Philosophie

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jeudi 27 mars 2014

La nature - 2/3 - cours



La nature - suite -

L'écologie, une défense de la nature ?

Il faut distinguer l'écologie de l'environnementaliste : l'écologie n'est pas qu'une défense de la nature elle peut-être aussi son apologie - elle revendique par certains de ses courants (les plus extrémistes) l'égalité des droits entre les hommes et la nature (animaux, végétaux, minéraux). L'écologie profonde fait de la défense de la nature une arme contre l'homme. L'environnementaliste pour sa part est une réflexion sur le milieu le plus propice à l'évolution de l'homme, l'intérêt pour l'environnement est donc d'abord un intérêt dirigé vers le bien être de l'homme qu'il faut protéger jusque dans son "milieu naturel". On peut agir sur le milieu extérieur, dans sa préservation, pour vivre dans les conditions les meilleures - ici l'homme occupe la place centrale.

Opposition de la forêt et du jardin

Le jardin est tout entier dans la figure de Voltaire, la nature n'a de valeur que transformée par la main de l'homme, le jardin est le lieu où le savoirs de l'homme s'applique sur la nature; les végétaux y sont pliés, modelés, sculptés, présentés... L'ordre des jardins à la française reproduit l'ordre de la raison. Au contraire l'apparent désordre des jardins à l'anglaise est la peinture des sentiments qui agitent le coeur des hommes, tableau des passions, tableau des sens...

La forêt est "naturelle",  elle engage un éco-système, une autonomie dans sa création et sa perpétuation, cycle en éveil de la regénérescence du milieu par lui-même. L'homme est dans ce cadre inutile sinon nuisible, cet environnement est autosuffisant.  L'homme de la forêt est incarné par Rousseau, lors d'une promenade où il goûte le charme de la nature par la contemplation de son spectacle forestier, soudain, au détour d'un bosquet, il croise une manufacture et c'est le désespoir qui s'abat sur lui. Alors qu'un homme des lumières se réjouirait de ce spectacle, Rousseau s'en lamente - ici il faut peser et comprendre que c'est la nature qui écarte Rousseau du processus des lumières. Mais la nature de Rousseau est aussi un temple pour lui, un sanctuaire, la "sauvagerie" possible des lieux y est toujours tempérée par l'amour, la mélancolie, le charme... Au contraire Sade ne voit dans la nature que la destruction qu'elle porte en même temps que sa puissance. Alors qu'il est "embastillé" il se fait porter une gravure représentant le Vésuve. Ce que Sade aime dans la nature c'est sa capacité de destruction, les volcans illustrent cette force et cette démesure qui sont les caractères du grand libertin. Il faut que la nature soit entièrement en irruption pour qu'il y trouve un intérêt - seulement lorsque la nature entre en orgasme alors Sade peut y trouver de l'intérêt et une parenté. Au contraire la sexualité est une ellipse dans l'oeuvre de Rousseau, il se garde bien de quitter le sentiment de peur de croiser le loup au coeur de la forêt.

La nature prend donc chez Rousseau la forme de la "polis", il ne s'agit pas d'en revenir à une pulsion sexuelle qui menacerait le social de désagrégation, le modèle est celui du coeur, c'est-à-dire du sentiment moral et de la vertu. Ce que Rousseau cherche dans la nature c'est bien la pureté, le chemin foulé dans la forêt est toujours celui de l'amour simple des choses, de la fusion... bref de la relation tendre que Rousseau cherchera tout au long de sa propre existence. Sade ne voit la nature lorsqu'elle entre en orgasme et détruit le monde.

La nature de Sade n'est pas celle de Rousseau, ici aucun frein, aucune vertu, dans Justine il n'arrête pas d'arrivé malheur à ceux qui suivent les prescriptions de cette "bonne nature" que Rousseau affectionne -  et ce à la plus grande joie des libertins. En un sens tout ce qui arrive à Justine arrive à Rousseau, ce dernier est l'ennemi déclaré de Sade qui déteste en lui cette forêt qui ne serait en fait qu'une prairie romantique.



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