Philosophie

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vendredi 1 novembre 2013

Existence et temps - introduction



Existence et temps

 Le temps est le cadre de l’existence. Nous sommes sans cesse bordés par une durée qui nous permet à la fois de saisir et d’appréhender notre identité. Le temps est irréversible, il est le lieu où les actions se fabriquent. Il est à la fois du côté du temps qui passe et du côté des promesses à venir. Il porte tous les espoirs et souvent nous aimerons reprendre les paroles du poète « ô temps suspend ton vol » pour pouvoir suspendre un instant de bonheur. Dans ses confessions St Augustin pose que si tous savent ce qu’est le temps, personne ne peut le définir. 

Ce que nous connaissons c’est le présent du présent, lorsque nous regardons en avant ou en arrière nous avons le présent du passé et le présent du futur. Le présent est comme un pont jeté entre le passé et le futur. Cette image permet de comprendre que nous tentons sans cesse de saisir la spécificité du temps en le spatialisant, en le rendant objet. 

Il faut distinguer entre deux types de temps. Le temps mathématique d'abord qui est celui du découpage où chaque instant est séparé de l’autre. Ce temps est ainsi sans le mode de l’espace ou du calendrier. Il existe aussi un autre temps qui est celui de la conscience, celui-là est du côté de l’épaisseur du temps, de la durée donc de l’élasticité. Nous avons l’expérience intime de l’ennui où le temps ne passe pas et  aussi l’expérience d’un temps qui file comme si les heures étaient des instants. C’est la conscience qui donne le contenu du temps, c’est mon investissement qui donne l’épaisseur de la durée. Au contraire l’instant mathématique ne  permet pas de rendre compte de l’originalité de ma conscience. La conscience suppose une continuité donc la fabrication dans l’instant d’une temporalité active. Le temps de la conscience suppose l’élaboration de la langue, de ses structures et de sa syntaxe. Pour penser le temps nous le pensons du côté de  la structure sujet-verbe-complément et nous créons un espace de circulation de la conscience. Cela nous permet de poser que le temps n’existe que pour la conscience. En fait nous propulsons dans le temps la causalité qui valide. Le point T est celui de la saisie par la conscience du présent qui l’habite. Autrement dit pour l’Homme le présent n’est maintenu que par un effet constant de conscience. Pascal dira ainsi que « nous sommes dans l’immensité de l’univers et notre seule bouée est l’existence de la conscience car nous sommes des poussières dans l’infini,  la plus faible créature ». Nous devenons plus fort par l'effet d'une conscience qui permet de prendre la mesure d'un univers qui nous dépasse et que pourtant nous pouvons comprendre et saisir par notre coeur et notre esprit.  Le temps permet de réguler notre vie sociale et nos repos, au début le temps est solaire et dépend des astres. Les premières horloges à eau sont créées qui vont donner les mécaniques du temps.  Ces mécaniques ont pour avantage de cadencer artificiellement  et mécaniquement la vie humaine, désormais il y a douze heures de jour et douze heures de nuit. On a vu très vite l’avantage d’un temps normé celui-ci sera inventé dans les monastères durant le moyen-âge. Deux moines en permanence lisent les écritures saintes de manière à produire des repères spirituels à partir d'un marquage spatial. Cet avantage du temps donnera dans son extension l’invention de l’horloge qui d’abord engage des considérations spirituelles pour rejoindre celles matérielles. Mais le temps dans son découpage même recouvre d’anciennes préoccupations. Zénon énonce un paradoxe lié directement à cette construction temporelle.



Paradoxe de Zénon :

Le découpage du temps implique sa compréhension spatiale, elle produit une contradiction pratique, une flèche tirée doit d'abord parcourir la moitié de la distance qui la sépare de la cible. Ainsi la flèche doit parcourir la moitié de la distance initiale, puis parcourir la moitié de la moitié de la distance initiale, etc. La démonstration est infinie, la flèche n’atteindra jamais sa cible. Si on importe dans le temps l’espace alors les difficultés de la spatialisation s’additionnent à ceux de la temporalité.

La Mort

 Le lien qui demeure à éclaircir avec le temps est celui de la mort, ici on peut reprendre Epicure qui dans la lettre à Ménécée pose que « si je suis vivant la mort n’est pas là et si la mort est là alors je ne suis plus ». Derrière cette formule, il faut entendre que la mort n’est rien pour nous, elle est une idée, une pensée et tant que j’ai cette pensée je suis vivant. La préoccupation de la mort est une préoccupation inutile, je ne peux pas expérimenter la mort de mon vivant mais je peux expérimenter la mort de mes proches. Je peux expérimenter la douleur de la perte mais la douleur de la perte suppose la vie. Il n’y a pas de coïncidences entre la vie et la mort. La mort est sans objet c’est-à-dire qu’elle est liée à une angoisse celle de penser de son vivant mort. On se projette dans un état dont on ne peut être contemporain, il n’y a pas de peur de la mort mais une angoisse de la mort. La peur suppose un objet identifié est la mort est sans objet, elle recouvre donc la dimension de l’angoisse qu’elle submerge. La mort est le contraire de l’existence, esquiver c’est sentir et réfléchir d’où la distinction au cœur-même de l’existence entre être et exister (référence au tableau dans la leçon sur la liberté). L’existence va engendrer un au-delà que l’on peut appeler une théorie des arrières mondes. Derrière le monde qui est le notre il existe un autre monde véritable qui disqualifierait notre existence sensible. Cette théorie des arrières mondes est portée par  qui vient trancher sur l’invisible du visible en donnant une priorité de l’anhistorique sur l’historique.





dissertation : le temps est-il la forme de mon impuissance ?


corrigé rapide : le temps est-il la forme de mon impuissance ?


L'analyse immédiate de la question indique que l'homme (moi) se trouverait "impuissant" donc démuni devant le temps. Le temps viendrait manifester la fragilité de la vie humaine et de la conscience, ce qui permettrait d'approcher de notre finitude par l'inexorabilité du temps qui passe. Mais ne peut-on penser au contraire le temps comme le lieu de l'exercice d'une puissance ? La forme prend ici la détermination d'une mise en place, du choix d'une construction qui engage l'homme du côté d'une domestication du temps qui correspond strictement à une prise de conscience de lui-même dans le temps.

Le temps forme de mon pouvoir :

L'homme du temps est aussi celui des projets. Rien ne peut s'accomplir sans une volonté consciente d'elle même, la conscience du temps est aussi la possibilité d'un travail sur le temps et soi-même. Pour Bergson le temps de la conscience est celui de la durée, de l'épaisseur même du plaisir ou de l'ennui, du désir où de la peur. Le temps est alors le témoin de ma perception, 1 heure d'ennui où 1 heure de plaisir n'ont pas la même durée, l'un est infini l'autre passe comme un instant.

Le temps forme de mon malheur

Le temps est aussi celui des malheurs, de ce qui s'arrache à moi : c'est le temps qui passe et jamais ne revient, c'est le moment de plaisir qui fugace est déjà souvenir et regret, la mélancolie est son contenu.

1 -  Le temps possède une forme, il est l'espace de notre action, le lieu de notre existence.

Il faudra développer ici l'idée d'une liaison entre le temps et la liberté. Le fait d'être "jeté au temps" impliquant que seule notre action est la marque de notre présence et de notre volonté.

2 - L'impuissance de l'homme n'est telle que par rapport au fantasme d'une puissance possible sur les choses, les êtres, la nature.

Le cadre de ce qu'est l'impuissance demeure à définir, par rapport à quoi et à qui ? Est-ce dire que seul le temps empêche notre hégémonie ? Le lieu de l'impuissance peut-être en dehors de ce tissu, dans l'abime des passions, des désirs, des frustrations... Le temps n'est plus alors que le témoin de d'une débâcle qui prend comme dimension le pan de l'existence elle-même.

3 - Le temps est informe, il est une production de notre conscience, le réceptacle d'une pensée qui se prend elle-même pour mesure.

Le temps n'existe pas en dehors d'une conscience qui le pense, peut le réfléchir et le qualifier.