Philosophie

Mise à disposition d'un matériel permettant de travailler les cours de philosophie.

vendredi 4 janvier 2013

La société / début du cours pris en notes par un élève


 LA SOCIÉTÉ



La société est le nom donné à un rassemblement d’hommes et de femmes qui forment une communauté c’est-à-dire qui ont en commun un certain nombre d’éléments: la langue, une culture, une religion, un but… Faire société en ce sens c’est construire un groupe qui est fédéré par intérêt commun, souvent il y a confusion entre la forme sociétale et la forme politique. Mais avant d’engager cette réflexion il faut revenir à l’opposition initiale entre société et nature. Si la société est du côté de l’acquis et la nature est du côté de l’inné donc il y a une opposition entre naturelle et artificielle. Le terme d’artifice signifie fait par la main de l’homme. La société serait le lieu spécifique de construction de l’humanité c’est-à-dire d’une sortie de la nature et simultanément de l’animalité. En ce sens le remplacement le remplacement des lois biologiques ou de l’instinct suppose la construction de lois positives qui vont devenir la démocratie, si nous partons de l’idée que tous les efforts de la civilisation tiennent dans l’écart maximal dans la loi du plus fort telle que se dessine dans l’état de nature. La nature abrite des comportements biologiques et une structure hiérarchique intra-spécifique rigide, on pourrait écrire que l’animal est aujourd’hui ce qu’il sera dans mille ans. Il y a une fixation de l’organisation naturelle chez l’animal au contraire chez l’homme il y a une élasticité de l’organisation, il y a une transformation symbolique majeure, des ruptures, des passages qui sont des ruptures. C’est ce que nous nommons l’histoire faite de bruits et de fureur mais aussi d’apports technologiques et intellectuels qui modifient la perception que nous avons de l’environnement. Ici nous avons une différence majeure entre nature et culture, entre animal et homme : alors que l’animal s’adapte à un environnement, l’homme adapte l’environnement à lui. Qu’est-ce que la société ? C’est le moyen particulier de l’homme de s’approprier l’environnement. Il y a donc autant de sociétés que de saisies particulières de l’environnement. La société suppose une organisation interne mais aussi une organisation externe permettant le contact avec d’autres sociétés c’est-à-dire d’autres usages de l’environnement. Faire société c’est donc partager une même vision des choses et accepter explicitement et/ou tacitement une façon de comprendre les rapports entre les hommes et de les justifier. On a même utilisé ce terme dans le champ du commerce pour signifier une unité d’intérêt, une société commerciale est construite pour satisfaire un besoin et engager des profits. Cependant il ne faut pas confondre l’une et l’autre car la première vise un accroissement sociale du bien être et la seconde vise un intérêt non-désintéressé. Marx dans la préface du capital dit que « c’est le travail qui permet de ne pas rester en lisière". Autrement dit c’est le travail comme intermédiaire entre l’homme et la nature qui la transforme, transformant ainsi sa propre condition. Rester en lisière signifie rester à l’écart du monde, ne pas rencontrer sa chair. Bataille écrivait « que l’animal est comme de l’eau dans de l’eau », indistinct à son milieu comme à lui-même.






vue du Tokyo

L’état de nature

Le terme nature signifie étymologiquement : naitre; en ce sens on parle d’elle souvent comme mère nature. En un autre sens la nature est la matrice dans laquelle les êtres et les choses se déploient. Elle est souvent assimilée à une puissance, elle prend donc la signification d’une divinité. Elle s’oppose à la civilisation en ce cycle que l’ordre naturel serait en dehors de la détermination du juste et de l’injuste. Pourtant elle sert de modèle au naturalisme politique à ceux qu’on nomme les jurisconsultes qui sont les tenants du droit naturel. Celui-ci se formulerait ainsi à celui qui est le plus fort dans la nature est le meilleur dans la société. Aristote l’écrira ainsi « certains sont nés pour dominés et d’autres pour être dominés». C’est ici la justification naturelle de l’esclavage, la nature n’aime pas l’égalité. Il y a des forts et des faibles. Cette mise en place s’effectue bien avant la compréhension du mécanisme du vivant tel que Darwin l’explique dans sa théorie évolutionniste. Celle-ci pose qu’il y a une sélection des espèces, seuls les individus les plus viables pour l’espèce se reproduisent. Il y a donc une évolution des espèces en même temps qu’une sélection. Cette pensée peut être mise en parallèle avec la théorie de Lamarck de l’espèce en développement qui engage une hérédité des caractères acquis. Cette position est intéressante car elle montre à la fois une révolution et une adaptation à des causes exogènes. Lamarck met l’environnement comme premier facteur des mutations, les chauves souris vivent dans l’obscurité et émettent des ondes sonores pour préserver l’espèce. Le premier à réfléchir ce système d’adaptation pour les hommes c’est Vico qui à partir d’une climatologie qui provoque une adaptation génétique. Ainsi le réchauffement climatique va assécher les terres réduisant les forêts primaires et favorisant l’apparition de steppes et de toundra qui va contraindre l’homme à descendre des arbres pour chercher leurs nourritures. Dès lors ils deviennent la proie des prédateurs aussi il va se redresser et quitter la position à quatre pattes et libérant ainsi ses membres supérieurs, libérant aussi ses mains et les rendre libres pour la vie. En effet, la main a pour particularité chez l’homme d’être grâce au décalage du pouce en situation de pince et permet à l’homme d’accéder à la technique. Symboliquement l’homme debout est aussi l’homme des lointains et est aussi le symbole de la prévisibilité et des calculs dans le temps. Ici on comprend que le passage de la nature à la société est aussi nécessité par une modification de l’environnement extérieur. Il y a une physiologie de la société au sens où c’est l’adaptation de la nature qui nous permet de nous associer en même temps cette adaptation est très ancienne puisqu’ Aurora est notre plus ancienne ancêtre qui a vécu il y a douze millions d’années en Afrique, au Kenya.

















 































mercredi 2 janvier 2013

corrigé du texte de Nieztsche / commentaire de texte






Commentaire corrigé  :

Tout d'abord il faut rappeler que l'introduction est constituée de 2 blocs,  le 1er  comprend la présentation du texte puis l'idée générale et enfin l'enjeu. L'IG est fidèle au texte, elle extrait son idée principale en quelques lignes. L'enjeu pour sa part est dans une distance plus grande et pose la question du texte dans ce qui le dépasse, le débat d'idées et l'extérieur lui-même. L'IG est le dedans où le micro alors que l'enjeu est le dehors ou la macro, dans un rapport d'agrandissement de focale qui va du petit au grand, du particulier au général. Ensuite le deuxième bloc comprend le découpage du texte avec pour chaque partie un bref descriptif sous une forme progressive. Les 2 blocs s'équivalent en longueur. Il faut rappeler que le découpage correspond aux parties qui seront entreprises dans le commentaire. Le choix des parties détermine donc la structure du commentaire. 

Exemple :

Le texte proposé à l'étude est extrait du Gai savoir de Nietzsche. L'idée générale du texte réside dans l'affirmation que la conscience est le fruit du désir de secours et de protection de l'homme. C'est donc de la faiblesse de l'homme que la conscience est née, elle est entièrement tournée vers un échange qui justement est la partie la plus méprisable pour Nietzsche. L'enjeu est alors dans une définition paradoxale de la conscience qui n'est pas le centre du sujet mais au contraire un épiphénomène de la pensée qui s'exprime bien au-delà de cette volonté d'association tournée seulement vers l'échange. Nietzsche invite à découvrir un être qui ne dépend plus que de lui-même, seul et fort. 
Pour ce faire l'auteur procède en 2 moments précédés d'une courte introduction qui contient la thèse : la définition de la conscience est celle même de l'échange, elle est l'origine du lien entre les hommes. D'abord (3-9) il lui fallait exprimer sa détresse, c'est ce rôle que prend la conscience, dire la faiblesse et la volonté d'alliance. Et pour réussir cela il fallait d'abord que cette faiblesse l'homme puisse se la dire à lui-même. La conscience est un dialogue avec soi qui contient pour Nietzsche le pire de l'homme. Ensuite (9-14) cette pensée enfin consciente est comprise comme le tout de la conscience alors qu'elle n'est que sa partie superficielle, l'homme véritable est en dehors d'elle et de ses méandres.




Explication rapide :

"La conscience est un réseau de communication entre les hommes", c'est ainsi que Nietzsche déf. son unique raison d'être. En posant cela il fait de l'élément central de la philosophie un simple conduit permettant la transmission d'informations. Il revient sur ce qu'est l'homme, le plus faible des animaux comme Aristote le définissait. Il lui manque un instinct assez trempé pour résister seul à la puissance de la nature, alors il s'affaiblit en rejoignant ses semblables, croyant s'enrichir il se corrompt. Il fait de la faiblesse désormais une force. C'est cette conception que Nietzsche critique, son idéal se trouve plutôt dans cette "bête proie" qui arpente solitaire les forêts. L'émergence de la conscience est le fruit d'une corruption, celle de la nature animale de l'homme, son humanité se trouve entièrement dans le désir de protection. La conscience est le résultat d'une nécessité que Nietzsche qualifie de terrible et qui va forcer son développement. Il faut mettre en place une conscience capable de véhiculer toutes ses peurs et frustrations et d'abord il doit pouvoir les comprendre lui-même afin de les partager et ainsi les voir en autrui. La société est le résultat direct de la conscience, sa forme politique le rêve d'une faiblesse devenue maitresse du monde.

Il faut d'abord que nos sensations, impressions deviennent pour nous des objets que l'on peut saisir et ainsi partager. La conscience se place immédiatement dans un dialogue avec soi-même, n'est-ce pas là ce que nous nommons la pensée ? Plus encore le "moi" ? Le moi correspond à cette identité fabriquée à partir de la prise de conscience de moi-même, de moi comme je. Or c'est cela que Nietzsche conteste dans sa suprématie. Il propose de regarder en dehors et en deçà de la conscience pour retrouver l'homme tel qu'il était lorsqu'il était sans lui! Nous pouvons nous étonner de cette solution qui semble d'abord le renvoyer seulement du côté de la nature. Mais nous pouvons y lire aussi l'émergence et la prise de conscience de forces plus grandes qui agissent sur l'homme d'une manière plus impérieuses encore ; l'inconscient ou autrement dit cette "bouilloire" pulsionnelle qui ne répond ni aux conventions ni aux arrangements de la conscience domestiquée.

 
La conscience doit d'abord exprimer le besoin, l'inconscient exprime le désir sauvage, celui qui ne fait pas lien mais déchirure. Nietzsche en critiquant cette conscience toute puissante mise en place à la fois par la tradition philosophique et les intérêts de ceux qu'il nomme "faibles" produit une rupture épistémologique avec le dogme de la maîtrise de soi et de la liberté comme capacité de liaison avec autrui. C'est aussi pour Nietzsche certainement une rupture politique et anthropologique, il s'agit pour lui de gratter le vernis des conventions et des paroles pour regarder en face la force de la destruction pour retrouver la volonté de puissance de l'homme. Il ouvre ainsi les portes d'un monde plus vaste, quitter la conscience pour trouver une origine plus ancienne, une mémoire plus ancienne encore. Il est difficile d'ignorer ici que la pensée de Nietzsche peut nous entraîner vers ces zones d'ombres qu'il célèbre ainsi dans la généalogie de la morale : "et superbe voici la bête blonde qui tue, pille, viole". La critique de la conscience s'accompagne en effet d'un retour à la nature qui porte les germes de la destruction et non de la création. La fabrique de la conscience correspond pour Nietzsche à un affadissement de la volonté de vivre et certainement à une liberté qui se veut absolue tout en ne prenant pas clairement conscience d'elle même car elle n'est pas faite dans l'étoffe du langage mais dans celui de la force et de destruction. La pensée devient avec la conscience "signes d'échanges", du côté du commerce donc que les modernes qualifieront de "doux" et que Nietzsche méprise comme une hypocrisie des hommes qui tentent ainsi d'empêcher le surgissement d'une force réelle, celui de l'homme qui ignore les signes, les paroles et qui répond seulement à des commandements internes.