Le découpage du temps et donc son assimilation au spatial produit
une contradiction pratique, la flèche doit parcourir la moitié de la distance
initiale, puis parcourir la moitié de la moitié de la distance initiale, etc.
La démonstration est infinie, la flèche n’atteindra jamais sa cible. Si on
importe dans le temps l’espace alors les difficultés de la spatialisation
s’additionnent à ceux de la temporalité. Le lien qui demeure à éclaircir avec
le temps est celui de la mort, ici on peut reprendre Epicure qui dans la lettre
à Ménécée pose que « si
je suis vivant la mort n’est pas là et si la mort est là alors je ne suis
plus ». Derrière cette formule, il faut entendre que la mort n’est
rien pour nous, elle est une idée, une pensée et tant que j’ai cette pensée je
suis vivant. La préoccupation de la mort est une préoccupation inutile, je ne
peux pas expérimenter la mort de mon vivant mais je peux expérimenter la mort
de mes proches. Je peux expérimenter la douleur de la perte mais la douleur de
la perte suppose la vie. Il n’y a pas de coïncidences entre la vie et la mort.
La mort est sans objet c’est-à-dire qu’elle est liée à une angoisse celle de
penser de son vivant mort. On se projette dans un état dont on ne peut être
contemporain, il n’y a pas de peur de la mort mais une angoisse de la mort. La
peur suppose un objet identifié est la mort est sans objet, elle recouvre donc
la dimension de l’angoisse qu’elle submerge. La mort est le contraire de
l’existence, esquiver c’est sentir et réfléchir d’où la distinction au
cœur-même de l’existence entre être et exister (référence au tableau dans la
leçon sur la liberté). L’existence va engendrer un au-delà que l’on peut
appeler une théorie des arrières mondes. Derrière le monde qui est le notre il
existe un autre monde véritable qui disqualifierait notre existence sensible.
Cette théorie des arrières mondes est portée par qui vient trancher sur l’invisible du visible
en donnant une priorité de l’anhistorique sur l’historique.
Existence et le temps
Introduction : Le temps est le
cadre de l’existence, nous sommes en évolution dans ce cadre. Nous sommes sans
cesse bordés dans une durée qui nous permet à la fois de saisir et
d’appréhender notre identité. Le temps est irréversible, il est le lieu où les
actions se fabriquent. Il est donc à la fois du côté du temps qui passe et à la
fois du côté des promesses à venir. Il porte donc tous les espoirs et souvent
nous aimerons reprendre les paroles du poète « ô temps suspend ton vol » pour pouvoir
suspendre un instant de bonheur. Dans les confessions de St Augustin il
pose si tous savait ce qu’est le temps, personne pourrait le définir. C’est que
nous connaissons c’est le présent du présent lorsque nous regardons en avant ou
en arrière nous avons le présent du passé et le présent du futur. Le présent
est un pont jeté entre le passé et le futur, nous tentons sans cesse de saisir
la spécificité du temps en le spatialisant. Il faut donc distinguer entre deux
types de temps. Le temps mathématique est celui du découpage où chaque instant
est séparé de l’autre. Ce temps est ainsi sans le mode de l’espace ou du
calendrier. Il permet d’avoir le passée, le présent et le futur sur un même
espace. Il existe aussi un autre temps qui est celui de la conscience, celui-là
est du côté de l’épaisseur du temps, de la durée donc de l’élasticité. Nous
avons l’expérience intime de l’ennuie où le temps ne passe pas et nous avons
aussi l’expérience d’un temps qui file. C’est la conscience qui donne le
contenu du temps, c’est mon investissement qui donne l’épaisseur de la durée
car l’instant mathématique ne permet pas
de rendre compte de l’originalité de ma conscience. La conscience n’est pas du
côté de l’instant nécessaire à la formation de la durée. En effet, la
conscience suppose une continuité donc la fabrication dans l’instant d’une
temporalité active. Le temps de la conscience suppose l’élaboration de la
langue, de ses structures et de sa syntaxe. Pour penser le temps nous le
pensons du côté de la structure
sujet-verbe-complément et nous créons un espace de circulation de la
conscience. Cela nous permet de poser que le temps n’existe que pour la
conscience. En fait nous propulsons dans le temps la causalité qui valide. Le
point T est celui de la saisie par la conscience du présent qui l’habite.
Autrement dit pour l’Homme le présent n’est maintenu que par un effet constant
de conscience. Pascal dira ainsi que « nous sommes dans l’immensité de l’univers que notre seule bouée
est l’existence de la conscience car nous sommes des poussières dans l’infini,
nous sommes la plus faible créature ». Nous englobons nous nous connaissons petit et nous devenons
la plus forte des créatures. Le temps permet de réguler notre vie sociale et
nos repos, au début le temps est solaire et dépend des astres. Aussi vont être
créées les premières horloges à eau qui vont donner les mécaniques du temps,
plus le temps est nordique plus c’est instable. Ces mécaniques ont pour
avantage de cadencer artificiellement et
mécaniquement la vie humaine, désormais il y a douze heures de jour et douze
heures de nuit. On a vu très vite l’avantage d’un temps normé celui-ci sera
inventé dans les monastères durant le moyen-âge. Deux moines en permanence
lisent les écritures saintes de manière à produire des repères spirituels.
Texte 4 p.125 et 1 p.124
Cette avantage du temps donnera dans son
extension l’invention de l’horloge qui d’abord engage des considérations
spirituelles pour rejoindre celles matérielles. Mais le temps dans son
découpage même recouvre d’anciennes préoccupations. Zénon énonce un paradoxe
lié directement à cette construction temporelle.
Descartes reprend la position idéaliste
et pose que l’essence est première à l’existence, il y a pour lui une priorité
de la substance pensante sur la substance étendue. Le terme substance
signifie sub-stance c’est-à-dire sous
l’être pensant cela définit la pensée comme l’élément principal de l’identité
qui est celle de la conscience. La conscience étant entièrement du côté de la
physique des corps qui occupe une place dans l’espace et qui ont des propriétés sur l’espace. Pour Descartes il
y a une supériorité de l’esprit sur la matière, de la priorité de l’essence sur
l’existence. La déréalisation du corps s’accompagne aussi d’une déterritorialisation.
La liberté place la pensée du côté d’une maitrise du corps, il faut « devenir comme maitre et
possesseur de la nature » c’est dire que la fonction de la pensée
est dans le contrôle de la matière. L’existence comme chez Platon prend une
dimension relative, il faut pour Descartes que le noyau de la liberté soit la
pensée elle-même et à travers elle la déduction qui rend première l’idée par
rapport au fait.
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