Plan détaillé
Être conscient est-ce être libre ?
Intro
A la question de savoir si le fait d’être conscient peut se
confondre avec la liberté nous répondrions d’abord que si la liberté ne se
résout peut-être pas entièrement dans la conscience elle en est la condition
nécessaire. Car enfin l’alcoolique qui commet des actes dont il ne gardera pas
même le souvenir, le drogué qui perd connaissance, l’aliéné qui ne peut diriger
sa propre existence sont dans cette situation où la volonté est détruite. Cette
assimilation immédiate de la conscience à la liberté ne va pas sans certaines
restrictions pourtant, car la conscience est aussi cette part qui nous permet
de nous saisir comme fini, la conscience de la mort est une entrave à la
liberté. De même la conscience n’implique parfois que ce calcul froid qui n’est
pas sans évoquer le pire en l’homme, n’est-ce pas le XXième siècle qui met en
place le totalitarisme, forme de raison folle ?
Nous verrons d’abord que la connaissance de soi et du monde
que la conscience apporte sont les gages d’une forme de liberté. Mais il faudra
poser aussi que science n’est pas conscience, la seule connaissance n’est pas
en soi libératrice si elle ne peut se mesurer à des valeurs plus grandes. Ce
serait la conscience morale qui serait porteuse de liberté par sa capacité à
éprouver l’action et l’évaluer.
1°) la
conscience se confond avec la liberté
a a) Le cogito
est l’effort de la liberté pour s’affranchir de l’argument d’autorité. Descartes
met en place la conscience comme le fondement non seulement de l’existence de
l’homme mais aussi comme l’instrument d’une maîtrise du monde extérieur et la
possibilité de sa reconstruction après le doute méthodique / le doute est cette
suspension du jugement qui refuse désormais l’adhésion dans l’obscurité.
b b)
La connaissance de soi permet de refonder
l’édifice de la pensée en même temps que de nous rendre libre / être libre
c’est alors pouvoir juger des choses autour de moi et en moi / la connaissance
est libératrice car elle permet d’agir sur les choses – la science est en ce
sens le résultat direct d’une prise de conscience à travers le cogito. Pascal
peut ainsi écrire que si l’homme est un roseau c’est un roseau pensant, alors
qu’il est la plus faible des créatures, qu’il se connaît misérable pourtant il
dépasse l’univers lui-même car il a cet avantage par rapport à lui de se
connaître ainsi. La pensée de Descartes projette l’homme du côté du progrès
technique, il inaugure les lumières par la découverte du cogito, première
pierre dans l’édifice de la modernité.
c)
Rousseau en se promenant dans une forêt découvre
une scierie et trouve ce spectacle terrible, le progrès technique n’étant pour
lui qu’une illusion. Ainsi la société des arts et des techniques n’est pour lui
qu’une chaîne sur laquelle nous avons mis des fleurs. Nous devenons esclave des
instruments qui doivent nous servir et plus encore nous oublions par le
« divertissement » ce qui est véritablement important. Comme les
romains qui dans l’antiquité s’abrutissaient au spectacle de la mort des hommes
dans l’arène.
2°) La science en se
confondant avec la conscience ne permet plus d’atteindre la liberté autrement
que comme un outil.
a)
Science sans conscience n’est que ruine de
l’âme. La seule recherche de la connaissance est alors une perte de l’humanité
elle-même. Pascal se dit perdu dans un univers ou la circonférence est partout
et le centre nulle part. En agrandissant prodigieusement notre environnement la
science n’autorise plus le rêve, elle engage un désenchantement du monde. La
fin des illusions sur notre condition.
b)
C’est la triple blessure narcissique que Freud
expose. L’homme n’est plus au centre de l’univers, il n’est pas même le
centre de la création et bientôt plus le centre de lui-même. La découverte de
l’inconscient sonnant le glas d’une conscience maître d’elle-même et de ses
représentations.
c)
Ainsi la conscience n’est plus ce bloc capable
de tout saisir, le ça est en nous cette part aveugle qui détruit la liberté par
la libération des pulsions. Son opposé le surmoi n’étant pour sa part qu’une
limitation excessive de tous les désirs et possibles.
3°) Seule la
conscience morale permet d’atteindre la liberté.
a)
La conscience morale est l’arbitre de notre
action, la volonté prend la forme de la liberté lorsqu’elle vise en même temps
que soi autrui. Ainsi Lévinas peut-il poser qu’en l’homme tout est regard,
c’est l’humanité que je vise dans cette main, dans cette partie de corps qui me
conduit inexorablement à reconnaître l’humain partout où il se trouve. La
conscience peut supposer la contrainte, et c’est alors cette entrave qui
devient le signe de ma liberté.
b)
Les résistants pendant la seconde guerre
mondiale sont libres car la conscience de l’iniquité du nazisme est en soi
liberté. Vercors dans « le silence de la mer » vient signer le
premier acte de conscience de la résistance intellectuelle et annonce déjà le
sort de toute dictature.
c)
Il y a pour l’homme une condamnation à la
liberté dit Sartre, position paradoxale d’une conscience qui est libre et ne
peut le supporter, ce n’est pas l’entrave qui fait peur mais bien le vertige de
la liberté qui se confond avec celui de la responsabilité – alors la conscience
est cette action par laquelle je sais que je sais en même temps que je découvre
la portée morale de mon action et me juge en la jugeant.
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