Rousseau, Du Contrat Social.
Introduction :
Le Contrat Social prend une place
particulière dans l’œuvre de Rousseau, il se fabrique à partir de l’échec de la
constitution d’un homme. Faire un homme c’est tout l’ouvrage de l’Emile ou de l’éducation à travers son
précepteur, parvenir à éduquer un homme dans le respect de la Nature, parvenir à faire un
homme délivrer de la corruption de cette société qui s’est inaugurée sur un
mauvais principe : celui de l’amour-propre, de l’égoïsme, chacun se mirant
dans le regard d’autrui pour se trouver : cette passion malheureuse porte
avec elle la jalousie et l’orgueil. Or le principe organisateur de la société
devrait être la pitié, la bonne passion est d’abord un amour de soi :
moment d’un bonheur simple que Rousseau tente de ranimer par le biais d’une ode
à une nature qu’il tente sans cesse d’approcher dans Les rêveries du
promeneur solitaire comme dans L’essai sur l’origine des langues ou
encore sous une forme plus «ethnologique » dans Le discours sur
l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes.
Dans tous les cas il y a un
rapport solitaire de l’homme avec la nature, il y aurait ainsi une forme de
contingence dans le passage à la société civile : c’est le besoin – cette
nécessité qui presse l’homme de s’allier aux autres hommes pour faire échec à
une double menace 1) il y a un avarice des produits de la nature qui menace
l’homme de mort 2) la prédation des animaux ne peut se trouver freinée que par
l’alliance des hommes. Dans les deux cas la technique accompagne le mouvement
d’unification des individus.
Cette simplicité du contact à la
nature on la trouve dans les rêveries, une promenade est l’occasion de
faire un avec les éléments, se promenant sur les hauteurs de Genève Rousseau
pose un rapport de fusion avec le lac. Cette cinquième promenade est le moment
de la reconnaissance d’une unité entre l’homme et la nature. Mais ce contact
est aussi une chimère, elle n’est pas même l’état passé de l’homme, elle est
son état rêvé. La nature nous préviens Rousseau est une chimère, un concept,
une idée qui possède une fonction régulatrice. Elle permet de poser un état non
corrompu qui engage un critique de la société présente.
Il faut un détraquement de
l’histoire de la nature pour que le rapprochement des hommes arrive, en effet
l’Etat de nature suppose l’isolement. Pour parvenir à satisfaire ses besoins
l’homme doit fuir ses semblables. Chacun se suffit à lui-même. Si les
circonstances contraignent le besoin à agir contre son essence, qui est la
séparation, alors la société naît mais elle est mauvaise. C’est l’histoire de
cette corruption que raconte Rousseau dans le second discours. La contrainte du
besoin inaugure une civilisation du malheur.
« Toutes les actions
rapprochent les hommes que la nécessité de chercher à vivre force à se fuir. Ce n’est ni la faim ni la
soif, mais l’amour, la haine, la pitié, la colère qui leur ont arraché les
premières voix », dans L’essai sur l’origine des langues Rousseau
dresse le portrait des passions comme créatrice de tous les rapports. Elles
sont rassembleuses ou hostiles, mais les hostilités qu’elles éveillent sont
encore des liens sociaux. Lorsque l’homme devient un être de passion il existe
avec ses semblables : chacun devenant une part sensible de lui-même. La
passion est l’expérience en même temps que l’épreuve de notre communauté de
nature. C’est donc sur les passions que l’homme doit agir : « Tous
les établissements humains sont fondés sur les passions humaines et se
conservent par elles » Lettres
écrites de la Montagne. Il faut donc réunir les hommes sur un mode passionnel de rassemblement et
non sur le besoin qui porte avec lui la mort de la société. C’est la pitié qui
doit servir de modèle : la tâche du Contrat sera de faire que
l’extension de cette passion ne conduise pas à l’opinion. Il devra organiser le
lieu proprement public comme un nouvel espace naturel. Rousseau prend soin de
distinguer entre la nature de l’homme et sa condition. La condition de l’homme
recouvre la contingence malfaisante de son origine, l’efficacité du besoin à
« ouvrir » l’histoire. Une inauguration pleine de fureur et de cris.
La nature de l’homme est son aptitude passionnelle à envelopper la mauvaise
contrainte du besoin dans les liens de l’affection sociale. Cette affection prendra
pour nom dans et à partir du Contrat Social : la loi. Si la nature
de l’homme est intrinsèquement bonne, la condition humaine est intrinsèquement
mauvaise. Le Contrat social est la tentative pour faire retrouver à
l’homme sa dignité – il s’agit pour Rousseau de fabriquer un citoyen qui
possède toutes les vertus que l’on trouve dans la nature sans une intelligence
pour les saisir. « L »homme est à naturaliser » écrivait
Nietzsche dans l’aphorisme 109 du Gai Savoir. Le projet est le même pour
Rousseau, la nature n’est pas derrière mais devant, l’homme doit s’inventer
dans le cadre d’un espace législatif qui reconnaisse la valeur de chaque homme
d’abord parce qu’il est homme. L’écriture de Rousseau devient alors un pamphlet
cinglant contre ce règne de la force qui est celui de la monarchie. Il faut
dégager des formes anciennes et imparfaites l’Etat de la modernité. L’effort de
Rousseau sera alors d’établir la loi et le principe de chaque société :
« ainsi loin de détruire tous les gouvernements je les ai tous
établis » Lettres écrites de la Montagne. L’Etat ne peut se comprendre que par une
doctrine : de même que pour Aristote les monstres sont des formes qui
n’accèdent pas à leur pleine réalisation, de même les sociétés despotiques sont
des monstres dans le Contrat social, mais on peut y deviner la forme
de la légitimité et du droit. La condamnation de la société intervient non par
morale mais par défaut d’accord logique du régime politique avec ce que
l’esprit connaît de la logique et de la pensée.
Commentaire
du texte de Rousseau extrait du
Contrat Social
Dans ce
texte, Rousseau développe les conséquences sur l’homme du passage de l’état de
nature à l’état civil ainsi que le bénéfice qu’il en tire. La nature humaine,
définie par sa perfectibilité, s’accomplit véritablement dans et par la
société. Ce n’est pas la société comme telle qui corrompt l’homme mais une
société reposant sur la force et le pouvoir monarchique. Il faut donc que le
peuple s’unisse par un contrat par lequel il échangera une liberté illimitée contre
une liberté garantie par les lois positives, et gagnera une liberté morale.
Dans un premier temps, Rousseau décrit le changement que produit en l’homme la
sortie de l’état de nature. Puis il analyse le gain de la société civile en
dépit des sacrifices qu’elle requière.
1. Description du changement de l’homme soit de
l’accès à l’humanité
Rousseau
évoque au début du texte l’état de nature, fiction théorique destinée à faire
comprendre la nature des lois légitimes. Dans le Second Discours sur
l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, il a donné une
description de cet état de nature : un état où les hommes sont dispersés par le
besoin, c’est-à-dire où, à la différence de la conception de Hobbes, les hommes
ne sont pas contraints de s’assembler pour échapper à la violence. La société
n’est pas un état auquel l’homme aboutirait naturellement, ainsi que le pensait
Aristote, qualifiant l’homme de « zoon politikon » (animal politique).
Chez Rousseau, les causes de la société civile ne sont pas inscrites dans la
nature de l’homme, elles sont extrinsèques. L’avarice de la nature, la
protection contre les prédateurs, tels sont les motifs de l’institution de la société. Cependant l’auteur
ne s’intéresse pas ici aux causes de la société mais aux changements qu’elle
induit en l’homme. C’est dans la société en effet que l’homme accède à la
moralité, ce dont il est permis de déduire que l’état de nature est proprement
amoral. Il n’y donc pas de justice avant les lois positives. Rousseau évoque la
naissance de la conscience morale, telle une voix qui se fait entendre en
chacun. La conscience n’est pas une voie, un chemin, mais une voix qui
introduit une sorte de dualité dans le sujet. On songe au démon de Socrate qui
le dissuadait parfois d’agir, et surtout à la belle définition platonicienne de
la pensée : le dialogue silencieux de l’âme avec elle-même. La conscience
morale apparaît comme une relation du sujet à lui-même soit littéralement une
réflexion. Rousseau oppose termes à termes une série de notions : justice,
devoir, droit et raison succèdent, se substituent à l’instinct, l’impulsion
physique, l’appétit, aux penchants. Dans l’état de nature, l’homme est isolé
des autres, il est conduit par l’amour de soi ou le désir de sa propre
conservation. C’est pourquoi la société entraîne un changement de regard,
presque une périagogé, non pas comme chez Platon vers les Idées, mais tout
simplement de sa propre personne vers celle des autres. En quittant l’égoïsme
qui suit de son isolement, l’homme dépasse la singularité de son point de vue
et accède à l’universalité de la raison.
Mais le
vocabulaire de Rousseau indique la contrainte plutôt que le choix. Tout se
passe comme si l’évolution de l’homme n’était pas le fruit de sa liberté mais
la liberté son effet. Les avantages que l’homme doit trouver dans la société ne
peuvent lui apparaître clairement tant qu’il n’a pas été modifié par elle. Seul
l’homme accompli, l’homme finalement, est juge de ces bénéfices. Voilà
peut-être la raison pour laquelle l’homme ne se pense pas l’origine de ce que
pourtant il initie (il est « forcé »). C’est tout le problème du
contrat social que de savoir si la raison en est la cause ou le résultat. Elle
est en effet posée comme une disposition naturelle qui trouve dans la société la
condition de son actualisation. Toutes les facultés enveloppées s’y développent,
car la nature de l’homme n’est autre que sa perfectibilité.
Toutefois, ce
n’est pas toute forme de société qui peut accomplir la nature de l’homme.
Rousseau par le terme allusif « abus » désigne vraisemblablement le pouvoir
monarchique, et tous les régimes qui en appellent à l’intérêt des hommes et non
à leur raison, les maintenant ainsi dans ce que l’auteur qualifie d’esclavage
des appétits. L’homme corrompu devient pire encore que cet animal
« stupide et borné ». Car l’animal aussi stupide soit-il, est dénué
de méchanceté tandis qu’une société mauvaise corrompt en l’homme sa passion
primitive la pitié et le rend finalement « bestial ». Quoique
certaines lois puissent donc dénaturer l’homme, Rousseau ne peut assimiler l’homme
naturel à un animal stupide et dans le même temps inviter à demeurer dans cet
état. La nature de l’homme est un rêve plutôt qu’un regret :
« L’homme est à naturaliser » (Nietzsche, Le gai savoir, aphorisme 105). La sortie de l’état de nature est
irréversible, on n’y peut revenir. Le paragraphe s’achève sur l’assimilation de
l’homme et de l’intelligence qui devient sa propriété fondamentale.
II- passage
de la liberté naturelle à la liberté civile
Dans ce deuxième
paragraphe, Rousseau évalue les bénéfices du passage à la société civile. La
balance qui symbolise d’ordinaire la justice, renvoie ici à l’exercice d’une
pensée qui pèse et établit des rapports. C’est par le contrat social que
l’homme passe de l’état de nature à l’état civil. Chacun renonce à sa liberté
naturelle, et l’opération est rigoureusement réciproque. Dans la négative,
celui qui a abdiqué sa liberté se trouverait à la merci de celui qui ne s’est
pas dessaisi de son droit. L’accord de tous est une condition nécessaire du
contrat mais suppose que l’homme soit d’ores et déjà en mesure d’écouter sa
raison. Seul un homme déjà éclairé peut envisager le calcul que nous restitue
Rousseau. Il y a lieu de se demander, dès lors, si le contrat est tout simplement
possible.
Comme
l’affirme la première phrase du chapitre 1, « l’homme est né libre et
partout il est dans les fers ». L’homme possède donc des droits par nature
dont les lois positives devront devenir garantes. Si la liberté est
constitutive de l’homme, il n’est pas vraisemblable que nous devions y
renoncer. Renoncer à sa liberté, ainsi que le souligne l’auteur plus loin, ce
serait renoncer à sa qualité d’homme. L’homme ne perd donc pas sa liberté comme
telle mais sa liberté naturelle c’est-à-dire sa liberté illimitée. Une liberté
absolue qui n’est pas assortie d’une puissance absolue qui permette d’en jouir,
est de peu d’intérêt. La propriété privée que l’état civil institue, est la
reconnaissance que tout ne m’appartient pas mais que ce que je possède m’est
garanti. La propriété est donc par définition limitée. C’est la volonté
générale qui désigne chez Rousseau l’intérêt commun, c’est-à-dire la volonté
émanant du corps civil lorsqu’il est appelé à se prononcer sur cet intérêt
général, qui détermine les règles, les bornes qui rendent la liberté réelle
quoique restreinte, et stabilise les possessions. Le droit se substitue à la
force et le hasard que représente la première occupation. Ce sont les
conventions qui confèrent des droits à l’homme et finalement l’humanisent.
L’homme perd donc
par l’état civil, l’avantage, à vrai dire fictif, de son droit sur toutes
choses, et son indépendance à l’égard d’autrui. Mais d’une façon assez
paradoxale, c’est précisément en perdant cette indépendance que l’homme accède
à l’autonomie. Car c’est en lui que s’effectue la conversion principale.
Rousseau clôt sa démonstration sur une définition de la liberté véritable
désormais entendue comme autonomie : l’obéissance à la loi qu’on s’est
prescrite. Cette définition qui place la liberté dans l’obéissance n’est pas
paradoxale si l’on garde à l’esprit l’origine de ces lois. L’individu, comme le
peuple dans la démocratie, est à la fois sujet et souverain de lui-même. Il est
législateur parce qu’il est raisonnable et capable à ce titre de s’arracher à
la tyrannie de l’instinct et de l’appétit. Il est sujet parce qu’il doit obéir
à cette loi en sacrifiant son intérêt particulier. La définition de l’autonomie
et la perfectibilité de la nature humaine sont des thèses que l’on trouve sous
une forme presque similaire chez Kant. L’accent est cependant mis sur la
nécessité des conventions pour faire surgir cette liberté intérieure, tandis
que chez Kant, la loi morale est un fait de la raison qui semble indépendant de
toute institution.
Dans ce
texte, Rousseau montre les avantages de la société civile pour l’individu qui,
bien qu’il ait renoncé à une liberté illimitée, devient un homme véritable,
c’est-à-dire un être pensant et moral. Il dénonce par une allusion les méfaits
des régimes qui dénaturent l’homme, le corrompent en rétablissant dans la
société le règne de l’intérêt propre et de l’appétit qui ne pouvait causer autant
de dommages dans la dispersion de l’état de nature. L’état de nature n’est donc
pas un idéal dont il faudrait déplorer la perte, mais un état destiné à être
dépassé pour qu’advienne l’homme. L’humanité n’est pas une donnée, non plus que
la raison et la liberté qui en sont les attributs, mais une conquête, et le
politique, selon le régime, sa condition de possibilité.
Analyse des
chapitres :
Chap. II
Rousseau
rappelle que la « plus ancienne société est celle de la famille », il
rejoint ici La politique d’Aristote
avec cette différence notable que ce dernier posait que le passage de la
famille au clan, puis à la tribu enfin à la société n’était que l’extension
d’un principe initial de gouvernement qu’était la force. Ainsi le roi se trouve
t-il être le père – l’origine naturelle de la famille se trouvant être le gage
d’un gouvernement naturel par le monarque. Au contraire Rousseau brise le lien
entre nature et convention – les enfants sont liés aux parents durant le seul
temps de la dépendance, ils retrouvent ensuite l’indépendance et ne gardent
contact avec leurs parents que par un acte de volonté que l’on nomme alors
convention. Ici Rousseau reprend Locke qui dans son « essai sur le gouvernement civil » écrit les liens de la
sujettion des enfants sont semblables à leurs langes et à leurs premiers
habillements, qui leur sont absolument nécessaires à cause de la faiblesse de
l’enfance. L’âge et la raison les délivrent de ces liens, et les mettent dans
leur propre et libre disposition » (§14). La famille n’est donc plus
naturelle mais conventionnelle – ce sont les hommes qui décident de la
conserver – aussi elle ne peut servir d’alibi naturel à l’exercice de la force
car « le droit que les pères ont de commander à leurs enfants ne subsiste
qu’un certain temps » (ibid). Au contraire Rousseau met en avant la
conservation de soi comme moteur de l’activité et ressort de l’identité
naturelle. Ainsi chacun se trouve t’il être dans un rapport à lui-même où il
doit privilégier sa propre survie. L’aliénation de liberté n’y est que
partielle et vise à cette conservation – le père joue bien dans ce cadre le
rôle du chef mais seulement provisoirement et de plus la différence avec la
fonction politique réside dans l’amour que « le père porte à ses
enfants » et que le roi remplace par l’intérêt. Le chef est sans amour
pour le peuple, il ne peut donc revendiquer le statut du père. Sa critique de
la monarchie prendra toute sa force dans la fin du chapitre. Déjà dans Emile ou de l’éducation Rousseau
indiquait que pour fonder un vrai rapport de l’homme à lui-même il faudrait
qu’il soit son propre maître, une formation par la nature elle-même permettant
d’en comprendre le sens et aussi de se découvrir soi-même. Ayant abandonné
l’idée d’un homme qui ne soit pas en même temps un citoyen, Rousseau refuse de
confier le rôle d’éducateur à un monarque qui tire son pouvoir seulement de la
force et non du droit.
Il poursuit par la critique de Grotius, qui avec Pufendorf et Helvétius, sont
des tenants du droit naturel. Les jurisconsultes justifient la domination des
rois par le rappel d’un transfert de puissance de Dieu vers certains
hommes : « certains hommes sont nés pour dominer, d’autres pour être
dominer » (Aristote). La critique de la force fera l’objet d’un traitement
spécifique au chapitre suivant (chap.3, « du droit du plus fort ») ?
Il ne peut y avoir aucun gouvernement qui fonctionne sur le modèle naturel de
la famille sans s’obliger lui-même à reconnaître l’indépendance de « ses
enfants », or le pouvoir monarchiste ne reconnaît jamais ni la liberté ni
l’émancipation du peuple. La réfutation de cette thèse d’un lien entre
gouvernement monarchiste et pouvoir paternel est inscrite par Rousseau dans le Discours sur l’inégalité. La reprise
littérale de Grotius dans droit de la
guerre et de la paix vise à le ranger du côté des « fauteurs de
despotisme », Rousseau assimile Hobbes à cette pensée. Ici il faut
souligner que l’animosité de Rousseau à l’égard de Hobbes est en partie non
fondée, il est impossible de trouver chez Hobbes une défense de la monarchie en
dehors de propos circonstanciés qui pensent une coïncidence entre le roi et ses
sujets au regard d’un intérêt commun. Rousseau combattra cette thèse au livre
III, chap.VI. L’argument de Grotius est que l’esclave lui-même demande le
maître, le peuple serait perdu sans un monarque. Rousseau affirme au contraire
qu’il n’y a des esclaves que parce qu’il y a des maîtres. C’est la force qui
fait les premiers maîtres et non le droit, c’est une prise de pouvoir
illégitime qui provoque l’esclavage. L’argument de la légitimité du pouvoir par
hérédité est absurde pour Rousseau, su nous descendons tous de ces 2 premiers
êtres que sont Adam et Eve alors parce que nous sommes tous leurs fils et
filles personne ne peut prétendre à une préséance plus grande. Fils du roi Noé
chacun peut se prétendre également héritier du trône et fondé à le revendiquer.
Chap. III
Ce chapitre
est consacré à une critique de la formule « droit du plus fort ».
Rousseau reprend l’argument selon lequel
la puissance fait droit pour en montrer l’absurdité.
Force
--------------) Force
Devoir-------------)
Droit
La force
n’engendre jamais que de la force, seul le devoir produit du droit. Souvent la
force prend le masque du droit pour faire de l’obéissance un devoir. Car il
faut faire en sorte que les hommes obéissent pas par force mais par devoir cad
par une volonté propre.
Chap. V
distinction
association / agrégation
agrégation =
dans un simple agrégat les hommes n’ont d’autre lien que leur commune
servitude, le rassemblement est contraint par la force et la peur.
association =
suppose une intention commune et une volonté générale, il y a dans une
association un but et un objectif – bref une conscience – l’adhésion est alors
volontaire et non plus forcée.
Le tyran même
en devenant maître du monde reste et demeure un particulier. Le passage du
maître au prince est celui de la force au droit, son expression dernière étant
celle du passage de la monarchie à la république (res-publica = chose publique
ou bien commun). C’est ici la différence entre particulier et général.
Gouverner = réunir sous le même vocable le peuple et la souveraineté, afin que
ne demeure pas la division entre le gouvernement et le peuple. Différence ici
entre soumettre et régir : soumettre = force = suppression des libertés au
profit d’une dictature ; régir = gouverner, la soumission s’adresse à une
multitude cad que cette masse n’est pas organisée, régir = réfléchir les
conditions de cette union vers un but commun.
Rousseau
interroge la proposition d’un premier vote nécessaire pour s’accorder sur le fait
de voter, car « comment 100 peuvent
avoir raison contre 10 ? », déplacer du côté de la cession de sa
liberté à un monarque : « d’où cent qui veulent un maître ont-ils le
droit de voter pour dix qui n’en veulent point ? ».
Ainsi dire
que le peuple se donne au monarque = inscrire qu’il y a une convention avant
l’institution de la monarchie – c’est donc librement,
« démocratiquement », que les hommes auraient renoncer à la liberté
que pourtant ils pouvaient saisir puisque précisément ils sont en situation de
suffrage universel. Démonter le mécanisme du faux semblant des jurisconsultes =
prouver que la monarchie est l’effet d’une usurpation, d’un vol, d’une force et
pas d’un droit.
Chap. VI
Détermination
des clauses du contrat après le bref rappel de ce qui provoque le passage à la
société civile :
1°) la prédation des autres espèces animales contraint
l’homme à chercher son semblable pour survivre et résister, le regroupement est
donc d’abord une stratégie de l’espèce elle-même afin de ne pas disparaître.
Ici on peut poser que la « raison » ou l’intelligence comme mode
spécifique à l’homme est une direction de l’espèce humaine pour ne pas
disparaître, l’intelligence comme choix de l’espèce pour contrer les autres
prédateurs.
2°) l’avarice de la Nature est aussi ce qui
pousse l’homme au regroupement afin de mettre en commun les fruits de son
travail et aussi assurer en commun la sécurité. Si le tout est supérieur à la
somme de ses parties alors il y a un gain dans le passage à la société civile
qui produit un nouvel organisme capable de se défendre avec plus d’efficacité
comtre les agressions des corps extérieurs ou étrangers.
Les clauses
du contrat se ramènent toutes à une seule : l’aliénation totale de tous
les droits du contractant au profit de tous, mais comme tous font la même
opération rien ne se perd et personne ne se trouve lésé. On retrouve cette
formulation, « un pour, tous pour un », il s’agit de produire une
alliance des volontés où chacun se trouverait dans la situation d’exprimer
l’universel. Il y a production d’un sur-corps, d’un nouvel organisme ou chacun
serait en même temps lui-même et les autres.
C’est la
formation de la volonté générale, la
VG est plus que la simple majorité qui n’est jamais qu’une
expression quantitative, 51% l’emportent sur 49%. Ici la VG est quantitative mais aussi
qualitative : chacun à volontairement contracté et renoncé de ce fait à un
droit illimité sur toute chose au profit d’une liberté réduite mais certaine.
C’est donc un individu universel qui se trouve derrière le contrat – c’est
pourquoi il y a une assurance sur le
vote que l’on ne trouve pas en dehors. Chacun conclut un pacte avec la
communauté toute entière et non pas d’individu à individu : Chaque
individu en s’abandonnant totalement à
la communauté ne se donne à personne en particulier. Lorsque le citoyen vote la
loi il mesurera toujours que cette loi s’appliquant à tous s’appliquera à
lui-même, ne voulant pas d’une règle préjudiciable pour lui-même il ne
cherchera pas à la rendre préjudiciable aux autres. Rousseau pose que cette VG
ne doit pas subir de fractionnement, l’interdiction de des partis est le
résultat de cette volonté de maintenir l’union de tous autour du vote.
L’idée est
ici qu’il ne faut pas dépendre d’un homme mais seulement de la loi.
Le pacte est
donc à la fois l’acte constitutif de la communauté en même temps que cette
communauté est déjà en place pour permettre ce contrat.
Chap VII
L’obligation
est totale car le fait de s’être engagé envers le tout ne permet d’annuler le
contrat, lorsque l’on s’engage envers un particulier on peut se défaire de son
engagement au motif d’un changement des rapports ou bien d’une division des
volontés : ici le contrat est toujours ce qu’il doit être.
Autant le
contrat engage envers la chose commune autant la chose commune ne peut être
liée à moi qu’autant que je suis en accord avec la VG : elle est une loi
inaltérable qui ne peut être comprise seulement que comme une addition des
volontés --) elle est le résultat de l’accord des volontés et d’un contrat qui
place le souverain (cad ce tout) du côté d’une volonté « une et
indivisible ».
Le contrat ne
vaut pourtant qu’aussi longtemps que les volontés de tout le corps : le
souverain est formé de tous les particulier qui le composent.
Celui qui
tente de se dérober aux devoirs du Contrat se verra l’imposer par la
contrainte : la prison est le moyen de faire revenir l’homme au devoir et
à la raison. Elle a pour fonction de « forcer à être libre ».
Chap VIII
Tout le 1er
paragraphe est consacré à l’Etat de Nature et au rappel de l’intérêt du passage
à la ste civile :
Substitution dans sa conduite de la justice à l’instinct .
Consulter sa raison avant d’écouter ses penchants
Ses facultés s’exercent et se développent, son âme s’élève
Le moment de cet arrachement est « un instant heureux »
Passage d’un animal borné et stupide à un être intelligent et un
homme
Le pb est ici que ce passage s’est effectué avec une mauvaise
passion, l’amour propre, et sous un mauvais principe, le besoin. Ainsi la ste
civile s’engage dans la voie de la corruption et « le dégrade souvent en
dessous de la condition dont il sort » à l’h est mauvais dans
l’histoire, c’est cela qu’il faut modifier, il faut « naturaliser »
l’h cad renouer avec la pitié naturelle et conserver l’intelligence de la ste
civile : cela ne peut se faire que par le contrat social cad par la
citoyenneté et le pouvoir de la loi au-dessus des hommes.
Distinction entre possession et propriété
Possession, = droit du premier occupant cad droit par force =
seulement de la force et une spoliation de tout le genre humain
Propriété, suppose un acte positif et une répartition qui peut se
faire par le travail par ex, ds la lignée des libéraux comme Locke, un droit
qui se limite à mes propres forces, à ma capacité de travail : ex de la
terre à
une terre qui puisse subvenir à mes besoins et pas au-delà..