Saint-Paul posait qu’il faut « dépasser la loi »,
cette loi dont il parle et qu’il faudrait
vaincre est celle du nomos grec, loi civile par excellence qui ne doit
rien aux lois des enfers, au thesmos, aux Dieux. Ainsi la pensée chrétienne
doit-elle d’abord s’écarter du génie grec afin de trouver sa voie propre. Il
faut remplacer l’homme par Dieu, la justice par la crainte. Il faut fonder
cette cité humaine sur le modèle de la cité céleste : la cité de Dieu est
le modèle de l’organisation de la société chrétienne.
Pourtant la démocratie est encore balbutiante, trop souvent nous sommes
incapables d’élever nos enfants par d’autres moyens que la crainte et le
tremblement. Il y a une incapacité de l’homme de renoncer à l’usage de la
violence, elle se fait sociale, elle prend la figure de la justice rendue, de
la légitime violence. Où bien elle s’entête et attaque le cœur même des
institutions qui sont pourtant son propre sang. Dans les arcades de la
conscience nous attendons toujours ce moment de la libération des forces que
nous contenons ; nous voulons l’écrasement de nos adversaires, la victoire
par domination physique ou intellectuelle.
Le jeu des forces est un je des forces, je suis moi-même
dans un rapport ambiguë et incertain à la violence et la force. La sécurité
peut-elle consister à l’écrasement des forces qui nous menace ?
Sommes-nous en train de fonder une légitime violence contre ceux qui menacent
la démocratie ? Cela peut-il se justifier ?
La
naissance de la démocratie en Grèce ancienne est liée à une représentation du
corps guerrier. Au gymnase se forge l’esprit de groupe en même temps que les
corps se sculptent. Il s’agit de renforcer le corps de la Cité, lui insuffler force et
esprit. Système qui pose à la fois une infinie liberté pour quelques hommes et
terrible esclavage pour les autres. L’esclavage devenant le signe à la fois de
la participation à un autre sang que celui des grecs et d’autres institutions
que celle de la démocratie. Parler et écrire le grec sont les conditions
nécessaires de la liberté. Torsion du vivre ensemble qui pourtant apparaît
comme l’invention politique majeure qui jusqu’aujourd’hui force l’admiration
des peuples.
La transformation du lien politique entre l'antiquité et la modernité :
Le pb du vivre
ensemble se pose toujours avec la même acuité depuis l’antiquité. Pourtant des
faits marquants ont modifiés la conception du politique.
1°) l’avènement
avec le christianisme de l’individu possédant une valeur infini
2°) la conception d’une technique
conquérante et d’une science capable de transformer le donné naturel
L’univers
politique moderne :
Cadre
historique
L’émergence
de la société occidentale se produit au moyen-âge à travers 3 phénomènes
1°) développement du commerce et de
l’artisanat qui provoquent la renaissance des villes dans le bas Moyen-âge et
provoquera l’effondrement de la royauté
2°) naissance de la science moderne et
d’un commerce mondial avec la circumnavigation (découverte de nouveaux mondes
au XVI et XVIIe siècles.
3°) création de la sté industrielle avec
la machine et la production de masse au début du XIXe
Cadre de
cette modification :
Fin de
l’artisanat, destruction de l’excellence dans le travail
Le libéralisme est une pensée
d’abord de la liberté, nul ne doit vivre d’autre chose que du produit de son
travail.
Dans les Recherches sur la
nature et les causes de la richesse des nations (1776) Adam Smith explique que
le politique peut se fonder sur un égoïsme que jusqu’alors la morale et la
religion critiquait. En voulant accroitre sa richesse l’individu concours à l’intérêt
collectif
« L’acteur
est poussé comme par une main invisible à remplir une fin qui n’est pas dans
ses intentions. Tout en ne cherchant que son intérêt personnel il travaille plus
souvent de manière plus efficace pour l’intérêt de la ste que s’il avait
réellement pour but d’y travailler »
L IV ch 2
La
transformation de l’intérêt individuel en dispositif moral permet de dév. d’une
théorie de l’Etat minimal qui ne doit pas interférer avec le marché en même
temps que le commerce permet une égalité des chances entre les acteurs
économiques. La liberté est construite sur l’égalité des chances, chacun peut
atteindre la richesse. Les différences de rémunérations n’étant plus que des différences
d’emplois et de qualifications. La justice prend la forme de l’équivalence,
désormais le travail devient une valeur sur laquelle les hommes vont devoir
s’ajuster. Cette définition suppose une concurrence entre les hommes et les
groupes sociaux. La société libérale est « une société querelleuse »
(Raymond Aron).
L’Etat libéral se fonde sur 2 principes :
1° La
limitation du pouvoir et 2° la séparation des pouvoirs.
1°) la def de l’individu possédant une
valeur infini conduit à une limitation du pouvoir pol., la liberté individuelle
et le pouvoir d’entreprendre ne devant pas être limité par l’Etat. Ensuite la
distinction sphère privée et sphère publique avec une valeur absolue accordée à
la position du sujet.
Le thème de l’Etat minimal est
posé : l’Etat à pour tâche d’assurer la tranquillité des échanges grâce à
un pouvoir commun et des lois communes. Ces lois ne sont acceptées que parce
qu’elles sont celles que l’individu isolé choisirait.
2°) la séparation des pouvoirs assure le
contrôle du gouvernement. Pour fonder l’Etat sur les libertés individuelles il
faut mettre en avant le thème du contrat. Ce contrat vient du droit privé et du
secteur économique. Le contrat donne un objet à l’Etat et lui assigne des
limites, comme tout contrat il peut être annulé si une des parties n’en remplit
plus les clauses. La pensée libérale reconnaît ainsi un droit à la révolte.
C’est la
constitution qui donne la formule du lien des citoyens à l’Etat, le thème de la
séparation des pouvoirs apparaît d’abord par la séparation entre la couronne et
le parlement.
C’est parce
que le pouvoir corrompt qu’il faut trouver des mécanismes de limitation de sa
puissance, « si le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt
absolument » Lord Acton.
La liberté
est une propriété de l’individu qui se déploie sous des formes diverses :
lib d’expression, de commerce,
religieuse, d’action.
De la
suzeraineté à la souveraineté :
Au
moyen-âge la notion d’un pouvoir centralisé disparaît sous la pression
géographique des seigneurs qui gèrent les fiefs et seuls peuvent assurer la
protection du peuple. Le roi en reconnaissance
des services offrent des terres qui deviennent de fait autonomes. Le roi se
dessaisi de son pouvoir. L’autre pression est affective, c’est un réseau
d’amitiés qui forme la puissance, les alliances
sont changeantes et mouvantes, l’affectif joue un rôle central dans les
décisions. Le rapport personnel prime sur le service public.
A l’époque moderne nous passons à la souveraineté c'est-à-dire
au partage effectif de la responsabilité politique
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