Philosophie

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mardi 25 décembre 2012

La perception / cours pris en notes par un élève






 La perception

Introduction : La perception est le cadre qui nous permet d’entrer en contact avec le monde extérieur et intérieur, définit ainsi nous pourrions aussi bien avoir en vue l’analyse de la conscience. Ce qui distingue les deux c’est que si la conscience fait référence à un mécanisme invisible qui se confond avec l’identité, la perception est directement liée à la matière à la complexion interne de mes organes, à un mécanisme organique qui apporte par la sensation des informations. La sensation elle-même est le nom donné à l’apport des sens et de ses informations, elle est l’ensemble des données des sens. Cette sensation permet de ressentir des sensations internes (désir, douleur, …) et des sensations externes (odeurs,…). Cette construction suppose un corps organique capable d’apporter ces informations au cerveau. Percevoir c’est accepter et traduire ces données. Ainsi la perception de la couleur verte me sera agréable, le rouge non et cela est individuelle. C’est dire que la construction des goûts est liée à des perceptions. On pourrait poser qu’être c’est percevoir ? Cette formule nous éloignant des propositions que nous avons pu voir avec Descartes ou Platon qui nous faisaient voir la perception comme des illusions, des erreurs. Il y a donc deux propositions  qui peuvent se compléter ou s’exclure, la perception est-elle l’accès à la réalité ressentie ou au contraire un frein à la possibilité à le penser.



I-L’aveugle né du Puiseaux

Livre p.54 à 59

La question de la perception n’engage pas que la physiologie donc la capacité organique de voir mais une dimension culturelle au sens large, savons-nous voir en naissant ou apprenons-nous à voir ? Cette question formulée ainsi n’est pas complète car la capacité à voir est un élément naturel mais nous savons qu’il y a une corrélation entre le temps d’apprentissage et la dimension intellectuelle, plus le cerveau est complexe plus l’apprentissage est long. Dans notre cas notre apprentissage est long car nous avons un cortex et un pré cortex dans notre cerveau. Il faut distinguer entre l’apprentissage biologique, l’apprentissage culturel et l’apprentissage bio-culturel. Biologique c’est par exemple de la marche mais cet apprentissage est accentué ou ralentit par le mode éducatif, plus encore il ya une évolution d’une marche à quatre pattes vers une posture debout datée historiquement. Ici nous serions tentés de croire qu’il existe une conscience enfouie et que de l’enfance à l’âge adultes se redonne en condensée toute l’histoire de l’évolution de l’Homme. La construction de la perception ne renvoie pas seulement à la nature mais à des éléments symboliques culturelles, des schémas de la modification de la pensée qui modifient notre perception car l’affirmation que nous voyons tous la même chose est fausse. L’opération de vision est un décryptage qui permet d’accéder à la compréhension de ce qui est vu. Il y a avec le problème de Molyneux une interrogation nouvelle contemporaine de l’abaissement de la cataracte, que voit un aveugle né lorsqu’il se met à voir ? On se demande s’il pourra distinguer le carré du cube ou le rond de la balle, la question semble donc se limitée à celle de la profondeur, de la perspective alors que le problème de vision est beaucoup plus radical. Lorsqu’on retire les bandages du garçon du Puiseaux, là la lettre il ne la voit pas. Il voit tout une somme de points lumineux non-unifiés. La découverte est importante comme on apprend à parler et à voir, la vue est prise dans la perception intellectuelle de la société. On se souvient de l’Inuit qui voit une multiplicité d’états de la glace alors qu’en face de moi je vois une unité identique blanche. Nos sens sont liés à la construction culturelle et intellectuelle d’une société, nos repères sont ceux de notre civilisation. Or je m’oriente à Paris, à New York comme à Sydney mais dans la casbah d’Alger je suis désorienté, dans le désert je suis perdu et dans le centre de Tokyo je rencontre le vide du palais impérial. Il y a donc une fabrication de l’orientation, on appelle cela : « la perception vernaculaire ». Il s’agit d’une perception par héritage, par tradition nous sommes habitués à une certaine circulation. Nous faisons appel à une forme de sensation que nous pouvons qualifiée de culturelle, ordinairement la sensation est une réaction biologique d’un organe sensoriel à son environnement. Or la sensation ne dépend plus de l’organe sensoriel que de la nature même de l’excitant. Ici la reconnaissance opérée par choix qui fait que je ne suis pas désorienté mais accoutumé à cet espace nouveau.



II-La nature de la sensation

Il y a un rapport direct entre la sensation et la nature de la sensation autrement dit, un organe sensoriel est sollicité lorsqu’une excitation interne ou externe vient la saisir. Une odeur par exemple stimule la fonction olfactive et la traduction de cette sensation est la définition intellectuelle de la chose ressentit. En fait, il faut penser la sensation en terme de seuil  il y a ce que l’on appelle une loi du seuil appelée autrement loi de Weber. Il y a des seuils qui permettent de saisir la sensation, en deçà du seuil il n’y a pas de perception.


 Le seuil de perception est donc un élément qui fait surgir la conscience de la sensation, la multiplicité des sensations se résume à une indication, par exemple la douleur ou le plaisir qui se constituent comme une unité et pourtant sont une addition plurielle de sensations. Percevoir est du côté de la multiplicité et la sensation est du côté de l’unité. En fait, on pourrait penser que la sensation est atténuation de la perception. Notre organisme perçoit les variations des milieux en les atténuant. Je ne perçoit pas des lignes, des couleurs mais une maison, la sensation vient simplifier la perception et la rende audible par mon appareil psychologique. Dit autrement la physiologie est au service de la psychologie mais la multiplicité physiologique conduit à poser avec Spinoza «  on ne sait pas ce que peut un corps ». Ici on peut définir la perception comme extériorité et interprétation. L’extériorité étant la saisie par les sens de toutes les variations de la sensation et l’interprétation étant la conscience de la perception ce que je nomme la sensation. Mais ici nous pouvons avancer cette conclusion d’Alain «  un objet est jamais senti il est pensé » car ici toute perception s’accompagne d’un jugement. Toute erreur de perception, toute illusion perceptive n’est pas une illusion des sens mais une illusion du jugement, non pas une erreur des sens mais une erreur de jugement. Par exemple, la tour carrée est perçue ronde à 200 mètres, de même dans le désert je vois des palmiers qui n’y sont pas ou dans l’eau en plongeant un bâton il m’apparu rompu en sa moitié. Ici deux théories de la vision sont nécessaires à la compréhension de la vision, la théorie corpusculaire de la lumière et la théorie ondulatoire. Epicure pensait une théorie corpusculaire, il y a pas de vide dans l’espace il y a des atomes et ce que nous voyons c’est une projection d’atomes. La théorie ondulatoire défendu par Descartes suppose une ondulation des ondes liées à la lumière, lorsqu’on voit un bâton dans l’eau il nous apparait tordu car l’eau empêche la circulation des ondes. Il y a donc une perturbation ondulatoire des ondes comme dans le désert qui fait apparaitre des sources d’eaux. Ici on comprend si toute erreur est erreur de jugement tout redressement d’erreur suppose le jugement, ainsi c’est l’expérience de cire chez Descartes. Je prends une bougie de cire que j’allume et je sors de la pièce. Une heure plus tard la cire s’est consumée. Les propriétés de la cire s’est probablement modifiées et pourtant je n’ai pas d’hésitation à désigner ces choses comme la même. C’est la pensée qui vient poser ensemble des états différents de la matière pour produire son unité. En fait, il y a un continuum perceptif qui est le résultat d’une continuité de jugement permettant de saisir les transformations de la matière au cœur d’une unité sensationnelle. Nous rejoignons l’idée ici d’une déduction première à l’induction, c’est la pensée qui vient donner sens à ce que je perçois.



III-La perception comme donnée globale immédiate

Nous avons posés la perception comme jugement ou comme supposant jugement, cette théorie est appelée intellectualisme. La position contemporaine sur la perception c’est un point de vue phénoménologique. C’est l’analyse du phénomène en tant que tel, il y a apparition et cette apparition remet en cause la distinction entre perception et sensation. Il y aurait une correspondance immédiate entre la perception et la vie, Bergson déjà posait que la pensée est une réduction, la pensée est générale et commune puisqu’il s’agit de se faire comprendre alors que la sensation qui est actuellement la mienne ne peut s’enclore et me submerge. Je peux lui donner comme nom angoisse ou bonheur mais la perception que j’en ai est plus complexe, une pate plus large celle du bruissement de la vie. Bergson dans son essai sur les données immédiates de la conscience précise que la perception suppose en même temps un seuil, un philtre et on retrouve l’idée de la perception que la perception est liée à une communication d’abord interne permettant de comprendre mon environnement extérieur et mon environnement intérieur comme si tous deux étaient objet pour la conscience qui les sait. Nous l’avons dit on ne peut voir autrement que nous avons appris à voir, en dessous donc il y a un guidage de la perception par la conscience, nos organes répondent à des stimulations. La stimulation intellectuelle étant ici fondamentale alors s’interroge Bergson qu’en est-il alors de l’intimité de la perception ? Faut-il se résoudre à avoir mal aux dents comme mon voisin ? Le rouge que je perçois est-il la même pour tous ? Ici nous savons que la place du percevant est unique et cette singularité du percevant vient lier cette perception à la liberté ce que chacun nomme : le goût. La perception vient donc se lier à un élément subjectif et qui renvoie l’acte subjectif à une action de détermination de plaisir ou de déplaisir plus loin de bonté ou de malignité. Alors sentir c’est aimer ou détester, sentir c’est faire naître un sentiment moral qui s’appuie sur le perçu, sur un sentiment interne pour développer un trait commun, une morale.
Selon Bergson :




vie -) animaux -) EXPLOSION---) humains
           -)  végétaux -) IMPLOSION---)


Au XIXème siècle pendant la construction des chemins de fer un accident a eu lieu, une barre à mine transperce le crâne d’un contre maitre, son état est critique. Après avoir pansées ses plaies on l’emmène à la ville voisine et un médecin cautérise les plaies avec des plaques de cuivres chauffées à blanc. Contre toute attente il ne meurt pas et en quelques mois il est capable de reprendre ses activités mais son caractère s’est profondément modifié, d’honnête il est devenu tricheur, voleur, violent. Il partira pour la Russie et reviendra mourir dans cette même ville américaine. Le chirurgien toujours en activité prélève sa tête et la conserve à l’université. Aujourd’hui la modélisation informatique et le laser permettent de reconstituer le cerveau lésé. L’analyse de celle-ci permettrait de positionner une géographie morale, une cartographie des sentiments, une philosophie du bien et du mal (arbre de la philosophie de Descartes). Ici nous retrouvons la thèse matérialiste qui pose la morale comme l’extension de l’intelligence, le moyen qu’aurait trouvé la nature pour nous permettre de survivre. Le lion possède la griffe et les crocs, l’antilope la génération et l’agilité. Bergson distingue entre végétaux et animaux, les végétaux implosent c’est-à-dire produisent une  immobile tandis que l’homme et les animaux sont tournés vers la mobilité, le mouvement. Cette distinction n’est pas radicale puisqu’il existe des masses végétales mobiles (la mousse) dans la forêt qui sont des intermédiaires entre implosion et explosion. Comme nous l’avons souligné, la perception est aussi un acte intelligent et c’est aussi « esse percepere » (être c’est percevoir).

 

Texte 3 p.65

Ainsi pour Merleau-Ponty il faut distinguer trois modes du toucher donc trois modes de la perception. Le moment où en touchant l’objet j’ai la sensation de sa texture, il est lisse, il a des trous, il est rugueux, il est doux, … Puis un investissement de tout mon corps dans la perception de l’objet que je touche en même temps que l’espace qui me relie, qui me sépare et nous partageons. Enfin une perception de perception, un touché du touché où je perçois ma perception mais plus encore où le touché lui-même vient saisir non pas les qualités d’un objet mais au dispositif social et psychologique. Nous l’avons vu, la perception est un cadre qui dépasse largement la détermination biologique. Le monde est ouvré par l’homme c’est-à-dire que le monde est investit par l’homme. Aussi nous modifions les choses du monde et elles s’adressent humainement à nous mais ce que nous percevons ce n’est plus de l’étrangeté mais c’est déjà l’humain avec nécessairement une perception sociale et psychologique. Dire c’est accepter que nous sommes au monde, le monde a pris la forme de notre conscience dès lors notre conscience peut être saisie par le monde et elle peut saisir le monde.

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