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dimanche 6 janvier 2013

L'injustice est-elle naturelle ? Correction STG / Question


 L'injustice est-elle naturelle ?

A la question "l'injustice est-elle naturelle?" nous répondrions dans un premier moment que c'est dans la nature elle même que l'injustice puise sa force. Puis nous comprendrons que tout l'effort de la société est de produire une justice qui n'existe ni dans la nature ni dans la société sans un effort des hommes pour sortir de la violence qui les habite. 

C'est d'abord dans la nature que nous trouvons l'injustice, cette "loi du plus fort" qui résonne dans le sens commun comme un dictat de la nature. La violence serait d'abord dans le cadre de la sélection naturelle, de cette nature qui sélectionne les plus forts pour permettre à l'espèce de survivre. Mais c'est peut-être alors une erreur de parler d'injustice. Nulle injustice lorsque le lion mange l'antilope, juste l'activation de la nature du lion, de son instinct qui n'engage pas sa liberté ou un autre choix possible. Car le juste et l'injuste suppose une mesure interne, une boussole permettant d'apprécier la bonté ou la malignité de l'action. Cette mesure se nomme la conscience morale et ne peut se trouver dans la
 nature sans une intelligence qui l'accompagne. La nature en ce sens est un concept régulateur dans lequel nous plaçons ce que nous ambitionnons pour elle. Ainsi la monarchie parle d'une loi naturelle imposée par la nature, celle de la force. Il y aurait un impératif de puissance que la nature imposerait à l'homme, si "certains sont nés pour dominer" d'autres certainement ne peuvent qu'obéir (Aristote). Cette conclusion impose le mode d'un gouvernement tyrannique ou la souveraineté ne peut se trouver du côté du peuple. 

Il ne se trouve ni juste ni injuste dans la nature, la cruauté est dans les hommes et seulement en eux, il n'y a pas de plus formidable danger que l'homme disait Hésiode, manifestant ainsi que si nous sommes les seuls à connaître la valeur de notre actions, nous sommes aussi la seule espèce capable de se détruire elle-même. Car la guerre n'est pas un état de la nature mais de la société. Le

pire côtoyant chez nous le meilleur. C'est parce que nous connaissons le Mal que nous pouvons énoncer le Bien : de cette connaissance provient certainement notre spécificité. La société est l'effort de domestication
des pulsions, il s'agit de modifier la pulsion de la destruction vers la construction. Modifier la pulsion qui d'abord trouve sa source dans la pulsion sexuelle pour l'employer du côté de l'amour et de la connaissance. Trouver une satisfaction collective à ce qui s'annonce du côté de l'égoïsme et de la haine de l'autre. Cet effort colossal est celui de l'édification de la civilisation qui transforme le plaisir et le déplaisir en bien et mal et qui fait donc avec des éléments physiques des valeurs psychiques ou morales.Il ne faut pas confondre injustice et inégalités : alors que l'inégalité est possible naturellement dans le rapport des aptitudes ou des dispositions physiques nous ne trouvons pas d'injustice qui suppose la connaissance du juste et sa négation. La volonté d'égalité des hommes provient justement d'une amplification de la justice comme mesure au champ du social. La justice pour Aristote se dédouble alors : une justice commutative où nous devons tous avoir la même chose et une justice distributive où chacun peut recevoir selon ses mérites. Et dans ce dernier cadre la justice réside justement dans l'affirmation d'une inégalité qui permet une appréciation de chacun selon son action.

Peut-être devrons nous conclure que ce n'est pas l'injustice qui n'existe pas dans la nature mais le concept de Nature lui-même qui est utilisé sans un véritable fond ou support. Celui-ci s'adapte sans cesse aux besoins des hommes, il représente certainement une mystification dont nous ne mesurons pas assez la force, le paradoxe étant que la nature ainsi crée vient valider ou invalider une façon de concevoir qui pourtant la précède.

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