L’histoire
Introduction:
La grande modification de la
conception de l’histoire réside dans le passage comme histoire des événements
des histoires des génocides et des crimes de guerre. Le XXème siècle voit une
transformation des conflits, auparavant l’affrontement guerrier correspondait
au choc d’une armée à une autre. Les conflits contemporains visent les
populations civiles et ont pour objectif dans certains cas leur destruction et
va s’accompagner paradoxalement d’une législation internationale. L’histoire a
donc modifiée sa perception de l’événement lui-même ici nous voyons le passage
de l’historia c’est-à-dire de l’histoire comme enregistrement systématique des
faits, l’histoire comme archive à une nouvelle conception celle de
l’interprétation traditionnellement nommée par le terme allemand «
geschichte ». Ainsi l’histoire modifie la compréhension du rugissement du
fait historique avant on pensait qu’une période historique était balayé par une
autre sans liens ni raisons. L’histoire ayant pour fonction l’enregistrement de
ces bouleversements. Le XIXème siècle principalement Hegel va saisir que les
apparentes ruptures sont des continuités, il y a saisie de l’histoire comme
fait globale qui suppose une interprétation. C’est ce mouvement que nous allons
étudier.
I-Le sens de l’histoire
a-L’histoire vernaculaire (par héritage)
Il y a d’abord une géographie vernaculaire qui fait que nous nous
orientons au regard de la culture qu’est la notre. Le langage est ici
prépondérant dans la construction d’une géographie mentale qui permet par
culture l’orientation. L’histoire a une fonction similaire, elle jalonne notre
existence de faits historiques et de personnages historiques. Nous commémorons
dans nos rues notre histoire proche Jean Villard, De Gaulle, Jean Jaurès, … Nous
passons de la station Cambronne à la station Champ Élysée. Le métro parisien
est la carte de l’histoire présente au sens où toute histoire sert le présent.
Il n’y a pas d’histoire passées sinon oubliées il y a une utilisation
symbolique de l’histoire qui fait que nous la répétons sans cesse afin de
valider notre représentation idéologique,
c’est le cas de la Révolution Française qui nous ferait basculer de la
féodalité à la république. Nous la commémorons sans cesse pour qu’elle devienne
une de nos valeurs. Les premiers monuments aux morts qui commémorent la
première guerre mondiale viennent ancrer dans chaque village, bourg la présence
de l’histoire, le nom de ceux qui ont sacrifié leur vie. Il y a là une
construction la première du genre qui est celle d’une existence où les ombres
du passées sont sur la place publique avec les vivants. Il s’agit de montrer
l’importance de l’histoire mais aussi de se souvenir en permanence de nos
inimitiés avec l’Allemagne. Certains font remonter au traité de Versailles la
seconde guerre mondiale, d’autres pensent que c’est la modification du rôle de
l’histoire qui précipite les peuples dans la guerre. Il s’agit de faire passer
« dans le lait des nourrices » (rf : le banquet) la haine de
l’Allemagne. L’histoire est ici une production non pas du passé mais du présent
qui vise le futur, en même temps il faut quitter la vision d’une histoire
événementielle. Ce ne sont plus les faits qui importent mais les périodes, les
séquences qui engagent une réflexion sur le temps, l’histoire comme pont entre
le passé et le futur (rf : Bergson).
B-L’histoire comme choix
Les événements ont lieu mais le choix de leur importance dépend de leur
volonté. Aujourd’hui pour construire un journal télévisé 150 dépêches tombent
sur des téléscripteurs mais une dizaine sera retenue à partir de deux critères
la proximité culturelle et la loi du mort-kilomètre. Si un tremblement de terre
a lieu à Los Angeles il fait la couverture du journal en France s’il y a eu un
en Indonésie en dessous de 5000 morts on l’évoque juste aux dépêches
internationales. La loi du mort-kilomètre en journalisme suppose plus un mort
est près de nous plus il nous concerne, l’éloignement géographique suppose un
seuil quantitatif en deçà duquel nous ne sommes pas intéressés. D’où
l’implantation actuelle dans les journaux télévisés d’une page locale où nous
sommes dans l’immersion d’une boulangerie « Triffeuilli les
Amioches ». La sélection de l’événement est donc conditionnée par des
facteurs de réceptions de celui-ci, nous sommes là dans l’actualité mais il
n’en va pas autrement dans l’histoire. L’historien fait d’abord un choix,
travailler sur la Révolution Française en choisissant l’angle de
Marie-Antoinette ou de Robespierre suppose une différence de focale ou même
idéologique. Il y a dans le choix de l’événement historique une part subjective
qui engage une part de recherche. Alors comment aboutir à l’idée de preuves
dans l’histoire ?
C-La notion de preuve en histoire
En fait, un seul événement ne permet pas d’avoir une certitude
scientifique sur la réalité de ce fait. Par exemple, la Shoah est prouvée par
une multiplicité de faits, de témoignages et de sources. L’existence des camps
d’extermination est prouvée par les registres tenus par les SS et par la
numérotation des déportés, le livre d’entrée ne comportant pas de sortie. De
même l’analyse de la cartographie européenne des trains permet de visualiser
les trajets jusqu’aux camps d’exterminations avec le nombre de personnes ayant
voyagées sans retour. Les archives de la gestapo, de la SS, de la wehrmacht
permettent d’authentifier la démarche de la solution finale, on peut y
adjoindre les documents des industriels allemands Siemens, Mercedes, … qui ont
établis les plans des camps d’exterminations, les maquettes et les chambres à
gaz. Il y a un entrecroisement des sources qui valident toutes la même
interprétation, la preuve est donc fournie par une enquête historique qui ne se
contente pas d’un fait isolé. Cette enquête doit être systématiquement fait
afin de valider ou non une vérité. Un général de Napoléon, Marbleau consigne
dans son journal un fait de guerre, il aurait traversé les lignes ennemies.
Traverser le Tanube pour faire des prisonniers et les ramener. Longtemps ce
fait a été consigné comme historique, l’histoire comparée va interroger et
croiser les événements pour valider ou invalider ce fait. D’abord on se sert
des plans des campagnes de l’armée autrichienne et on se rend compte que
l’emplacement des camps militaires ne correspond pas à la possibilité d’une
attaque de ceci dans la nuit du 4 mai 1806. De plus, l’analyse des crues du
Danube permet de savoir la date dite qu’il est impossible de le traverser.
Marbleau demande à Napoléon une demande de promotion sans mentionner ce fait
d’arme. Ces trois éléments permettent d’invalider cet événement d’avoir eu
lieu. On peut travailler sur les formes de l’historiographie.
D-L’historiographie
La première forme d’histoire est l’histoire originale, celle-ci est
narrée par celui qui la fonde c’est la guerre des Gaulles racontée par Jules
César. Il envahit la Gaulle et raconte ses conquêtes or c’est une histoire
subjective et animée par une culture et une attention. On croise dans la forêt
des hordes de gueux et un peu plus loin sur un talus un cheval blanc avec une
corne entre les deux oreilles. On le voit le récit historique se brouille d’un
récit mythologique, il est extrêmement difficile de produire de l’histoire à
partir de tels documents. D’où le passage au second type d’histoire, l’histoire
objective. Il s’agit d’une histoire qui consigne les faits sans tenir compte
des émotions. Or on se rappelle de Lamartine qui décide de s’isoler dans sa
maison au grenier pour écrire l’histoire de son temps, pour écrire l’histoire
objective de la Révolution Française. Or il écrit une histoire romantique de la
Révolution Française, on ne peut se soustraire à son temps, l’histoire
objective soit assèche les émotions= Marignan 1515 mais où sont les corps
mutilés, l’odeur du sang, les râles des agonisants, … C’est la chair même de
l’histoire qui a disparue, l’histoire objective n’est plus « qu’un vagabondage parmi
les tombes » Hegel. L’histoire objective est impossible car elle
supposerait le géométrale de l’événement, les conditions exactes de son
déroulement, la météo, … Aussi le troisième sens de l’historiographie est la
philosophie de l’histoire qui propose une interprétation des événements qui
accepte le fait que l’événement est construit et sert à savoir le présent. La
philosophie de l’histoire s’écarte de l’histoire archiviste pour déterminer des
tendances. Hegel pose que ce type d’histoire est celui de l’époque contemporaine.
Il y a une saisie de l’événement qui doit servir à la construction du présent.
Ici l’historien utilise le passé pour découvrir des tendances, Hegel situe
l’historiographie dans un mouvement dialectique. Pour Hegel il y a la mise en
avant dans l’histoire de principe de l’esprit, l’historiographie est le cadre
de la réalisation de l’esprit c’est-à-dire l’histoire est le terrain de la
venue à l’homme, de la conscience de sa propre existence et de la saisie du
monde extérieur comme prolongement de celle-ci. C’est la raison qui gouverne le
monde, d’abord à travers les passions des hommes. Il y a d’abord l’agitation
des passions, puis leur recouvrement par une raison dominatrice et enfin
l’époque industrielle qui vient combler le désir avec l’avènement d’une société
rationnelle. Chaque changement pour Hegel constitue un progrès, l’histoire est
le lieu de la réalisation de l’esprit. Ici nous sommes dans une histoire
cumulative où la notion de progrès est active, elle est saisie par le mode de
la technique avec un enrichissement continu. Les périodes de crises n’étant
rien d’autres que la configuration d’un autre moment. Ainsi la guerre elle-même
devient une source de progrès et doit être analysée à partir de cette avancée de
l’esprit. Napoléon Ier après la bataille Iéna regardant les cadavres sur le
champ de bataille, dira « une
seule nuit de Paris réparera cela ». Ainsi l’histoire devient le lieu
d’exercice du pouvoir où peut se rencontrer un sens de l’histoire.
Cours d'un élève.