Philosophie

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mercredi 2 janvier 2013

corrigé du texte de Nieztsche / commentaire de texte






Commentaire corrigé  :

Tout d'abord il faut rappeler que l'introduction est constituée de 2 blocs,  le 1er  comprend la présentation du texte puis l'idée générale et enfin l'enjeu. L'IG est fidèle au texte, elle extrait son idée principale en quelques lignes. L'enjeu pour sa part est dans une distance plus grande et pose la question du texte dans ce qui le dépasse, le débat d'idées et l'extérieur lui-même. L'IG est le dedans où le micro alors que l'enjeu est le dehors ou la macro, dans un rapport d'agrandissement de focale qui va du petit au grand, du particulier au général. Ensuite le deuxième bloc comprend le découpage du texte avec pour chaque partie un bref descriptif sous une forme progressive. Les 2 blocs s'équivalent en longueur. Il faut rappeler que le découpage correspond aux parties qui seront entreprises dans le commentaire. Le choix des parties détermine donc la structure du commentaire. 

Exemple :

Le texte proposé à l'étude est extrait du Gai savoir de Nietzsche. L'idée générale du texte réside dans l'affirmation que la conscience est le fruit du désir de secours et de protection de l'homme. C'est donc de la faiblesse de l'homme que la conscience est née, elle est entièrement tournée vers un échange qui justement est la partie la plus méprisable pour Nietzsche. L'enjeu est alors dans une définition paradoxale de la conscience qui n'est pas le centre du sujet mais au contraire un épiphénomène de la pensée qui s'exprime bien au-delà de cette volonté d'association tournée seulement vers l'échange. Nietzsche invite à découvrir un être qui ne dépend plus que de lui-même, seul et fort. 
Pour ce faire l'auteur procède en 2 moments précédés d'une courte introduction qui contient la thèse : la définition de la conscience est celle même de l'échange, elle est l'origine du lien entre les hommes. D'abord (3-9) il lui fallait exprimer sa détresse, c'est ce rôle que prend la conscience, dire la faiblesse et la volonté d'alliance. Et pour réussir cela il fallait d'abord que cette faiblesse l'homme puisse se la dire à lui-même. La conscience est un dialogue avec soi qui contient pour Nietzsche le pire de l'homme. Ensuite (9-14) cette pensée enfin consciente est comprise comme le tout de la conscience alors qu'elle n'est que sa partie superficielle, l'homme véritable est en dehors d'elle et de ses méandres.




Explication rapide :

"La conscience est un réseau de communication entre les hommes", c'est ainsi que Nietzsche déf. son unique raison d'être. En posant cela il fait de l'élément central de la philosophie un simple conduit permettant la transmission d'informations. Il revient sur ce qu'est l'homme, le plus faible des animaux comme Aristote le définissait. Il lui manque un instinct assez trempé pour résister seul à la puissance de la nature, alors il s'affaiblit en rejoignant ses semblables, croyant s'enrichir il se corrompt. Il fait de la faiblesse désormais une force. C'est cette conception que Nietzsche critique, son idéal se trouve plutôt dans cette "bête proie" qui arpente solitaire les forêts. L'émergence de la conscience est le fruit d'une corruption, celle de la nature animale de l'homme, son humanité se trouve entièrement dans le désir de protection. La conscience est le résultat d'une nécessité que Nietzsche qualifie de terrible et qui va forcer son développement. Il faut mettre en place une conscience capable de véhiculer toutes ses peurs et frustrations et d'abord il doit pouvoir les comprendre lui-même afin de les partager et ainsi les voir en autrui. La société est le résultat direct de la conscience, sa forme politique le rêve d'une faiblesse devenue maitresse du monde.

Il faut d'abord que nos sensations, impressions deviennent pour nous des objets que l'on peut saisir et ainsi partager. La conscience se place immédiatement dans un dialogue avec soi-même, n'est-ce pas là ce que nous nommons la pensée ? Plus encore le "moi" ? Le moi correspond à cette identité fabriquée à partir de la prise de conscience de moi-même, de moi comme je. Or c'est cela que Nietzsche conteste dans sa suprématie. Il propose de regarder en dehors et en deçà de la conscience pour retrouver l'homme tel qu'il était lorsqu'il était sans lui! Nous pouvons nous étonner de cette solution qui semble d'abord le renvoyer seulement du côté de la nature. Mais nous pouvons y lire aussi l'émergence et la prise de conscience de forces plus grandes qui agissent sur l'homme d'une manière plus impérieuses encore ; l'inconscient ou autrement dit cette "bouilloire" pulsionnelle qui ne répond ni aux conventions ni aux arrangements de la conscience domestiquée.

 
La conscience doit d'abord exprimer le besoin, l'inconscient exprime le désir sauvage, celui qui ne fait pas lien mais déchirure. Nietzsche en critiquant cette conscience toute puissante mise en place à la fois par la tradition philosophique et les intérêts de ceux qu'il nomme "faibles" produit une rupture épistémologique avec le dogme de la maîtrise de soi et de la liberté comme capacité de liaison avec autrui. C'est aussi pour Nietzsche certainement une rupture politique et anthropologique, il s'agit pour lui de gratter le vernis des conventions et des paroles pour regarder en face la force de la destruction pour retrouver la volonté de puissance de l'homme. Il ouvre ainsi les portes d'un monde plus vaste, quitter la conscience pour trouver une origine plus ancienne, une mémoire plus ancienne encore. Il est difficile d'ignorer ici que la pensée de Nietzsche peut nous entraîner vers ces zones d'ombres qu'il célèbre ainsi dans la généalogie de la morale : "et superbe voici la bête blonde qui tue, pille, viole". La critique de la conscience s'accompagne en effet d'un retour à la nature qui porte les germes de la destruction et non de la création. La fabrique de la conscience correspond pour Nietzsche à un affadissement de la volonté de vivre et certainement à une liberté qui se veut absolue tout en ne prenant pas clairement conscience d'elle même car elle n'est pas faite dans l'étoffe du langage mais dans celui de la force et de destruction. La pensée devient avec la conscience "signes d'échanges", du côté du commerce donc que les modernes qualifieront de "doux" et que Nietzsche méprise comme une hypocrisie des hommes qui tentent ainsi d'empêcher le surgissement d'une force réelle, celui de l'homme qui ignore les signes, les paroles et qui répond seulement à des commandements internes.




















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