Philosophie

Mise à disposition d'un matériel permettant de travailler les cours de philosophie.

dimanche 28 octobre 2012

religion et magie



La religion :
  
La religion s’extirpe d’abord de la gangue de la magie :
La magie est la volonté d’agi sur la nature par des moyens psychologiques, le monde est constitué par des forces que l’on peut dompter et diriger par des paroles. C’est ici la stratégie de l’animisme car « le monde est plein d’âmes ». S’emparer du symbole c’est atteindre la chose : le nom secret de Rome est conservé jalousement car celui qui le possède conquiert la ville,
La sorcellerie se lie à l’idée qu’il existe des forces cachées dans la nature, inconnues du profane.
Malgré ses multiples échecs elle demeure jusqu’aujourd’hui – elle porte avec tant d’espoirs et de désirs, la vie et la mort, qu’elle demeure protégée du discrédit. Elle ignore les lois de la nature mais toute la culture humaine s’enracine pourtant en elle.
La magie est aussi la première affirmation de la puissance de l’homme. La magie est déjà une  mystique en cela qu’elle annonce un autre monde au-delà du monde visible. Il y a affirmation d’un primat de l’invisible sur le visible, la magie place le sorcier et ses disciples en communion avec la force qui anime la nature entière. La magie engage un principe de sympathie : la croyance que l’homme peut participer à ce monde.
En cela la magie annonce la religion…

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La religion dérive d’abord du latin « religare » : le lien de l’homme au divin
                « religere » : le respect ou le soin qui s’oppose à « neglegere » négligence.
Il signifie : vouer un culte, ferveur passionnée.  Il marque ainsi la séparation entre le sacré et le profane.
Dans les deux cas la religion marque un sentiment de profonde dépendance de l’homme – l’homme évolue au sein de forces qui le dépassent infiniment et qui lui inspirent des sentiments mêlés d’effrois et d’adoration.
Le prêtre est alors un pont entre profane et sacré – tout comme le magicien qui bénéficiant d’un don accéderait à l’invisible.
Pourtant la religion est aussi le contraire de la magie – cette dernière prétend emprisonner la nature et Dieu dans sa nasse, elle prétend encore enchaîner le monde par ses sortilèges – au contraire la religion est un acte de confiance en Dieu, l’homme religieux s’incline devant les volontés de Dieu. Ici on distingue la prière de la religion à l’incantation magique : la prière est acceptation (Tout ce qui arrive est adorable – Teihard de Chardin) alors que l’incantation ou le sortilège sont des commandements portés vers la nature. Le sorcier est un technicien qui commande et ordonne alors que le prêtre se soumet. 


jeudi 25 octobre 2012

Être conscient est-ce être libre ?


  Plan détaillé

Être conscient est-ce être libre ?
Intro
A la question de savoir si le fait d’être conscient peut se confondre avec la liberté nous répondrions d’abord que si la liberté ne se résout peut-être pas entièrement dans la conscience elle en est la condition nécessaire. Car enfin l’alcoolique qui commet des actes dont il ne gardera pas même le souvenir, le drogué qui perd connaissance, l’aliéné qui ne peut diriger sa propre existence sont dans cette situation où la volonté est détruite. Cette assimilation immédiate de la conscience à la liberté ne va pas sans certaines restrictions pourtant, car la conscience est aussi cette part qui nous permet de nous saisir comme fini, la conscience de la mort est une entrave à la liberté. De même la conscience n’implique parfois que ce calcul froid qui n’est pas sans évoquer le pire en l’homme, n’est-ce pas le XXième siècle qui met en place le totalitarisme, forme de raison folle ?
Nous verrons d’abord que la connaissance de soi et du monde que la conscience apporte sont les gages d’une forme de liberté. Mais il faudra poser aussi que science n’est pas conscience, la seule connaissance n’est pas en soi libératrice si elle ne peut se mesurer à des valeurs plus grandes. Ce serait la conscience morale qui serait porteuse de liberté par sa capacité à éprouver l’action et l’évaluer.

1°)          la conscience se confond avec  la liberté

a          a)      Le cogito est l’effort de la liberté pour s’affranchir de l’argument d’autorité. Descartes met en place la conscience comme le fondement non seulement de l’existence de l’homme mais aussi comme l’instrument d’une maîtrise du monde extérieur et la possibilité de sa reconstruction après le doute méthodique / le doute est cette suspension du jugement qui refuse désormais l’adhésion dans l’obscurité.
b          b)       La connaissance de soi permet de refonder l’édifice de la pensée en même temps que de nous rendre libre / être libre c’est alors pouvoir juger des choses autour de moi et en moi / la connaissance est libératrice car elle permet d’agir sur les choses – la science est en ce sens le résultat direct d’une prise de conscience à travers le cogito. Pascal peut ainsi écrire que si l’homme est un roseau c’est un roseau pensant, alors qu’il est la plus faible des créatures, qu’il se connaît misérable pourtant il dépasse l’univers lui-même car il a cet avantage par rapport à lui de se connaître ainsi. La pensée de Descartes projette l’homme du côté du progrès technique, il inaugure les lumières par la découverte du cogito, première pierre dans l’édifice de la modernité.
             c)     Rousseau en se promenant dans une forêt découvre une scierie et trouve ce spectacle terrible, le progrès technique n’étant pour lui qu’une illusion. Ainsi la société des arts et des techniques n’est pour lui qu’une chaîne sur laquelle nous avons mis des fleurs. Nous devenons esclave des instruments qui doivent nous servir et plus encore nous oublions par le « divertissement » ce qui est véritablement important. Comme les romains qui dans l’antiquité s’abrutissaient au spectacle de la mort des hommes dans l’arène. 

2°)                          La science en se confondant avec la conscience ne permet plus d’atteindre la liberté autrement que comme un outil.

a)      Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. La seule recherche de la connaissance est alors une perte de l’humanité elle-même. Pascal se dit perdu dans un univers ou la circonférence est partout et le centre nulle part. En agrandissant prodigieusement notre environnement la science n’autorise plus le rêve, elle engage un désenchantement du monde. La fin des illusions sur notre condition.
b)      C’est la triple blessure narcissique que Freud expose. L’homme n’est plus au centre de l’univers, il n’est pas même le centre de la création et bientôt plus le centre de lui-même. La découverte de l’inconscient sonnant le glas d’une conscience maître d’elle-même et de ses représentations.
c)       Ainsi la conscience n’est plus ce bloc capable de tout saisir, le ça est en nous cette part aveugle qui détruit la liberté par la libération des pulsions. Son opposé le surmoi n’étant pour sa part qu’une limitation excessive de tous les désirs et possibles.

3°)       Seule la conscience morale permet d’atteindre la liberté.

a)      La conscience morale est l’arbitre de notre action, la volonté prend la forme de la liberté lorsqu’elle vise en même temps que soi autrui. Ainsi Lévinas peut-il poser qu’en l’homme tout est regard, c’est l’humanité que je vise dans cette main, dans cette partie de corps qui me conduit inexorablement à reconnaître l’humain partout où il se trouve. La conscience peut supposer la contrainte, et c’est alors cette entrave qui devient le signe de ma liberté.
b)      Les résistants pendant la seconde guerre mondiale sont libres car la conscience de l’iniquité du nazisme est en soi liberté. Vercors dans « le silence de la mer » vient signer le premier acte de conscience de la résistance intellectuelle et annonce déjà le sort de toute dictature. 
c)       Il y a pour l’homme une condamnation à la liberté dit Sartre, position paradoxale d’une conscience qui est libre et ne peut le supporter, ce n’est pas l’entrave qui fait peur mais bien le vertige de la liberté qui se confond avec celui de la responsabilité – alors la conscience est cette action par laquelle je sais que je sais en même temps que je découvre la portée morale de mon action et me juge en la jugeant.