Philosophie

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mercredi 24 octobre 2012

La démocratie


L’origine de la démocratie :
Saint-Paul pose qu’il faut « dépasser la loi », cette loi dont il parle et qu’il faudrait  vaincre est celle du nomos grec, loi civile par excellence qui ne doit rien aux lois des enfers, au thesmos, aux Dieux. Ainsi la pensée chrétienne doit-elle d’abord s’écarter du génie grec afin de trouver sa voie propre. Il faut remplacer l’homme par Dieu, la justice par la crainte. Il faut fonder cette cité humaine sur le modèle de la cité céleste : la cité de Dieu est le modèle de l’organisation de la société chrétienne.

La démocratie est encore balbutiante, nous sommes incapables d’élever nos enfants par d’autres moyens que la crainte et le tremblement. Il y a une incapacité de l’homme de renoncer à l’usage de la violence, elle se fait sociale, elle prend la figure de la justice rendue, de la légitime violence. Où bien elle s’entête et attaque le cœur même des institutions qui sont pourtant son propre sang. Dans les arcades de la conscience nous attendons toujours ce moment de la libération des forces que nous contenons ; nous voulons l’écrasement de nos adversaires, la victoire par domination physique ou intellectuelle.       
Le jeu des forces est un je des forces, je suis moi-même dans un rapport ambiguë et incertain à la violence et la force. La sécurité peut-elle consister à l’écrasement des forces qui nous menace ? Sommes-nous en train de fonder une légitime violence contre ceux qui menacent la démocratie ? Cela peut-il se justifier ?

La naissance de la démocratie en Grèce ancienne est liée à une représentation du corps guerrier. Au gymnase se forge l’esprit de groupe en même temps que les corps se sculptent. Il s’agit de renforcer le corps de la Cité, lui insuffler force et esprit. Système qui pose à la fois une infinie liberté pour quelques hommes et terrible esclavage pour les autres. L’esclavage devenant le signe à la fois de la participation à un autre sang que celui des grecs et d’autres institutions que celle de la démocratie. Parler et écrire le grec sont les conditions nécessaires de la liberté. Torsion du vivre ensemble qui pourtant apparaît comme l’invention politique majeure qui jusqu’aujourd’hui force l’admiration des peuples.

Le pb du vivre ensemble se pose toujours avec la même acuité depuis l’antiquité. Pourtant des faits marquants ont modifiés la conception du pol depuis lors :
1°)          l’avènement avec le christianisme de l’individu possédant une valeur infini  /  nous passons de la valeur de l’intérêt commun à celui de la personne.
2°)          la conception d’une technique conquérante et d’une science capable de transformer le donné naturel
L’univers politique moderne :
Cadre historique
L’émergence de la société occidentale se produit au moyen-âge à travers 3 phénomènes
1°)          développement du commerce et de l’artisanat qui provoquent la renaissance des villes dans le bas Moyen-âge et provoquera l’effondrement de la royauté
2°)          naissance de la science moderne et d’un commerce mondial avec la circumnavigation (découverte de nouveaux mondes au XVI et XVIIe siècles.
3°)          création de la sté industrielle avec la machine et la production de masse au début du XIXe
Cadre de cette modification :
                               Fin de l’artisanat, destruction de l’excellence dans le travail
                Le libéralisme est une pensée d’abord de la liberté, nul ne doit vivre d’autre chose que du produit de son travail. Il s’agit de s’opposer à l’héritage foncier de l’aristocratie en mettant en avant le travail comme la seule richesse et le sol de toute propriété.
                Dans les Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776) Adam Smith explique que le politique peut se fonder sur un égoïsme que jusqu’alors la morale et la religion critiquait. En voulant accroitre sa richesse l’individu concours à l’intérêt collectif
« L’acteur est poussé comme par une main invisible à remplir une fin qui n’est pas dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intérêt personnel il travaille plus souvent de manière plus efficace pour l’intérêt de la ste que s’il avait réellement pour but d’y travailler »  L IV ch 2
La transformation de l’intérêt individuel en dispositif moral permet de dév. d’une théorie de l’Etat minimal qui ne doit pas interférer avec le marché en même temps que le commerce permet une égalité des chances entre les acteurs économiques. La liberté est construite sur l’égalité des chances, chacun peut atteindre la richesse. Les différences de rémunérations n’étant plus que des différences d’emplois et de qualifications. La justice prend la forme de l’équivalence, désormais le travail devient une valeur sur laquelle les hommes vont devoir s’ajuster. Cette définition suppose une concurrence entre les hommes et les groupes sociaux. La société libérale est « une société querelleuse » (Raymond Aron).

L’Etat libéral se fonde sur 2 principes :
1° La limitation du pouvoir et 2° la séparation des pouvoirs.
1°)          la def de l’individu possédant une valeur infini conduit à une limitation du pouvoir pol., la liberté individuelle et le pouvoir d’entreprendre ne devant pas être limité par l’Etat. Ensuite la distinction sphère privée et sphère publique avec une valeur absolue accordée à la position du sujet.
                Le thème de l’Etat minimal est posé : l’Etat à pour tâche d’assurer la tranquillité des échanges grâce à un pouvoir commun et des lois communes. Ces lois ne sont acceptées que parce qu’elles sont celles que l’individu isolé choisirait.
2°)          la séparation des pouvoirs assure le contrôle du gouvernement. Pour fonder l’Etat sur les libertés individuelles il faut mettre en avant le thème du contrat. Ce contrat vient du droit privé et du secteur économique. Le contrat donne un objet à l’Etat et lui assigne des limites, comme tout contrat il peut être annulé si une des parties n’en remplit plus les clauses. La pensée libérale reconnaît ainsi un droit à la révolte.
C’est la constitution qui donne la formule du lien des citoyens à l’Etat, le thème de la séparation des pouvoirs apparaît d’abord par la séparation entre la couronne et le parlement.
C’est parce que le pouvoir corrompt qu’il faut trouver des mécanismes de limitation de sa puissance, « si le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument » Lord Acton.
La liberté est une propriété de l’individu qui se déploie sous des formes diverses : lib d’expression, de commerce,  religieuse, d’action.
De la suzeraineté à la souveraineté :
Au moyen-âge la notion d’un pouvoir centralisé disparaît sous la pression géographique des seigneurs qui gèrent les fiefs et seuls peuvent assurer la protection du peuple. Le roi en reconnaissance des services offrent des terres qui deviennent de fait autonomes. Le roi se dessaisi de son pouvoir. L’autre pression est affective, c’est un réseau d’amitiés qui forme la puissance, les alliances sont changeantes et mouvantes, l’affectif joue un rôle central dans les décisions. Le rapport personnel prime sur le service public. Nous sommes dans un système fondé sur la personne du roi, à partir de lui se tisse un réseau de relations qui n’est pas lié à la compétence mais à la connivence.
L’époque moderne met en avant un système politique qui reconnait la « vertu » comme le moteur des relations dans la société. Le passage de l’aristocratie à la bourgeoisie est aussi le marqueur d’un changement puissant dans le ressort de la volonté politique : désormais la décision politique n’engage plus la volonté d’un seul homme mais toute la communauté : la décision politique n’est plus l’apanage d’une seule volonté mais d’un groupe. La souveraineté est  du côté de l’Etat qui devient une entité, il y a transfert du pouvoir de suzerain vers le souverain (ici le peuple lui-même dans une république, respublica, chose commune ou publique.

L’Etat désigne désormais l’organisation d’une communauté.

Les différents régimes politiques :
Anarchisme
L’Etat peut-être compris comme « un monstre froid », «  cimetière de toutes les libertés » : l’Etat serait le mal radical tandis que l’individu deviendrait la valeur suprême. « Ni Dieu ni maître » énonce Auguste Blanqui dans son journal – l’Etat vient détruire toutes les aspirations individuelles – l’Etat est une abstraction tandis que l’individu concret, vivant, est la seule réalité. L’Etat empêche les libres associations humaines, telle est la thèse de l’anarchisme, il met en place des relations artificielles entre les Etats qui débouchent sur la guerre et la violence – en ce sens l’Etat est une caricature des relations naturelles – lorsque les hommes sont laissés à eux-mêmes ils développent des solidarités et des entraides. La thèse anarchiste repose donc sur une position naturelle de l’individu posé comme capable de faire surgir de l’entente et de la concorde sans l’imposition l’idée force est que l’individu en dehors de toute contrainte recherche avec ses semblables des liens pacifiques et riches. 
La démocratie
Est en ce sens l’achèvement de la thèse anarchiste de l’individu sans la suppression des instances de régulation qui semblent dans les faits nécessaires.  C’est la réalisation concrète de la liberté et de l’égalité. Réconciliation de la liberté individuelle et la discipline étatique
La nation
Désigne la communauté elle-même – la nation est reconnue en dehors même de l’Etat.
Communauté géographique et non pas  communauté de sang – Fichte dans son « discours à la nation allemande » parle d’une communauté de race qui est fondement de la nation. Le sentiment d’appartenance à un même peuple.
La nation repose sur la volonté commune de construire une identité et une vie en commun.
La patrie
La patrie est le nom de la communauté affective – communauté de sol – patrie = patria terra , la terre des pères (fatherland) qui désigne l’endroit de la terre ou nous sommes nés.

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