Philosophie

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mardi 29 mai 2018


L’Etat veut-il mon bien ?




L’Etat ne vise pas mon bien mais sa propre perpétuation : la tyrannie ne vise que son propre bien.

a-   le passage de l’Etat de Nature à la sté civile est ce moment où se fonde une société qui porte désormais l’idée d’un bien qui n’existait pas auparavant  
b-   ce passage est remarquable dit Rousseau mais trop souvent rabaisse l’h plus bas qu’il n’était dans l’Etat de nature car ce sont ses mauvaises passions qui prennent alors le dessus. L’Etat est d’abord un « monstre froid » = il sauvegarde ma vie en sacrifiant ma liberté. Il pousse les h à la cupidité et à l’amour propre. 
Les premiers gouvernements sont despotiques : seul le bien du souverain l’emporte sans le souci des individus qui constituent ses sujets. Il est d’abord égoïsme. 
c-    L’Etat est cette figure de Barbe bleue – il désigne la limite de la liberté et place ainsi « des fleurs sur mes chaines » : derrière l’amélioration de mes conditions de vie, les loisirs, se cache sa seule volonté de se perpétuer lui-même. (Bakounine – Marx). C’est la question de la liberté que pose l’Etat. 

Le premier rôle de l’Etat n’est pas mon bien être mais le bien commun. 

a-   l’Etat est d’abord le cadre d’un gouvernement qui a pour rôle de faire exister une société dans la sécurité. Cette assurance de rester en vie conduit à un pacte d’association qui est d’abord pacte de soumission (Hobbes - Rousseau). Mais lentement il y a glissement vers la volonté de fonder l’utilité : promouvoir l’éducation, la culture, la santé… tous les éléments qui forment ce que nous appelons l’Etat social ou providence. L’Etat est alors en charge des fonctions régaliennes : Justice, Trésor, Armée.
b-   Mais l’Etat devient alors le lieu d’exercice du pouvoir : en cela il se doit de gérer le bien de chaque citoyen. Nous pouvons prendre la métaphore organique du politique : (Hobbes) l’Etat a pour mission de protéger la société dans sa totalité au risque du sacrifice d’un organe malade qui mettrait en péril les organes vitaux. 
c-    Ainsi l’Etat peut faire le sacrifice d’un individu au profit du tout. Le gouvernement exemplaire du bien fut celui de Robespierre et de la terreur ou se confond la folie d’un h avec celle de l’Etat lui-même. Le gouvernement de la vertu détruit la personne au profit de l’individu, la morale individuelle au profit de la raison d’Etat. 

L’Etat en démocratie veut mon bien comme le bien de tous : il est la mesure du Bien.

a-   Mais connaissons-nous un régime capable de réaliser le bien individuel en même temps que le bien commun ? La démocratie même si elles est « trop sublime pour l’h » est seule capable de faire se confondre bien individuel et collectif. Elle est imparfaite mais elle est la tentative proprement humaine pour fonder les valeurs d’égalité et de solidarité. L’Etat en ce sens avec la démocratie invente une morale laïque capable de faire exister à la fois l’individu dans ses aspirations et ses désirs et le groupe à travers l’idée de Nation.
b-   La Nation incarne un territoire physique tandis que la patrie prend la forme d’un territoire affectif. L’Etat est la seule forme viable d’une morale incarnée dans des institutions qui fabriquent au quotidien ce qu’est le Bien. Le transfert du religieux vers le politique est le moment de création d’un bien laïque qui est en même temps singulier et universel. 

c-    L’Etat n’est jamais que la forme d’une société qui lui donne un visage. Nous sommes responsables des institutions et du bien qu’elles incarnent. Si l’individu ne veut pas d’abord son propre bien à travers la figure d’une liberté qui ne peut pas être négociée alors le pouvoir risque de perdre une volonté qu’il ne peut pas incarner seul : le tout est la somme de ses parties. C’est chacune de ces parties qu’il faut donc interroger : l’Etat ne peut vouloir que si nous voulons, on ne naît ni libres ni égaux nous nous voulons libre et égaux.