Philosophie

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samedi 19 septembre 2015

Correction partie 2 – texte de Bergson




La conscience serait donc, et Bergson utilise le conditionnel pour avancer une idée si perturbante pour ses lecteurs, la marque de l’actuellement présent. Ici c’est la notion de durée que Bergson met en place : l’actuellement présent suppose ainsi une conscience tournée toute entièrement vers l’instant. Où plutôt, non vers l’instant, qui est une donnée mathématique sans épaisseur, mais vers le présent qui est la donnée spécifique de la conscience en tant que durée. La conscience se donne comme « un pont jeté entre le passé et le futur », elle est cette épaisseur qui vient unifier perceptions et mémoire afin d’agir. Il s’agit donc pour Bergson de faire comprendre que si le présent est équivalent à l’action – épaisseur de temps qui vient saisir les éléments afin d’atteindre un effet immédiat qui est le moment actuel – alors la conscience serait le nom donné à ce pic qu’est l’unification de l’action. Nous retrouvons ici la caractéristique de la conscience vigile telle que Descartes l’avait énoncé avec cependant cette modification d’importance : si la conscience est entièrement tournée vers l’action elle se détourne alors de ce qui n’est pas utile à elle. La « marque caractéristique » du présent telle est en fait la conscience. Elle est cette actuellement présent qui me fait sentir et penser pour agir, et ce qui n’est pas utile à cette fonction peut prendre alors le nom d’inconscient. Cette part d’ombre représente tout ce qui est en dessous de l’action, tout ce qui n’est pas utile, non agissant… La position de Bergson suppose alors une remise en cause, sinon en doute, de l’équation de Bergson qui est la transitivité de la conscience avec l’existence. La conscience n’est pas équivalente à l’existence mais à l’action prend soin d’affirmer Bergson qui « limite » ainsi la portée de la conscience. L’inconscient est possible car la conscience est un « état » qui se limite à la vigilance dans l’action, laissant ainsi la place à un inconscient qui pour sa part serait à la fois non-actuel et non-agissant. Une sorte de mémoire qui n’aurait pas pour finalité l’action ni l’efficacité immédiate mais plutôt une sorte de « récréation » ou le sujet se débarrasse de l’utile. La coupure entre présent et passé permet de mieux saisir la différence conscient – inconscient : ce qui n’agit pas peut exister en dehors de l’action, dans la marge du psychisme, il est le reste qui n’est pas nécessaire dans le mouvement de choix qu’opère la conscience. Descartes a donné à la conscience un contour qui excède son champ. En l’assimilant à l’existence plus aucune intermittence de la conscience n’était possible sans renoncer au statut même d’homme et de femme. Au contraire la position Bergsonienne permet de réunir ce qui semblait profondément fracturé : d’une part une conscience tournée vers l’agir et son autre face qu’est l’inconscient qui se détourne de l’action car inutile. Le processus de sélection de l’information étant directement lié au choix. Choisir c’est décidé, le vouloir est un pouvoir, celui d’orienter le sujet dans ses choix et donc d’éclairer sa volonté – la conscience est cette pointe qui vient permettre l’action. Ce même souci pédagogique l’anime encore lorsqu’il exprime qu’ainsi « nous aurons moins de peine » à concevoir l’inconscient. Comme si rassurer le lecteur devant l’audace de la démonstration était fondamental tant la « répugnance » à laquelle faisait référence l’auteur était si forte qu’elle empêcherait autrement la formulation d’une coexistence entre la conscience et l’inconscient. La force de la démonstration de Bergson visant à rendre impuissant cet inconscient pour son lecteur afin que sa pensée ne soit plus si dérangeante et ainsi la rendre possible et audible.