Philosophie

Mise à disposition d'un matériel permettant de travailler les cours de philosophie.

dimanche 27 octobre 2013

corrigé texte de Bergson - Le Rire, III.


Texte de Bergson

Le texte de Bergson traite de la question du langage comme d'un filtre qui permet d'accéder au genre sans atteindre le particulier ou l'intime. En fait le langage cache la réalité existentielle de l'objet au profit de sa seule construction sociale. 

La fonction du mot étant de supprimer ce qui encombrerait la vision sociale que nous avons de l'objet, nous devons ne retenir que ce qui touche la partie commune de l'objet. La forme de l'objet est altérée par le langage mais plus en amont par le besoin lui même. Ce que nous nommons besoin étant précisément le fait de devoir accéder très rapidement à la surface de l'objet, de pouvoir communiquer et de nous entendre sur lui.

Le texte se construit en 3 parties :

Le premier moment pose que le rapport à l'objet est impossible à cause du langage
Le second pose que cette altération va jusqu'au sentiment lui même que l'on ne peut vérifier, l'intime étant le mouvant, le multiple alors que la communication suppose le simple, l'unique. C'est notre intimité même qui nous échappe ici
Troisième temps : Bergson propose une voie de sortie par l'art, devenir poète ou romancier c'est en un sens alors réhabiliter le langage. Une voix qui n'est pas celle de l'unité mais qui suppose tout de même la langue comme porteuse d'un monde.

Texte intéressant car d'ordinaire Bergson oppose le genre au particulier en posant que seule l'intimité prime. Il écrit ici la même chose avec cette nuance que l'intime lui même se dérobe et finalement nous échappe. Le dernier temps réhabilitant une langue capable d'apporter par les images une diversité qui autrement resterait pour nous inconnue.

Le texte met donc en avant une position particulière de l'objet qui est toujours au delà de la perception que nous en avons, il y a même une ébauche psychologique dans le fait que nous sommes pour nous même un inconnu - du moins que nos perceptions ne permettent pas d'approcher de la vérité de notre propre perception.

samedi 5 octobre 2013

Le langage ne fait-il que rassembler les hommes ? corrigé de la dissertation


Ce corrigé est construit à partir des éléments du cours.

Vous devez observer la mécanique du devoir en isolant les 3 parties. Elles doivent se répondre et permettre de modifier sans cesse l'énoncé initial pour en rendre compte. Il ne faut pas seulement répondre à la question mais montrer en quoi elle est mal posée, que pour y répondre il faut justement jouer sur les sens des termes et sur le présupposé que cette question contient nécessairement.


Le langage rassemble les hommes puisqu'il permet le partage des mots et ainsi rend commun ce qui autrement resterait prisonnier d'une singularité qui s'ignorerait même comme telle. Le commencement de l'humanité est celui du langage, l'homme advient en même temps qu'une parole qui fonde sa socialité. Le rassemblement est l'effet de la parole, d'une communication qui permet l'échange, de véhiculer des idées et des sentiments en commun. Tour de Babel qui permet d'énoncer les choses et les êtres et ainsi construire un vivre ensemble. Mais ce qui rassemble est aussi ce qui sépare. La tour de Babel vient transformer le langage en langages, chaque société invente des symboles qui permettent d'avoir même monde, même nature, même identité. L'autre devient alors celui qui pense et vie autrement, l'étrange, l'étranger, l'ennemi. Et le langage devient alors ce qui vient trancher entre les hommes, ce qui transforme le mot en poignard. L'intitulé suppose une utilité du langage, un faire, mais plus loin que cela le langage n'est pas qu'un instrument, forme passive de ma volonté, mais son siège même. La langue est un prisme par lequel je peux juger des choses et des êtres, lieu de la médiation mais aussi du jugement et de l'arrêt. Chaque mot est un monde, un système qui porte avec lui ce que les hommes ambitionnent pour eux et ce qu'ils refusent ailleurs. Les mots sont alors l'image prodigieuse de notre vie, ils fabriquent en même temps que du commun le lointain. La pâte des mots est celle de la pensée, ils transportent la paix et la guerre dans le même mouvement - donnez moi un mot et sous lui le monde s'écroulera - Victor Hugo le voit entraîner avec lui pavois et glaives. Notre chair n'est pas seulement corps car elle est habitée par le mot, c'est le langage qui est esprit. Et tout notre corps par lui devient signe, adresse aux autres et au monde. Il peut être caresse, diplomatie ou harangue et crime.

Le langage ne fait-il que rassembler les hommes ?

1    Le langage rassemble les hommes, il est le ciment qui permet la civilisation.

A /  Il n'existe pas d'humanité prélinguistique, en même temps que l'homme vient le langage : "l'homme est un être doué de parole" pose Aristote et parallèlement il est "un animal politique". La capacité de dire anime l'art politique. Pouvoir résoudre un conflit par la parole et non plus par la violence physique voici la première fonction du langage.
B /  La seconde fonction serait la communication. Pouvoir atteindre un but, un résultat, être capable de construire une relation causale. La civilisation commence au partage, à la construction d'une symbolique commune - même vision du monde, même langage.
C /  Mais alors le langage est aussi ce qui amène la discorde, la mésentente, le malentendu... Chaque culture promeut sa vision du monde comme la seule juste et entend les autres comme étrangères, étranges. Le barbare était pour les grecs celui qui venait d'une autre culture, sa parole était comparée à l'inarticulation du chant de l'oiseau. De même les infralangues viennent subdiviser  au coeur même de la population et des générations.

2    Le langage est un lien que partage tous les hommes, la chaîne dont nous nul ne peut se défaire.

A / La langue est un système ou chaque terme prend sens dans un rapport avec les autres, la langue impose et prescrit : grammaire, syntaxe, vocabulaire... L'individu puise sa langue dans une construction qui existe avant lui et sans lui.
B /  Le système de langue est coercitif : dans une langue idéogrammatique le langage est le réel. La langue traduit la Nature extérieure en signes. Le langage est alors une traduction d'un système externe qui impose les signes et s'impose.
C /  Pourtant si la langue dit le commun elle ne peut atteindre l'intime, elle échoue devant l'intériorité. Elle permet l'échange du général, de l'universel sans pouvoir dire le coeur = il faut donc détricoter la parole pour atteindre quelque chose qui ne soit pas une définition mais un sentiment. La poésie en ce sens est une tentative pour approcher du sens de l'intime.

3    Le langage sépare les hommes et en cela permet l'union. 

A / Le langage est le lieu paradoxal de la coupure des cultures et, grâce à cela, d'un enrichissement par un autre qui vient proposer une façon différente d'interpréter le monde.
B /  Le réel n'est pas en dehors de la langue il est la fabrique du monde par la langue. Nous bâtissons un univers qui ressemble aux signes dont nous disposons. La pensée est faite d'images acoustiques qui disent le monde en l'inventant
C /  C'est la barrière des langues qui produit justement l'échange et introduit la connaissance d'autrui. Comme deux trains qui se croisent et ne laissent qu'une trainée de lumière lors du croisement. Pourtant s'ils allaient dans la même direction à la même vitesse les passagers pourraient se saluer d'une voie à l'autre. Les cultures parentes se rassemblent et se ressemblent, les cultures éloignées semblent en dehors de l'histoire alors qu'elles sont une clé pour comprendre ce que nous ignorons de nous-mêmes.



jeudi 3 octobre 2013

Préparation du sujet / Le temps est-il la forme de mon impuissance ?

Le temps est-il la forme de mon impuissance ?


présentation

Le temps serait mon pire ennemi puisqu'il englouti ma vie sans retour possible. Je suis dans un éternel présent où les choses disparaissent déjà alors que le futur est encore incertain. Sur cette photographie les 2 tours de New York sont présentes, les gens dedans travaillent et vivent... aujourd'hui, après le 11 septembre ces tours n'existent plus, elles se sont écroulés sous les bombes et ont englouti en même temps que la vie une partie du rêve américain. Le temps est ce monstre qui absorbe les choses, qui place la nostalgie au coeur de nos vies, les regrets et l'inachèvement. Faut-il poser que le temps prend la forme de mon impuissance ? Qu'il est seulement ce par quoi je me connais promis à la mort ? La première des transformations serait dans ce glissement du temps dans l'idée de forme, qu'est-ce qu'une forme sinon une enveloppe, un habit, un espace ? Mais n'est-ce pas dans cette transformation du temps en espace, dans cette parure qui lui est faite et qui implique que nous puissions enfin le saisir, le voir, que nous pouvons trouver une source non d'impuissance mais de puissance. Être capable de comprendre le temps dans une ligne, dans un point, en faire seulement une mécanique rythmée par notre activité. L'horloge est la marque d'une puissance et d'un projet : celui d'une humanité qui se dirige vers les techniques et la maîtrise de la nature extérieure. Celle intérieure demeurant plus incertaine, les angoisses, les peurs, les désirs, les passions demeurent dans le temps ce qui me permet de me saisir comme proprement humain en même temps qu'animal. Le projet de maitrise du temps se heurte parfois à ce monstre qui est caché en nous et qui nous dévore : l'envie. Le remord, la nostalgie, le repentir sont autant de formes de mon impuissance, tous sont liés à la mémoire qui est la seule ancre me permettant de rapporter mes propres changements à celui que je suis, l'identité provient de cette ombre qu'est la mémoire. Toujours oubli en même temps que rappel. Car le temps est aussi une promesse, un serment qui est fait, qui peut-être parfois trahi, mais qui implique un pari sur le temps... un devenir auquel je participerai. Le temps est informe, impalpable, il est lié d'une manière indéfectible à la liberté, au fait que je jette par mon action un acte qui est sans exemple. Qui me représente et qui me fait éprouver une liberté qui tient à la fragilité même de mon existence. Les égyptiens pensaient un passeur sur les eaux du Styx, infatigable rameur qui relie les 2 rives de la vie et de la mort. Ils se trompaient car il n'existe qu'un bord, celui d'une vie pleine déjà de la mort, et qui la repousse sans cesse par l'amour, par la liberté, par le courage.