Philosophie

Mise à disposition d'un matériel permettant de travailler les cours de philosophie.

dimanche 23 mars 2014

La nature - 1/3 - cours -



La Nature

Il y a une grande polysémie du terme "nature" :
- la nature comme essence, comme définition d'une chose, ce qui est premier, originaire. Il s'agit ici d'un sens métaphysique.
- la nature au sens de "phusis", comme physique des objets et des êtres, comme objet d'études et de connaissances. Nous sommes ici dans une physique "naturelle" qui s'oppose à la métaphysique. Nous sommes dans le visible et non dans l'invisible.
- la nature au sens de monde qui comprend tous les objets et les êtres.
- la nature dans son opposition à l'artifice, la nature comme tout ce qui n'est pas produit par la main de l'homme. La nature comme sans artifice, authentique, "pure". 
- la nature au sens de "caractère", lorsque l'on dit de quelqu'un "c'est une nature", spécifie le propre de l'individu et suppose aussi souvent la force. 

L'homme dans la nature :

L'homme est dans la nature, il en est une composante, il en fait partie comme toutes les choses et les être du monde. La nature est ce qui fait être, ce qui fait advenir au monde - étymologiquement elle provient du terme nasci qui signifie "naître". En même temps cette origine du terme peut renvoyer à des caractères figés, une identité fixe. 

Mais l'application du concept de nature à l'homme ne va pas sans difficultés : alors que l'animal ne semble pas bénéficier de progrès spectaculaires tant dans ses évolutions génétiques que dans son organisation sociale, au contraire l'homme se transforme et se perfectionne. Les réactions humaines semblent liées à des déterminations culturelles : l'homme se modifie sans cesse et son libre arbitre lui permet de faire des choix. Il travaille le donné dont il est issu, il construit sa propre identité. D'où la grande diversité des cultures et des peuples. 



L'homme comme être de culture :

La main est cet "outil d'outils" (Aristote) qui met toutes choses à disposition des hommes : alors que chaque animal n'a qu'un mode de rapport au monde, qu'un mode de défense (les griffes, la dent, la corne...)  et donc qu'un mode de présence au monde, l'homme a une plasticité de ses déterminations - sa main peut devenir tour à tour griffe, serre, dent... L'absence d'assignation technique, l'absence d'une prédétermination technique permettent à l'homme d'occuper toutes les places, d'assurer toutes les fonctions. La technique engage l'homme dans un rapport médiatisé au monde, l'outil devient intermédiaire entre lui et le monde, en même temps qu'une occasion de réflexion sur la nécessité de cette mise à distance pour le maîtriser. 

Par le biais des techniques l'homme dispose de son environnement, il ne s'adapte pas au monde extérieur mais plie le monde extérieur à ses propres besoins. Il fait plier l'environnement à ses contraintes intérieures. Ainsi le chauffage, les vêtements... permettent aux hommes d'occuper tous les espaces et de s'adapter au climat par l'intervention des techniques. L'homme est présent sous les climats les plus rudes alors que l'animal ne peut survivre que dans un environnement particulier, l'ours blanc ne peut survivre sous un climat tropical. La culture est le nom donné à ce mode d'appropriation du monde extérieur et à l'opération de transformation du monde extérieur et hostile en un monde intérieur domestique et bienveillant. 



La différence nature / condition : 

Au contraire d'une nature la condition suppose un état d'instabilité et des modifications possibles : la condition est liée à un état social -> on parle de la condition du salarié comme liée à l'effet des forces productives, la condition suppose un statut provisoire et modifiable car la transformation des conditions extérieures permettra une redéfinition du salarié dans sa condition. Alors que la nature suppose un milieu intérieur fixe et sa combinaison avec un milieu extérieur déterminé, au contraire la condition est liée à des contraintes extérieures qui déterminent provisoirement l'identité du sujet. La condition vaut donc dans un cadre particulier. En même temps alors que l'on ne peut que plier devant le commandement intérieur de la nature (comme l'animal qui répond au jeu complexe des instincts), la condition permet de faire jouer la volonté et avec elle le libre arbitre. La condition n'est pas une fatalité mais un élément sur lequel on peut agir. La condition engage donc l'homme comme producteur de sa propre identité. La condition n'est pas statique mais plastique (mouvante), l'histoire devient alors terrain de luttes. Par exemple la révolution française annonce le début de l'ère industrielle par l'avénement de la bourgeoisie, par le déclin des corporations et l'invention du salariat. Ce qui disparaît alors c'est à la fois l'excellence dans le travail du maître artisan mais aussi le servage pour la paysannerie. 

Aucun commentaire: