter vers lui et de vérifier mon action. Mais nous devrons réfléchir ce fait : la seule possibilité pour la conscience est dans "l'intranquillité" de ses représentations. Comment puis-je m'accorder un repos face au gouffre de ma liberté et d'une action qui est "jeté" au monde? Alors peut-être faudra t-il envisager que c'est la nature même de la conscience que de ne pas en avoir, la psychanalyse comme la phénoménologie nous font savoir que la conscience n'est pas un simple réceptacle mais qu'elle est guidée par un mouvement qui est notre propre raison d'être.


1 /  La conscience tranquille est le but même de l'existence.

A - La conscience tranquille est cet accord de la conscience avec le monde. Descartes pose ainsi que la conscience est cette jonction entre l'individu et lui-même et entre lui et la nature extérieure. Le cogito possède cette qualité d'être à la fois ce qui permet la certitude de mon existence - ce qui m'assure d'être et en cela participe de la tranquillité de mes représentations.
B - la mise en place du cogito en passe par un doute qui est remise en cause de mes certitudes, le doute hyperbolique suppose bien l'idée d'une vérité ancrée et solide, pour douter il fait l'idée d'une autre vérité possible. La reconstruction des sciences suppose cette certitude du cogito comme ancrage de mes représentations - il doit servir de pont avec le monde extérieur et les autres consciences. Le cogito est double quiétude : interne par la liaison qu'il produit avec Dieu et externe par l'entreprise de reconstruction du savoir qu'il permet.
C - car le cogito est d'abord le lieu de reconstruction de mon propre savoir : rien n'est vrai que je ne reconnusse être tel dit Descartes. Le cogito est une entreprise de refondation de la connaissance où chacun doit être capable d'évaluer la vérité. Mais ce mouvement de liberté en inaugure un plus grand encore : dans le rapport à la nature la conscience n'a besoin d'aucune autre garantie extérieure que la raison qui l'anime. Ici la certitude de ma pensée introduit aussi et paradoxalement le doute sur la valeur de mon action et même de la réflexion sur elle. Une agitation de la conscience ne peut que suivre son repos.

2 / L'inquiétude de la conscience est son seul état possible. La conscience ne peut qu'être malheureuse.

A - Bergson dans "les deux sources de la morale et de la religion" commençait par s'interroger sur le remord. Quelle force peut faire qu'une conscience préfère se livrer pour se mettre "en paix" avec elle même et son action. Le criminel préfère parfois affronter la justice que la solitude de sa conscience : qu'enfin on me parle comme à celui que je suis devenu par mon action et non plus à celui que j'étais mais que je ne suis plus.
B - l'impératif de la conscience est ici dans l'acceptation du trouble de l'action, se mettre en paix coïncide ici avec la reconnaissance du jugement des autres. Mais l'action ne révèle pas toujours ses secrets : lorsque il s'agit de sauver le monde Dieu, dans la genèse, demande que 10 justes soient trouvés - ils le sont, le monde est sauvé, mais ceux là ignorent qu'ils sont justes. Comment se croire juste sans intéresser son action et donc la supprimer comme action juste ?
C - Ce n'est pas la religion qui peut donc permettre la tranquillité car elle me place en situation d'obéir à des préceptes et à connaître leurs valeurs. Seul l'athéisme en ce sens peut contenter Dieu : celui qui se croit perdu peut être sauvé, n'est ce pas là son enseignement ? Le Christ ne se trouve t'il pas entouré du voleur et de la prostituée ? Comment savoir et mesurer la portée de mon action ?

3 / On en peut pas avoir une conscience tranquille, on peut l'être dans une adéquation à notre condition.

A - "Il n'y a pas de nature humaine sur laquelle je puisse faire fond" écrivait Sartre, signifiant ainsi que nous ne possédons comme qualité que celle de ne pas en avoir. Nous devons forger ce que nous sommes, nous devons faire advenir une condition à partir précisément d'une conscience qui se forme par sa réflexion. Toute conscience est conscience de quelque chose disait Husserl impliquant alors que la conscience ne peut que se tourner vers les choses pour les faire être. La conscience est mouvement et déplacement, vers l'autre mais aussi vers soi.
B - la psychanalyse permet d'aborder la conscience par son revers, c'est l'inconscient qui guide notre action - nous sommes joués par des motifs et des mobiles qui en large partie ne peuvent que nous échapper - "ça" nous dépasse. L'inconscient est trouble, il est riche de pulsions qui nécessitent satisfaction - la civilisation de l'homme repose entièrement sur un déplacement des désirs pour valider la vie ensemble - mais la pathologie est toujours présente jusque dans l'action la plus pure.
C - La conscience inquiète n'est pas un état, une nature, elle est une condition humaine à laquelle je ne puis échapper. La tranquillité ne peut être que le fait d'une conscience qui renonce à la liberté cad à la complexité du monde. Nous devons accepter que nous ne sommes pas comme les choses sont, en un bloc avec une identité claire, nous sommes au contraire en perpétuel mouvement et agitation - rejoignant la parole d'Hésiode "il n'y pas de danger plus formidable que l'homme" - et ajouterons d'abord pour lui-même.






Pistes pour la correction : le langage n'est-il qu'un outil ?

Tout d'abord tous les traitements sont possibles si vous justifiez votre démarche par une argumentation.

Le langage n'est-il qu'un outil ?



Le langage 

Posez le langage comme un outil c'est dire qu'il est le moyen d'autre chose, ici de la pensée. Faire du langage un instrument c'est aussi affirmer qu'il est en dehors du processus de création de l'idée, qu'il ne peut que la transmettre sans véritablement pouvoir la comprendre. 
Posez ainsi la question c'est aussi permettre d'entrevoir une autre solution possible : le langage ne serait pas un instrument mais au contraire l'essence même de la pensée, l'esprit qui prendrait la forme immédiate de la communication pour atteindre enfin la langue. 
La question de l'instrumentalité du langage rejoint une position classique où l'opération de la langue est distincte de celle de la pensée - dans ce cas la langue est le moyen de transmission de l'idée, et ainsi il y a toujours plus dans l'idée de la chose que dans sa nomination. La fonction de la langue est toute de communication - elle doit faire passer un message en le rendant audible pour le plus grand nombre - le langage est donc général et de ce fait même ne peut traduire les nuances internes de la pensée ( c'est ici la position de Bergson ).
Au contraire la linguistique ( Benveniste - Saussure ) va modifier le rapport aux signes - les signes sont la pensée elle même - non pas à l'état de fermentation comme l'indiquait Hegel mais dans sa construction et réalisation - l'image acoustique est ce que nous pouvons appeler le rapport signifié sur signifiant - ce n'est plus la langue d'un côté et le mécanisme psychique de l'autre mais les 2 sont dans liés, ce lien peut s'appeler le langage. 






samedi 9 novembre 2013

Méthodologie de la dissertation - technique





Tout d'abord techniquement on distingue 2 méthodes : dialectique et progressive.

Il faut savoir que toutes les techniques sont admises lors de l'examen : c'est l'enseignant qui est responsable de l'enseignement de la technique aussi l'élève ne peut en être tenu responsable. Cela n'implique qu'une totale absence de technique ne soit pas sanctionnée. Toute technique est possible mais il faut tout de même que technique il y est.

Progressive cela suppose une seule, ou 2 parties, avec une argumentation continue qui évolue d'idée en idée pour ne former qu'un seul récit global. La construction est alors chainée, le scénario suppose une maîtrise importante du propos et des références.

La méthode dialectique :

Souvent on la trouve posée sous la forme  thèse - antithèse - synthèse

Il vaut mieux pourtant la comprendre ainsi : thèse - négation de la thèse - négation de la négation





Il s'agit d'un triptyque où l'on part du plus évident pour ensuite contredire et enfin contredire la contraction donc en quelque sorte retourner vers le premier moment débarrassé de ce qui encombrait la démonstration et qui a été défait dans le second moment. Autrement dit une première idée  puis une seconde qui la contredit et enfin une troisième qui la contredit à son tour et qui reprend donc une partie des arguments du premier moment.

Cette troisième partie sert souvent à lever le présupposé de la question posée :

par exemple si la question est -   La conscience est-elle le signe de notre liberté ?

cela suppose l'affirmation de l'existence de la liberté comme d'un fait qui n'a pas besoin d'être prouvée tant il est évident.

La forme de la dissertation est :

1
A  mineure   /  un exemple ou un élément doctrinal qui fonde le premier argument
B  majeure  /  extension du premier argument par des exemples qui visent un renforcement de la thèse
C  objection  /  mise en avant d'un élément qui montre que la Q est plus complexe et apparition d'un pb qui fait basculer vers le 2 d'une manière nécessaire

2
A  mineure
B  ...  et ainsi de suite ...
C

3
A
B
C

attention il s'agit toujours de rendre compte de la Q posée et de rien d'autre

Pour s'assurer du respect de cet impératif il est possible de récapituler en une brève phrase les acquis du paraphrase avant de se relancer vers le prochain.

Pour vous exercer et reproduire cela appuyez vous sur les nombreux corrigés de dissertation présents dans les archives. Isolez d'abord le 1 -2 - 3 pour comprendre la mécanique de la construction puis prenez les sous-parties afin de comprendre le passage du A - B - C ( C qui est la transition vers la partie prochaine )

La dissertation se clôt par une conclusion courte qui récapitule les grandes propositions de la dissertation puis engage une ouverture.


La construction du plan détaillé est nécessaire avant toute rédaction, vous écrivez ensuite l'introduction (qui suppose la compréhension claire des étapes) enfin vous passez à la rédaction.


vendredi 1 novembre 2013

Existence et temps - introduction



Existence et temps

 Le temps est le cadre de l’existence. Nous sommes sans cesse bordés par une durée qui nous permet à la fois de saisir et d’appréhender notre identité. Le temps est irréversible, il est le lieu où les actions se fabriquent. Il est à la fois du côté du temps qui passe et du côté des promesses à venir. Il porte tous les espoirs et souvent nous aimerons reprendre les paroles du poète « ô temps suspend ton vol » pour pouvoir suspendre un instant de bonheur. Dans ses confessions St Augustin pose que si tous savent ce qu’est le temps, personne ne peut le définir. 

Ce que nous connaissons c’est le présent du présent, lorsque nous regardons en avant ou en arrière nous avons le présent du passé et le présent du futur. Le présent est comme un pont jeté entre le passé et le futur. Cette image permet de comprendre que nous tentons sans cesse de saisir la spécificité du temps en le spatialisant, en le rendant objet. 

Il faut distinguer entre deux types de temps. Le temps mathématique d'abord qui est celui du découpage où chaque instant est séparé de l’autre. Ce temps est ainsi sans le mode de l’espace ou du calendrier. Il existe aussi un autre temps qui est celui de la conscience, celui-là est du côté de l’épaisseur du temps, de la durée donc de l’élasticité. Nous avons l’expérience intime de l’ennui où le temps ne passe pas et  aussi l’expérience d’un temps qui file comme si les heures étaient des instants. C’est la conscience qui donne le contenu du temps, c’est mon investissement qui donne l’épaisseur de la durée. Au contraire l’instant mathématique ne  permet pas de rendre compte de l’originalité de ma conscience. La conscience suppose une continuité donc la fabrication dans l’instant d’une temporalité active. Le temps de la conscience suppose l’élaboration de la langue, de ses structures et de sa syntaxe. Pour penser le temps nous le pensons du côté de  la structure sujet-verbe-complément et nous créons un espace de circulation de la conscience. Cela nous permet de poser que le temps n’existe que pour la conscience. En fait nous propulsons dans le temps la causalité qui valide. Le point T est celui de la saisie par la conscience du présent qui l’habite. Autrement dit pour l’Homme le présent n’est maintenu que par un effet constant de conscience. Pascal dira ainsi que « nous sommes dans l’immensité de l’univers et notre seule bouée est l’existence de la conscience car nous sommes des poussières dans l’infini,  la plus faible créature ». Nous devenons plus fort par l'effet d'une conscience qui permet de prendre la mesure d'un univers qui nous dépasse et que pourtant nous pouvons comprendre et saisir par notre coeur et notre esprit.  Le temps permet de réguler notre vie sociale et nos repos, au début le temps est solaire et dépend des astres. Les premières horloges à eau sont créées qui vont donner les mécaniques du temps.  Ces mécaniques ont pour avantage de cadencer artificiellement  et mécaniquement la vie humaine, désormais il y a douze heures de jour et douze heures de nuit. On a vu très vite l’avantage d’un temps normé celui-ci sera inventé dans les monastères durant le moyen-âge. Deux moines en permanence lisent les écritures saintes de manière à produire des repères spirituels à partir d'un marquage spatial. Cet avantage du temps donnera dans son extension l’invention de l’horloge qui d’abord engage des considérations spirituelles pour rejoindre celles matérielles. Mais le temps dans son découpage même recouvre d’anciennes préoccupations. Zénon énonce un paradoxe lié directement à cette construction temporelle.



Paradoxe de Zénon :

Le découpage du temps implique sa compréhension spatiale, elle produit une contradiction pratique, une flèche tirée doit d'abord parcourir la moitié de la distance qui la sépare de la cible. Ainsi la flèche doit parcourir la moitié de la distance initiale, puis parcourir la moitié de la moitié de la distance initiale, etc. La démonstration est infinie, la flèche n’atteindra jamais sa cible. Si on importe dans le temps l’espace alors les difficultés de la spatialisation s’additionnent à ceux de la temporalité.

La Mort

 Le lien qui demeure à éclaircir avec le temps est celui de la mort, ici on peut reprendre Epicure qui dans la lettre à Ménécée pose que « si je suis vivant la mort n’est pas là et si la mort est là alors je ne suis plus ». Derrière cette formule, il faut entendre que la mort n’est rien pour nous, elle est une idée, une pensée et tant que j’ai cette pensée je suis vivant. La préoccupation de la mort est une préoccupation inutile, je ne peux pas expérimenter la mort de mon vivant mais je peux expérimenter la mort de mes proches. Je peux expérimenter la douleur de la perte mais la douleur de la perte suppose la vie. Il n’y a pas de coïncidences entre la vie et la mort. La mort est sans objet c’est-à-dire qu’elle est liée à une angoisse celle de penser de son vivant mort. On se projette dans un état dont on ne peut être contemporain, il n’y a pas de peur de la mort mais une angoisse de la mort. La peur suppose un objet identifié est la mort est sans objet, elle recouvre donc la dimension de l’angoisse qu’elle submerge. La mort est le contraire de l’existence, esquiver c’est sentir et réfléchir d’où la distinction au cœur-même de l’existence entre être et exister (référence au tableau dans la leçon sur la liberté). L’existence va engendrer un au-delà que l’on peut appeler une théorie des arrières mondes. Derrière le monde qui est le notre il existe un autre monde véritable qui disqualifierait notre existence sensible. Cette théorie des arrières mondes est portée par  qui vient trancher sur l’invisible du visible en donnant une priorité de l’anhistorique sur l’historique.





dissertation : le temps est-il la forme de mon impuissance ?


corrigé rapide : le temps est-il la forme de mon impuissance ?


L'analyse immédiate de la question indique que l'homme (moi) se trouverait "impuissant" donc démuni devant le temps. Le temps viendrait manifester la fragilité de la vie humaine et de la conscience, ce qui permettrait d'approcher de notre finitude par l'inexorabilité du temps qui passe. Mais ne peut-on penser au contraire le temps comme le lieu de l'exercice d'une puissance ? La forme prend ici la détermination d'une mise en place, du choix d'une construction qui engage l'homme du côté d'une domestication du temps qui correspond strictement à une prise de conscience de lui-même dans le temps.

Le temps forme de mon pouvoir :

L'homme du temps est aussi celui des projets. Rien ne peut s'accomplir sans une volonté consciente d'elle même, la conscience du temps est aussi la possibilité d'un travail sur le temps et soi-même. Pour Bergson le temps de la conscience est celui de la durée, de l'épaisseur même du plaisir ou de l'ennui, du désir où de la peur. Le temps est alors le témoin de ma perception, 1 heure d'ennui où 1 heure de plaisir n'ont pas la même durée, l'un est infini l'autre passe comme un instant.

Le temps forme de mon malheur

Le temps est aussi celui des malheurs, de ce qui s'arrache à moi : c'est le temps qui passe et jamais ne revient, c'est le moment de plaisir qui fugace est déjà souvenir et regret, la mélancolie est son contenu.

1 -  Le temps possède une forme, il est l'espace de notre action, le lieu de notre existence.

Il faudra développer ici l'idée d'une liaison entre le temps et la liberté. Le fait d'être "jeté au temps" impliquant que seule notre action est la marque de notre présence et de notre volonté.

2 - L'impuissance de l'homme n'est telle que par rapport au fantasme d'une puissance possible sur les choses, les êtres, la nature.

Le cadre de ce qu'est l'impuissance demeure à définir, par rapport à quoi et à qui ? Est-ce dire que seul le temps empêche notre hégémonie ? Le lieu de l'impuissance peut-être en dehors de ce tissu, dans l'abime des passions, des désirs, des frustrations... Le temps n'est plus alors que le témoin de d'une débâcle qui prend comme dimension le pan de l'existence elle-même.

3 - Le temps est informe, il est une production de notre conscience, le réceptacle d'une pensée qui se prend elle-même pour mesure.

Le temps n'existe pas en dehors d'une conscience qui le pense, peut le réfléchir et le qualifier.

dimanche 27 octobre 2013

corrigé texte de Bergson - Le Rire, III.


Texte de Bergson

Le texte de Bergson traite de la question du langage comme d'un filtre qui permet d'accéder au genre sans atteindre le particulier ou l'intime. En fait le langage cache la réalité existentielle de l'objet au profit de sa seule construction sociale. 

La fonction du mot étant de supprimer ce qui encombrerait la vision sociale que nous avons de l'objet, nous devons ne retenir que ce qui touche la partie commune de l'objet. La forme de l'objet est altérée par le langage mais plus en amont par le besoin lui même. Ce que nous nommons besoin étant précisément le fait de devoir accéder très rapidement à la surface de l'objet, de pouvoir communiquer et de nous entendre sur lui.

Le texte se construit en 3 parties :

Le premier moment pose que le rapport à l'objet est impossible à cause du langage
Le second pose que cette altération va jusqu'au sentiment lui même que l'on ne peut vérifier, l'intime étant le mouvant, le multiple alors que la communication suppose le simple, l'unique. C'est notre intimité même qui nous échappe ici
Troisième temps : Bergson propose une voie de sortie par l'art, devenir poète ou romancier c'est en un sens alors réhabiliter le langage. Une voix qui n'est pas celle de l'unité mais qui suppose tout de même la langue comme porteuse d'un monde.

Texte intéressant car d'ordinaire Bergson oppose le genre au particulier en posant que seule l'intimité prime. Il écrit ici la même chose avec cette nuance que l'intime lui même se dérobe et finalement nous échappe. Le dernier temps réhabilitant une langue capable d'apporter par les images une diversité qui autrement resterait pour nous inconnue.

Le texte met donc en avant une position particulière de l'objet qui est toujours au delà de la perception que nous en avons, il y a même une ébauche psychologique dans le fait que nous sommes pour nous même un inconnu - du moins que nos perceptions ne permettent pas d'approcher de la vérité de notre propre perception.

samedi 5 octobre 2013

Le langage ne fait-il que rassembler les hommes ? corrigé de la dissertation


Ce corrigé est construit à partir des éléments du cours.

Vous devez observer la mécanique du devoir en isolant les 3 parties. Elles doivent se répondre et permettre de modifier sans cesse l'énoncé initial pour en rendre compte. Il ne faut pas seulement répondre à la question mais montrer en quoi elle est mal posée, que pour y répondre il faut justement jouer sur les sens des termes et sur le présupposé que cette question contient nécessairement.


Le langage rassemble les hommes puisqu'il permet le partage des mots et ainsi rend commun ce qui autrement resterait prisonnier d'une singularité qui s'ignorerait même comme telle. Le commencement de l'humanité est celui du langage, l'homme advient en même temps qu'une parole qui fonde sa socialité. Le rassemblement est l'effet de la parole, d'une communication qui permet l'échange, de véhiculer des idées et des sentiments en commun. Tour de Babel qui permet d'énoncer les choses et les êtres et ainsi construire un vivre ensemble. Mais ce qui rassemble est aussi ce qui sépare. La tour de Babel vient transformer le langage en langages, chaque société invente des symboles qui permettent d'avoir même monde, même nature, même identité. L'autre devient alors celui qui pense et vie autrement, l'étrange, l'étranger, l'ennemi. Et le langage devient alors ce qui vient trancher entre les hommes, ce qui transforme le mot en poignard. L'intitulé suppose une utilité du langage, un faire, mais plus loin que cela le langage n'est pas qu'un instrument, forme passive de ma volonté, mais son siège même. La langue est un prisme par lequel je peux juger des choses et des êtres, lieu de la médiation mais aussi du jugement et de l'arrêt. Chaque mot est un monde, un système qui porte avec lui ce que les hommes ambitionnent pour eux et ce qu'ils refusent ailleurs. Les mots sont alors l'image prodigieuse de notre vie, ils fabriquent en même temps que du commun le lointain. La pâte des mots est celle de la pensée, ils transportent la paix et la guerre dans le même mouvement - donnez moi un mot et sous lui le monde s'écroulera - Victor Hugo le voit entraîner avec lui pavois et glaives. Notre chair n'est pas seulement corps car elle est habitée par le mot, c'est le langage qui est esprit. Et tout notre corps par lui devient signe, adresse aux autres et au monde. Il peut être caresse, diplomatie ou harangue et crime.

Le langage ne fait-il que rassembler les hommes ?

1    Le langage rassemble les hommes, il est le ciment qui permet la civilisation.

A /  Il n'existe pas d'humanité prélinguistique, en même temps que l'homme vient le langage : "l'homme est un être doué de parole" pose Aristote et parallèlement il est "un animal politique". La capacité de dire anime l'art politique. Pouvoir résoudre un conflit par la parole et non plus par la violence physique voici la première fonction du langage.
B /  La seconde fonction serait la communication. Pouvoir atteindre un but, un résultat, être capable de construire une relation causale. La civilisation commence au partage, à la construction d'une symbolique commune - même vision du monde, même langage.
C /  Mais alors le langage est aussi ce qui amène la discorde, la mésentente, le malentendu... Chaque culture promeut sa vision du monde comme la seule juste et entend les autres comme étrangères, étranges. Le barbare était pour les grecs celui qui venait d'une autre culture, sa parole était comparée à l'inarticulation du chant de l'oiseau. De même les infralangues viennent subdiviser  au coeur même de la population et des générations.

2    Le langage est un lien que partage tous les hommes, la chaîne dont nous nul ne peut se défaire.

A / La langue est un système ou chaque terme prend sens dans un rapport avec les autres, la langue impose et prescrit : grammaire, syntaxe, vocabulaire... L'individu puise sa langue dans une construction qui existe avant lui et sans lui.
B /  Le système de langue est coercitif : dans une langue idéogrammatique le langage est le réel. La langue traduit la Nature extérieure en signes. Le langage est alors une traduction d'un système externe qui impose les signes et s'impose.
C /  Pourtant si la langue dit le commun elle ne peut atteindre l'intime, elle échoue devant l'intériorité. Elle permet l'échange du général, de l'universel sans pouvoir dire le coeur = il faut donc détricoter la parole pour atteindre quelque chose qui ne soit pas une définition mais un sentiment. La poésie en ce sens est une tentative pour approcher du sens de l'intime.

3    Le langage sépare les hommes et en cela permet l'union. 

A / Le langage est le lieu paradoxal de la coupure des cultures et, grâce à cela, d'un enrichissement par un autre qui vient proposer une façon différente d'interpréter le monde.
B /  Le réel n'est pas en dehors de la langue il est la fabrique du monde par la langue. Nous bâtissons un univers qui ressemble aux signes dont nous disposons. La pensée est faite d'images acoustiques qui disent le monde en l'inventant
C /  C'est la barrière des langues qui produit justement l'échange et introduit la connaissance d'autrui. Comme deux trains qui se croisent et ne laissent qu'une trainée de lumière lors du croisement. Pourtant s'ils allaient dans la même direction à la même vitesse les passagers pourraient se saluer d'une voie à l'autre. Les cultures parentes se rassemblent et se ressemblent, les cultures éloignées semblent en dehors de l'histoire alors qu'elles sont une clé pour comprendre ce que nous ignorons de nous-mêmes.



jeudi 3 octobre 2013

Préparation du sujet / Le temps est-il la forme de mon impuissance ?

Le temps est-il la forme de mon impuissance ?


présentation

Le temps serait mon pire ennemi puisqu'il englouti ma vie sans retour possible. Je suis dans un éternel présent où les choses disparaissent déjà alors que le futur est encore incertain. Sur cette photographie les 2 tours de New York sont présentes, les gens dedans travaillent et vivent... aujourd'hui, après le 11 septembre ces tours n'existent plus, elles se sont écroulés sous les bombes et ont englouti en même temps que la vie une partie du rêve américain. Le temps est ce monstre qui absorbe les choses, qui place la nostalgie au coeur de nos vies, les regrets et l'inachèvement. Faut-il poser que le temps prend la forme de mon impuissance ? Qu'il est seulement ce par quoi je me connais promis à la mort ? La première des transformations serait dans ce glissement du temps dans l'idée de forme, qu'est-ce qu'une forme sinon une enveloppe, un habit, un espace ? Mais n'est-ce pas dans cette transformation du temps en espace, dans cette parure qui lui est faite et qui implique que nous puissions enfin le saisir, le voir, que nous pouvons trouver une source non d'impuissance mais de puissance. Être capable de comprendre le temps dans une ligne, dans un point, en faire seulement une mécanique rythmée par notre activité. L'horloge est la marque d'une puissance et d'un projet : celui d'une humanité qui se dirige vers les techniques et la maîtrise de la nature extérieure. Celle intérieure demeurant plus incertaine, les angoisses, les peurs, les désirs, les passions demeurent dans le temps ce qui me permet de me saisir comme proprement humain en même temps qu'animal. Le projet de maitrise du temps se heurte parfois à ce monstre qui est caché en nous et qui nous dévore : l'envie. Le remord, la nostalgie, le repentir sont autant de formes de mon impuissance, tous sont liés à la mémoire qui est la seule ancre me permettant de rapporter mes propres changements à celui que je suis, l'identité provient de cette ombre qu'est la mémoire. Toujours oubli en même temps que rappel. Car le temps est aussi une promesse, un serment qui est fait, qui peut-être parfois trahi, mais qui implique un pari sur le temps... un devenir auquel je participerai. Le temps est informe, impalpable, il est lié d'une manière indéfectible à la liberté, au fait que je jette par mon action un acte qui est sans exemple. Qui me représente et qui me fait éprouver une liberté qui tient à la fragilité même de mon existence. Les égyptiens pensaient un passeur sur les eaux du Styx, infatigable rameur qui relie les 2 rives de la vie et de la mort. Ils se trompaient car il n'existe qu'un bord, celui d'une vie pleine déjà de la mort, et qui la repousse sans cesse par l'amour, par la liberté, par le courage. 






dimanche 15 septembre 2013

Dissertation temps / langage

S1    T-L : Le temps est-il la forme de mon impuissance ?
S2    T-ES : Le langage ne fait-il que rassembler les hommes ? 
                                    




Conseils et biblio :



Pour le 1er sujet il s'agit de déterminer si le temps est l'obstacle principal à ma liberté. Alors que j'ai un pouvoir sur les choses, que je peux aussi agir sur autrui, je suis démuni face au temps qui inexorablement passe. Il faudra dans le sujet prendre garde à l'expression "la forme de". N'est-ce pas justement cette mise en "forme" du temps qui crée ce sentiment d'impuissance? La forme appartient au champ de la physique qui est celui justement de la puissance mais n'est-ce pas le "pliage" du temps sur la physique qui provoque un sentiment de désarroi - il existe un temps mathématique qui permet le calcul, la prévision, le retour : face à l'inexorable pourtant il s'efface, devant la mort mais aussi devant l'empire des sentiments et des passions.  Ce sont ces pistes qu'il faut d'abord explorer.

Biblio :

Bergson,  Essai sur les données immédiates de la conscience
Sartre, L'Être et le Néant
Pascal, Les pensées
Saint-Augustin, Les confessions
Kant, Critique de la raison pure, Esthétique transcendantale, § 1 à 6
Husserl, Méditations cartésiennes
Heidegger, Être et temps
Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception


Sujet 2

Il s'agit de comprendre le rôle joué par le langage dans la construction de la société. Est-il essentiellement facteur d'union entre les hommes ou au contraire engage t'il une division et une rupture? Est-il union autour d'une langue, et dans ce cas n'entraîne t'il pas l'incompréhension envers les autres langues et hommes? Le langage construit-il un sentiment d'appartenance à un groupe qui conduit paradoxalement à la discorde et à la désunion entre les hommes ? Le langage d'outil de communication peut-il se transformer en instrument de guerre? Quel est le poids des mots, peuvent-ils associer les hommes et à la fois les diviser ? Ex. de la tour de Babel qui devient le symbole d'une prolifération des langues pour briser la volonté de puissance des hommes : Dieu donne aux hommes les langues d'abord pour empêcher qu'ils ne s'associent et se rassemblent et ainsi menace son règne. 

Biblio :

Austin, Quand dire c'est faire.
Michel Foucault, Les mots et les choses
BenvénisteProblèmes de linguistique généraleBourdieu PierreLangage et pouvoir symbolique Ce que parler veut dire
CassirerEssai sur l'homme   et     Cassirer, La Philosophie des formes symboliques, Tome 1 : Le langage, Editions de Minuit.
Chomsky, Le langage et la pensée, Petite Bibliothèque Payot.
Jakobson, Essais de linguistique générale, 
Merleau-Ponty, Signes
MontaigneEssais
PlatonCratyle
RousseauEssai sur l'origine des languesSaussure, Cours de linguistique générale


Il s'agit d'un premier devoir où la connaissance technique du devoir n'est pas encore requise, il faut cependant prendre soin de traiter la question posée en lui donnant toute l'importance possible. Les termes supposent une analyse et il faut modifier l'angle de traitement en jouant sur les sens de la question et ses renversements. 

Vous trouverez par ailleurs une autre dissertation sur le temps et l'existence dans les archives du blog

vendredi 28 juin 2013

Epicure, Lettre à Ménécée - préparation de l'oral



Epicure, Lettre à Ménécée

Epicure est né en 341 av. J-C. Le monde qu’il découvre est en ruine car Athènes a perdu en 338 av. J-C, la bataille de Chéronnée, contre les Perses et du même coup, son indépendance. De plus, Epicure vient de l’île de Samos qui n’est pas considérée comme faisant véritablement partie de la Grèce. De plus, la famille d’Epicure est très pauvre. C’est pourquoi, la philosophie d’Epicure ne s’intéresse pas à la politique, c’est-à-dire au bonheur collectif mais au bonheur individuel. Toute son œuvre (œuvre de toute sa vie), répond à une seule question : comment faire pour être heureux ? La philosophie n’est donc pas pour lui la recherche de la vérité (comme Socrate), ou du pouvoir (comme les sophistes) mais uniquement le moyen d’être heureux.

1er paragraphe [122]

Dans le début de la Lettre à Ménécée, Epicure s’oppose aux sophistes et à Socrate, pour qui la philosophie est destinée à une période spécifique de la vie :
-La jeunesse pour les Sophistes
-L’âge mûr pour Socrate
Cette distinction s’explique par le but que l’on assigne à la philosophie :
-la gymnastique de l’esprit pour les sophistes
-la recherche de la vérité pour Socrate
Pour Epicure en revanche, le but de la philosophie est d’aider les hommes à être heureux et donc elle est destinée à tout âge de la vie puisque l’homme cherche toujours le bonheur. Elle va agir de deux manières différentes pour procurer le bonheur ; d’une part aux vieillards et d’autre part aux jeunes. Ce qui peut attrister les vieux, c’est que leur état physique les empêche d’obtenir les plaisirs qui étaient les leurs auparavant. Mais la philosophie leur apprend à pratiquer la remémorisation, c'est-à-dire à revivre le plus précisément possible les moments heureux de leur vie ; il ne s’agit pas de se souvenir et de souffrir du passé perdu, mais bien de revivre dans le présent ce bonheur. Ainsi, les vieux restent jeunes parce que le plaisir continue à faire parti de leur existence. Pour les jeunes, il y a quatre choses qui les empêchent d’être heureux :
-la peur de la mort
-la peur des dieux
-la peur de la souffrance
-l’incapacité de faire la différence entre les désirs naturels et les désirs vains
La philosophie va donc proposer un quadruple remède (tetrapharmakon) à ces maux. Il va commencer par récuser (prouver que ce n’est pas fondé) la peur des dieux
.
2ème paragraphe [123]

Le premier élément du quadruple remède est la lutte contre la peur des Dieux. Nourris de récits mythologiques, les contemporains d’Epicure vivent dans la peur que les dieux interviennent dans leur vie et leur volent les choses auxquelles ils tiennent. Epicure va opposer à cette crainte une conception des dieux rationnelle. Comme toujours, il va partir d’une conception commune : les dieux sont perçus comme immortels et bienheureux. Par la mesure où ils sont immortels, ils ont l’éternité devant eux, ils ne vivent pas dans la même temporalité que les êtres humains et ils ne vont pas intervenir dans leurs petites vies brèves et insignifiantes. L’immortalité les délivrent aussi de la peur de la mort et donc du besoin de se divertir pour ne pas y penser. Les dieux sont également autosuffisants, c'est-à-dire bienheureux, sans manque, sans crainte, sans désir. Un être bienheureux n’a aucune raison d’aller voir ailleurs, il se suffit à lui-même. Epicure s’oppose donc radicalement à la conception vulgaire que véhiculent les récits mythologiques. Ceux-ci donnent des Dieux une image impie (hérétiques) en faisant des dieux des hommes plus puissants mais jaloux, bagarreurs, vengeurs, pervers,… comme les hommes.
 Epicure limite donc considérablement les interactions possibles entre les dieux et les hommes. Ils n’ont pas de préoccupation commune, ils ne vivent pas dans le même temps, et ni dans le même espace. Les hommes vivent dans un monde clos avec différents planètes au sein duquel le nombre d’atomes ne change jamais. Il existe d’autres mondes clos, dont on ne sait rien. Les dieux vivent entre ces mondes, à l’extérieur d’eux, dans les espaces inter mondains. On voit donc à quel point Epicure ne garde des dieux, une idée rassurant ou du moins non inquiétante largement vidé de contenu ; il ne formule pas d’hypothèses que les dieux pourraient ne pas exister car elles déstabiliseraient ses contemporains. Il en fait des modèles à imiter et la dernière phrase de la Lettre à Ménécée est : « tu vivras comme un dieu parmi les hommes »

3ème paragraphe [124]

Epicure s’attaque maintenant à la peur essentielle qui hante les hommes ; la peur de la mort. Son argumentation repose sur sa conception atomiste de la sensation. Nous ressentons du plaisir ou de la douleur parce que nos atomes se touchent entre eux et nous transmette cette information. Quand nous mourons, nos atomes se séparent et instantanément, plus aucune sensation n’est possible. Or dans la conception sensualiste d’Epicure, seul ce que nous sentons existe. Donc, en l’absence de sensation, rien n’existe et donc la mort n’est rien pour nous. Epicure répond ensuite à différentes conceptions erronées de la vie et de la mort :
-Il répond à ceux qui disent « la mort n’est pas douloureuse, mais son attente l’est ». Cette position est stupide ; pourquoi l’attente de quelque chose qui ne fera pas souffrir devrait-elle faire souffrir ?
-Fuir la mort comme le pire des maux : la mort n’est pas un mal, pas une souffrance ; la mort n’est rien pour nous.
-Désiré la mort comme la fin des maux de la vie : c’est en parti la conception de Socrate. Au contraire, pour Epicure, seul la vie existe pour nous ; nous pouvons la rendre agréable et souhaiter qu’elle s’arrête, c’est souhaiter avoir moins de plaisir.
Il montre de la colère à l’égard de ceux qui disent qu’ils attendent la mort avec impatience ; si c’est le cas, pourquoi ne se suicident-ils pas ?
Pour finir, il compare la vie à un repas : ce qui importe, ce n’est pas la longueur du repas et la quantité de nourritures, mais la qualité et le plaisir  de celui-ci.

Transition : Apres avoir montré que la peur de la mort n’a aucun fondement, Epicure devrait s’attaque à la troisième peur qui nous empêche d’être heureux : la peur de la souffrance. Cette peur est beaucoup moins importante pour les contemporains d’Epicure que pour nous. En effet, à son époque, les hommes étaient habitués a souffrir sans pouvoir être soulagé. Ceux qui survivaient à la maladie étaient très résistants à la douleur. De plus, l’absence de médicaments abrégeait la durée des maladies, soit on guérissait tout seul rapidement, soit on mourrait tout aussi rapidement. Enfin, la philosophie d’Epicure fournit une arme contre la souffrance, la même que contre la vieillesse. La remémoration des moments heureux de notre existence permet de vivre des choses joyeuses quel que soit notre âge et notre état de santé. Epicure a répondu a la peur de la souffrance dans d’autres textes (Lettre a Pythoclès), il va maintenant s’attaquer au quatrième élément du quadruple remède : la distinction entre les désirs naturels et les désirs vains.


Dans ce paragraphe, Epicure va établir une classification des désirs. Celle-ci répond aux besoins de distinguer les désirs susceptibles de nous procurer du bonheur de ceux qui ne nous apportent que de la souffrance. Il est très important de comprendre que le jugement d’Epicure n’est pas moralisateur : aucun désir n’est mauvais en lui-même, ce qui est important, c’est sa capacité à nous donné du bonheur en nous. Les désirs vains sont des désirs contraires aux lois de la nature et donc impossible à réaliser comme le désir de l’immortalité ou de ne pas vieillir. Ils ne peuvent donc nous procurer que de la souffrance et c’est pourquoi il faut les éviter et si possible les déraciner. Au contraire, les désirs naturels suivent le cours de la nature et sont donc faciles à satisfaire car pour Epicure, la nature est bonne. Outre la satisfaction des besoins vitaux, le plaisir peut-être obtenu par une nourriture plus varié ou par la pratique de l’amitié et de la philosophie. A ses désirs nécessaires s’ajoutent des désirs naturels qui varient selon les individus (sport ou art). Avant d’agir, il faut se demander si le résultat de notre action nous procurera plus de bonheur ou plus de souffrance. La philosophie des plaisirs d’Epicure repose donc sur une économie des plaisirs dur un balance risques/bénéfices : même si le vin est agréable, il vaut mieux s’abstenir d’en consommer avec excès car les conséquences négatives seront supérieures au plaisir ressenti, de la même façon, il vaut mieux s’habituer à manger des choses simples et profiter exceptionnellement d’un bon repas afin de ne pas souffrir de l’absence de quelque chose de difficile à obtenir. Le plaisir est donc le principe et le but de la vie heureuse et la boussole qu’il doit nous guider avant toute action. Pour autant, tout plaisir n’est pas un bien et toute souffrance n’est pas un mal. Par exemple, la pratique sportive, nécessite l’acceptation d’une certaine souffrance pour obtenir un vif plaisir. Il ne faut donc pas poursuivre n’importe quel plaisir ou fuir n’importe quelle souffrance mais bien analyser les avantages et désavantages de chaque chose.

Ainsi, Epicure a conclu sa présentation du quadruple remède, en ne présentant que trois remèdes. Son lecteur est désormais capable de vivre sans trouble physique ou morale ; Epicure appelle ça l’ataraxie. A partir de ce moment, il va pouvoir proposer des ajouts à cette absence de troubles. Dans le deuxième parte du texte, il va expliquer comment procéder pour ne pas perdre cette tranquillité et obtenir des satisfactions variées. Contrairement à la réputation qui lui est faite, Epicure ne prône pas la débauche mais au contraire l’autosuffisance et la prudence. L’accusation d’ivrognerie et de gloutonnerie portée par les contemporains d’Epicure mais aussi par les philosophes des siècles qui suivront vient sans doute du fait qu’il est un philosophe matérialiste et hédoniste ce qui scandalise la tradition idéaliste dominante dans l’Europe occidentale (idéalistes : Kant, Platon, Descartes,…)
Epicure revient sur son éloge de la frugalité. Il ne faut pas le confondre avec la valorisation socratique ou religieuse qui consiste à mortifier le corps par mépris de celui-ci. La frugalité d’Epicure permet le bonheur du corps en lui procurant la satisfaction régulière et facile de ses besoins, sans le soumettre aux inquiétudes liées au changement de fortune. Il faut accepter le bon repas occasionnel et non pas si accoutumer d’autant plus qu’une nourriture légère permet et favorise notre dynamisme et notre santé.

Dans le paragraphe suivant, il répond clairement à l’accusation de débauche en montrant que la vie selon le plaisir est liée à la prudence et non à l’excès. Il explique clairement qu’il ne recommande pas l’excès d’alcool, de nourriture ou de sexe qui finissent par avoir l’effet inverse de ce qui est recherché : de la souffrance et non du plaisir, et conduire à la souffrance et au trouble de l’esprit. Comme Aristote, Epicure affirme que la prudence est le plus grand des biens. C’est grâce à elle, que nous gouvernons notre vie de façon agréable.

A partir du cours d'un élève