Philosophie

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vendredi 7 novembre 2014

Correction intro - texte de Alain - Définitions





Correction texte Alain, Définitions

L'idée générale du texte d'Alain réside dans une confrontation de l'âme au corps, l'âme est une force qui s'oppose aux exigences du corps, une force de refus capable de définir l'homme comme un être pouvant dépasser ses pulsions, ses craintes, ses intérêts. L'enjeu est à travers cette célébration de l'âme de montrer qu'elle est le lieu d'une identité qui vient se confondre avec une forme d'exigence morale. Ce texte redonne à l'âme une place que la querelle des modernes et des contemporains lui avait retiré. L'âme donnerait à l'homme sa dignité. Opposition d'une force physique et animale à la grandeur d'une conscience qui seule nous détermine comme homme. Cela bouleversant la définition de la folie, l'inconscient n'est pas un trouble de la conscience mais du corps.
Pour ce faire l'auteur précède en 3 moments. L'auteur commence par définir l'âme comme une force de refus, capable d'une résistance aux exigences du corps, avec une assimilation de l'âme avec l'identité même de l'homme. Puis Alain distingue les états de la confrontation de l'âme au corps, posant que le corps porte avec lui la folie qui n'est pas une affection de la conscience mais de son absence. L'exemple qui vient conclure le texte est l'explication d'un terme qui accompagne la décision de l'âme : la magnanimité s'illustre dans une action qui porte avec elle la grandeur.

dimanche 2 novembre 2014

commentaire : Sartre / corrigé rapide



Corrigé du commentaire :

Le texte de Sartre oppose 2 conceptions de la liberté : l'une héritée du sens commun l'autre portée par l'analyse philosophique. Le sens de cette opposition repose sur une querelle qui prend sa source avant son commencement. Si Sartre écrit "qu'il faut, en outre, préciser..." c'est bien parce que l'entreprise vise à une définition la plus claire possible du sens de la liberté et qu'elle ne commence pas avec l'extrait que nous possédons. Que veut dire "être libre"? D'abord qu'est-ce que cela ne peut signifier : obtenir ce qu'on a voulu. Ici nous pouvons nous interroger sur le sens de cette proposition. En effet si nous avons souhaité un résultat et que nous l'atteignons nous pourrions penser que la réalisation de l'objectif posé est en soi un élément de la liberté. C'est du moins ce que nous pourrions tous penser. Et c'est justement cela que dénonce Sartre. Cette facilité a confondre liberté et satisfaction. Ce serait l'obtention du but de l'action, sa satisfaction, qui serait la véritable liberté - confondant ainsi le but de l'action comme fin et la réalisation de la liberté. Disqualifiant ainsi le projet comme porteur d'une liberté non réductible à la seule obtention de sa fin.  Le coup de force de Sartre réside à cet endroit : la liberté n'est pas liée (seulement) à la fin visée mais réside comme projet dans l'individu qui le porte. La liberté n'est pas un accident de la finalité mais implique la mise en mouvement du sujet à partir de sa volonté. Ce n'est pas le "succès" qui importe à la liberté mais... le projet. Nous ne sommes pas libre  au terme d'un processus qui mesure la réalisation concrète de la liberté mais dans l'initiative, dans la décision de se mettre en mouvement vers une fin. Être libre ne dépend pas de la réalisation mais de l'initiative - c'est justement ce qui nous distingue comme être humain. C'est paradoxalement l'acte de penser lui-même qui est l'indice le plus sûr de la liberté, l'acte de décision d'un sujet qui vise par la pensée un mouvement et qui se met en mouvement pour l'atteindre - ce que Sartre nomme un début de réalisation. Il s'agit ici du lien de la liberté à l'action, à la mise en mouvement et non à l'attitude de satisfaction et de contemplation qui suppose, au contraire, le soustrait de l'action dans la contemplation immobile du résultat. Ce qui importe à la liberté c'est la décision prise et non sa possible réalisation - en mettant la liberté à l'abri de l'obtention de la fin de l'action Sartre pose l'action comme le seul moment de la liberté. Le début de l'acte libre est dans le pro-jet dans cette anticipation de l'action qui guide ma volonté et produit sa réalisation concrète. Ici Sartre insiste sur la qualité de la volonté qui se tourne vers l'action et non vers la une forme de fantasme, de rêve ou la pensée ne rencontre qu'elle même. Ici se pose pourtant un problème, la seule façon d'assurer notre liberté est de rencontrer le réel - les autres volontés et les choses elles-mêmes dans un mouvement qui tente de fabriquer un espace de réalisation. Dire "je fais' c'est déjà s'engager, c'est intervenir pour construire. Mais Sartre oriente différemment la liberté : l'autonomie du choix est l'élément central de la liberté. Penser par soi-même, décider seul, vouloir par et pour soi - ici la liberté échappe aux "circonstances" qui sont des accidents de la liberté : l'histoire des événements, de la morale, de la politique n'engage pas le sol de la liberté mais seulement ses conditions. Alors nous pourrions assimiler le choix au faire - l'acte de faire est par lui-même le choix. Il ne s'agit donc pas d'une liberté abstraite mais d'une confusion entre la volonté et de l'acte de faire - vouloir c'est agir ou dit autrement nous sommes (décidons) ce que nous faisons. Il y a une identité du faire et du choisir dit Sartre - nous ne devons pas séparer l'espace de l'action du temps de la décision. Le souhait se trouve ainsi lui aussi disqualifié : le souhait est une pensée d'action, de réalisation mais il n'est aussi qu'une action en devenir, en ferment, sans un sol suffisant pour s'édifier. Sartre prend alors l'exemple du prisonnier, paradigmatique de la situation de contrainte : celui-ci n'est pas libre de sortir précise t'il mais il l'est de le vouloir. L'empêchement n'empêche pas la liberté de vouloir y échapper : et pour cela qu'il peut, qu'il doit, essayer de s'évader. La condition du prisonnier comme être libre étant dans cette possibilité de vouloir se libérer de ses contraintes dans une "pro-jection" de son évasion - littéralement dans une anticipation qui est aussi une action par le déplacement qu'elle produit dans sa propre vie. Et ici c'est l'action qui renseigne le sujet sur sa propre liberté, l'action guide ainsi le sujet et l'éclaire sur sa propre identité d'être libre. Être libre étant chercher à l'être. La valeur de son projet ne pouvant se produire que par un "passage à l'acte" qui engage le sujet dans sa propre liberté.