Philosophie

Mise à disposition d'un matériel permettant de travailler les cours de philosophie.

mardi 15 avril 2014

Que peint le peintre ? Plan détaillé - 2/2



1 /    Le peintre peint ce qu'il voit - l'imitation

A - L'art est d'abord imitatif, le peintre peint pour le Prince, la nature, Dieu - la vérité de l'oeuvre est toujours à l'extérieur du peintre, le modèle est supérieure à l'oeuvre car il lui manquera toujours la mobilité, la puissance, la vie...
B - C'est ce que reproche Platon à l'art, nous éloigner d'autant de la vérité en imitant pas l'idée mais la représentation d'une idée, une chose. Ainsi celui qui peint le lit peint la représentation d'une représentation et se trouve ainsi écarté de deux niveaux de réalité de l'idée. La vérité n'est pas dans le sensible mais dans l'intelligible. le peintre est un faussaire qui empêche de voir le vrai tel qu'il est.
C - En imitant le monde, il imite ainsi une imitation d'imitation, il enferme l'homme dans le faux semblant du sensible. Le peintre est ici joué par des forces qui le dépasse, il devient la forme d'une volonté externe qui agit par lui. Le Beau est alors la forme de l'impuissance de l'artiste, il redonne à voir ce que nous connaissons déjà mais que nous ne voyons pas toujours.

2 /    Le peintre est peint par son génie - l'art comme dépassement

A - Le jugement de goût vient libérer l'artiste de son modèle : l'oeuvre d'art n'est pas belle par elle-même mais par une décision de la pensée. Ce n'est pas la nature qui produit le Beau mais la pensée qui détermine les formes et les styles. Le Beau s'il est un produit de la nature est un effet de la pensée, de l'intelligence qui se parle à elle-même en donnant à voir et en communiquant à autrui ce qu'elle est.
B - Le peintre peint le monde par l'intermédiaire de son regard, il donne à voir ce qu'il voit - pour cela il doit rendre universelle sa perception. Le plaisir que l'homme prend au spectacle du beau est lié à une satisfaction intellectuelle, un plaisir donc mais pas seulement sensible comme il peut l'être pour l'agréable.
C - Ce qui oeuvre en l'artiste serait alors le dépassement de la seule technique par ce que Kant nomme le génie, "le naturel dans l'art", ce qui donne forme aux choses. Comme le tournesol de Van Gogh qui n'est pas la trace d'un tournesol réel mais qui est l'archétype de tout tournesol. C'est lui qui vient informer les champs de ce qu'est un tournesol et non l'inverse. Le peintre est peint par son génie.

3 /    La perception de perception - le peintre peint le dialogue de sa perception avec les autres    consciences

A - l'art devient la forme de la culture, son avancée la plus grande. Van Gogh épuise le champ de la figuration en renvoyant les idées aux couleurs : il peint un rouge lie de vin pour accuser la mort qui est bout des assommoirs (cafés), "le café de nuit" permet de quitter toute figuration pour une création de formes ou l'artiste donne à voir ses humeurs par le simple usage des pigments.
B - Ainsi le peintre peut-il affranchir son art de toute représentation externe, il donne la vie par l'usage des couleurs, comme le bleu de Klein qui est une création de l'artiste et non de la nature. L'artiste est celui qui donne chair à ses émotions par le biais d'une oeuvre qui engage ceux qui la regarde.
C - le peintre ne peint pas, il n'est pas non plus peint : il est l'acte de peinture, un geste qui s'épuise dans la forme sans que nous puissions savoir exactement comment. Son savoir est technique mais aussi plus grand et plus mystérieux : il ne peut être totalement compris mais il prolonge infiniment notre existence par sa contemplation.


mercredi 9 avril 2014

Que peint le peintre ? - les données de la Q - 1/2


Que peint le peintre ?

Cette question pourrait sembler ridicule, bien sûr que le peintre peint ce qu'il voit, une rose, un portrait... le rapport du peintre à son modèle est bien celui de la vérité : être capable de rendre compte fidèlement d'un objet, lui donner chair et vie... mais n'est ce pas finalement faire la même chose que la nature, en moins bien ? Car il lui manquera toujours la vie, le mouvement, la chaleur... Alors nous pourrions imaginer que le peintre renonce à la nature pour représenter son intériorité, ce qui l'habite ? Ses sentiments, ses impressions, ses passions ? Plus encore le peintre ne peut-il quitter les représentations pour sa perception, peindre des couleurs pour dire les êtres et les choses, parler directement à ceux qui contemplent son oeuvre en décrivant ses états internes : ce que le spectateur contemple alors c'est une perception de perception. La question devient alors non ce qu'il peint mais ce que nous percevons de sa peinture ? Est-il maître de sa peinture, car le dernier pas pourrait être dans la remise en doute de la propriété du peintre sur sa propre oeuvre, en effet s'il ne sait pas comment il produit le Beau comment peut-il s'attribuer totalement la production d'une oeuvre qui le dépasse ?

Nous verrons dans un premier temps que ce que le peintre peint c'est le monde extérieur, la nature, Dieu, le Prince... cette peinture est celle d'une matière qui insuffle son génie à l'artiste. Mais peut-être que l'art du peintre tient dans sa capacité à s'émanciper de cette tutelle extérieure et de viser l'art pour l'art, le désintérêt devenant ce que le peintre doit représenter en quittant l'imitation pour l'inspiration. Finalement ce que peint le peintre ce n'est ni un modèle ni ses états d'âme mais notre propre regard que nous découvrons à travers une toile qui n'est plus qu'une porte ou une fenêtre vers un autre monde qui était en nous et à laquelle son oeuvre permet  d'accéder. Ce que peint le peintre c'est alors nous mêmes, peinture en miroir où se reflète sans cesse les regards.