Philosophie

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dimanche 17 février 2013

Faut-il prendre ses désirs pour la réalité ? / introduction rédigée



 A la question "faut-il prendre ses désirs pour la réalité?" nous répondrions d'abord que nos désirs visent forcément le réel, il s'agit d'atteindre quelque chose ou quelqu'un qui aujourd'hui manque dans notre existence. Mais prendre ses désirs pour la réalité est aussi une position critique où il est possible d'échapper à son environnement et aux autres, comme le fait de rêver éveillé ou de ne pas prendre suffisamment conscience des choses. Comme si le réel était le premier ennemi du désir. Or ce dernier semble plutôt être entièrement structuré autour de la réalité : le désir me montre d'abord un objet qui est possible puisqu'il occupe mon esprit et provoque une tension de tout mon être vers lui. Alors l'impossible est peut-être la forme provisoire de la réalité lorsque ce dernier est dans cette phase stratégique de découverte de son objet. Le désir ne se contente pas d’espérer mais il agit, il vise, il construit, il invente. Peut-être même que le réel n'est que  la partie émergée du désir, ce qui laisse penser alors que le réel est une création du désir, son reflet et non son ennemi. Le principe de réalité devenant un principe "désirant".
Pour traiter cette question nous poserons d'abord que prendre ses désirs pour la réalité équivaut à prendre "des vessies pour des lanternes", signe d'une confusion et d'une errance du sens et de l'esprit. La maîtrise des désirs étant la première étape vers une connaissance de la réalité qui est proprement humaine : devant l'impossible mieux vaut "changer l'ordre de ses désirs plutôt que l'ordre du monde". Mais en même temps il nous faudra convenir que la réalité prend souvent la destination du désir, nous voulons, croyons, prions... n'est-ce pas cela qui forme la matière du réel ?  Peut-être nous faudra t-il convenir que nos désirs constituent la réalité, qu'ils en sont l'étoffe dont nous nous parons chaque jour et qui dès lors nous laisse inassouvi et insatisfait. Alors nous devons peut-être constater que la réalité ne possède pas de statut d'autonomie par rapport aux désirs, le sol de notre perception n'est pas le réel mais le désir lui-même qui nous permet de voir les choses avec un œil plus acéré et critique : qui permet de fabriquer un "tableau" du réel, de se le figurer. Le réel devient alors une invention du désir, un avatar qui prend une forme sérieuse alors qu'il est tissé d'ombres : son sol est celui des passions qui agitent les hommes.


















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