Philosophie

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lundi 22 octobre 2012

Le temps



Le temps :

 Le temps est l’espace de notre existence, nous évoluons en permanence en son sein – bordé par la fabrication d’une durée nous permettant de nous saisir et d’appréhender une identité.
Le temps est synonyme à la fois de ce qui passe et de l’irréversibilité des actes, il est aussi l’annonce de ce qui est à venir, des promesses d’un futur et de ses possibles. En même temps nous aimerions pouvoir énoncer parfois avec le poète « Ô temps, suspend ton vol » pour pouvoir fixer un instant de bonheur. Saint-Augustin dans le livre XI des Confessions posait que si chacun connaît ce qu’est le temps il serait bien difficile de le définir car pour chacun ce qui existe c’est seulement le présent du présent, le présent du passé et le présent du futur. Je suis tout entier dans cette contraction qu’est le présent.
Il nous faut ici distinguer entre le temps mathématique qui est celui du découpage, chaque instant est séparé d’un autre, ce sont des séquences, le temps est alors pensé sur le modèle de l’espace. Mais il y a un autre temps, celui-là de la conscience, pour lui le temps est une épaisseur et non pas une surface. Il y a des minutes qui sont des éternités alors que d’autres passent si vite… le temps pur est ce moment où je ne suis plus confronté qu’au temps lui-même, au déploiement d’une durée qui ne se remplit de rien d’autre quelle même. L’ennui est la marque de se temps qui est son propre sens.
Le temps et l’espace résiste aux efforts pour les supprimer. Je peux réduire leur contenu, je peux  retirer les meubles et les objets d’une pièce mais l’espace demeure. Espace et temps sont des données de mn expérience que je ne peux éliminer. Quelle est ma position par rapport à ces cadres constants de mon expérience ?

1 – le cadre de mon expérience

Il y a un « ici et un maintenant » ( hic et nunc ) qui est indépassable – je suis né quelque part, je suis ici et non en chine, nous n’avons pas le don d’ubiquité ni non plus la possibilité d’exister en une autre période de l’histoire que celle d’aujourd’hui.
Alors que l’espace est réversible – je peux aller d’un pt à un autre et revenir, il y a une irréversibilité du temps. Je ne peux revivre l’action d’hier, plus je m’en éloigne sans cesse, ce point disparaît de ma mémoire. Le temps emporte tout sans retour. Héraclite posait « on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve », je change, l’eau change. Proust rappelle l’altération et la dégradation que le temps fait subir aux êtres. Assistant à une soirée mondaine vers la fin de sa vie, il note croire assister à un bal masqué tant les visages de ceux qu’il a connu se sont transformés : « mais ces têtes qu’ils se sont faites depuis longtemps sans le vouloir ne se laissent pas défaire par un simple débarbouillage » A la recherche du temps perdu, le temps retrouvé, éd. Gallimard.

2 -  le cadre de toutes mes actions

L’idéal de la raison serait de conjurer l’effet de l’irréversibilité du temps : « expliquer, c’est identifier » : or le temps de la conscience, la durée concrète, échappe à l’explication. L’histoire des hommes ne semble pas pouvoir se saisir si facilement : il y a une forme de devenir vivant qui ne peut se réduire à l’histoire des événements comme histoire de la matière. L’incompréhension de la durée forme donc avec le temps « la forme de mon impuissance ». Pourtant je ne suis pas totalement prisonnier du temps, le nageur qui est pris par un courant sous marin peu ne pas se rendre compte qu’il s’éloigne de la plage et de la côte. Moi, au contraire, j’ai bien la perception continue d’un écoulement temporel, je perçois les éléments successifs qui s’additionnent.
Je suis conscience dans le temps mais aussi conscience du temps  - les jugements que je porte sur le temps sont en dehors du temps, la conscience permet de saisir le temps. Je ne fais pas qu’être dans le temps, j’ai le temps. Il y a un espace de déploiement de mon action que sont mes rêves et mes aspirations. Le temps permet la projection, le déplacement vers un inconnu qui me conserve mes chances. Je peux organiser mon existence en fonction de la promesse d’un demain.  
Toute conscience du temps prend appui sur le futur, le passé ne prend sens et valeur qu’à partir du futur annoncé – cela est vrai de la mémoire individuelle de chacun d’entre-nous mais aussi de la mémoire collective d’un peuple – l’histoire est le fruit de ce développement. Le temps qui me prend le temps est aussi le cadre de l’action. L’impuissance première est convertie en liberté. 


 Théories réalistes classiques
Descartes – Newton  
Le temps est une succession d’instants indépendants les uns des autres. L’espace est pour sa part l’essence des corps, la substance matérielle : « sa façon d’occuper l’espace n’est pas un accident mais son essence » - 
Kant :                         
L’espace et le temps ne sont pas des choses en soi mais des cadres a priori de ma perception.
Si ce monde à un commencement et une fin alors je me demande de quoi est était fait l’avant.
S’il n’a pas de commencement et de fin alors la série infinie des événements ne conduira pas à aujourd’hui.
Espace et temps sont des conditions subjectives de ma représentation du monde. Le fait que nous ne puissions rien concevoir en dehors d’eux est la preuve qu’ils font partie de nous-mêmes. L’espace est nécessaire et ses lois universelles : les constructions de la géométrie sont recevables universellement. On parle d’une idéalité transcendantale : idéal car forme subjective, transcendantale cad condition a priori de toute connaissance.
L’espace est la forme du sens externe (nous percevons le monde extérieur selon la forme et l’espace de la succession temporelle)
Le temps est la forme du sens interne (nous percevons notre existence comme succession de moments et d’états)
Mais en même temps qu’idéalités transcendantales le temps et l’espace sont des réalités empiriques. L’espace n’est pas un concept, il est réel si l’espace est une donnée première par contre les parties de l’espace sont obtenus après coup par division.

Les parties de l’espace ne sont pas divisibles mais homogènes : il s’agit d’une intuition pure de ma sensibilité. Kant déplace dans l’esprit de l’homme l’espace et le temps absolus de Newton. Le « sensorium dei » devient « sensorium homini »


 

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