Philosophie

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jeudi 25 octobre 2012

Sartre, l'Être et le Néant, 1ère partie, chap2, para2 / Analyse



 Sartre, l’être et le néant.
Première partie « le problème du néant », chap. II « la mauvaise foi », para. II « les conduites de mauvaise foi » - p. 90 à 104.

 Biographie :

1905-1980. Romancier, dramaturge, critique littéraire, philosophe. Fondateur de la revue «Les temps modernes » en 1944.. Attribution en 1964 du prix Nobel qu’il refuse.

Toute sa philosophie va prendre l’orientation d’une réflexion sur l’engagement et la responsabilité, sur la liberté et le choix, sur l’identité et l’action. Ses choix personnels ne recouvrent que peu cette dimension de l’engagement et de la résistance. Sa philosophie semble être une tentative de rattrapage de sa vie, d’une culpabilité, d’une conscience de n’avoir par agit au bon moment (au moment de l’occupation allemande sûrement), d’où cette entrée en politique qui est parfois catastrophique dans ses choix – adhésions et revirements, soutenir puis condamner – Sartre oscille souvent, se déclare puis se rétracte, signe d’une intelligence toujours aux aguets, qui vient saisir les événements et puis donne une orientation à sa conscience ? Ou bien qui ne comprend pas assez vite, qui fonce dans l’emballement révolutionnaire sans réfléchir assez ? Être incapable de peser les signes, plus,  refuser les témoignages et les preuves ? Historiquement Sartre est sûrement une grande figure du XXe siècle, celle de l’intellectuel engagé, d’un homme qui lutte – le temps de l’évaluation de cette lutte n’est pas encore venu.

résumé doctrinal :

« Tout commence par la contingence » dit Roquentin dans La Nausée, Sartre la nomme dans L’Être et le Néant la facticité : la réduction au fait, à l’action, au phénomène. Rien n’existe avant le fait, c’est la fin de l’illusion sur les autres mondes, sur Dieu, pas d’autres vies pour se racheter : tout est « ici et maintenant’.

On ne trouve de liberté qu’en situation, cette situation est constituée des conditions et facteurs antérieurs. Mais cette liberté se découvre dans un projet – le projet vient saisir la situation pour l’informer cad pour l’accepter, la refuser, la modifier. Par mes projets je puis aussi me mettre à distance de moi-même, mes choix renouvelés peuvent fabriquer ma nature. Alors qu’une chose est toujours ce qu’elle sera, elle est en conformité totale avec une essence donnée, l’homme existe (ek-sis-tere / sortir de) cad échappe au monde des objets et des déterminations. L’homme est toujours en dehors de lui-même, jamais au-delà.

Mes rapports avec autrui sont marqués par le sceau de l’impossible, sans cesse tordus ces rapports empêchent d’accéder à autrui et à moi-même autrement que comme conscience « nauséeuse ».

Pour échapper à cela reste la mauvaise foi qui me permet d’adopter un rôle et une contenance, une consistance. Le refuge dans une figure sociale permettant en même temps que le sérieux le comique. Dans ce cadre « le salaud » est celui qui tente non pas seulement de devenir une chose mais qui veut « chosifier » autrui – qui tente de réduire autrui à une fonction, qui tente de nier sa liberté.

Il y a une opposition entre L’être et le néant et la Critique de la raison dialectique :
EetN : l’homme est une « passion inutile », un pour-soi dont l’aventure peut se solder par l’échec et la mort. Il s’agit d’un livre sur la situation de l’homme seul, qui fait des choix et qui doit les assumer, jusque dans l’erreur. C’est une analyse de la conscience individuelle, une plongée dans ses situations.
CRD : l’homme est dans l’histoire, il est le jouet de forces supérieures, quel est le poids d’un homme face aux évènements ? l’autorité collective prend le pas sur l’autorité individuelle.

Répertoire des concepts :
 Angoisse : vertige devant les possibles, devant la liberté
Choix : l’homme a toujours le choix, la responsabilité se porte vers moi dans le choix de l’action mes aussi vers l’humanité toute entière au sens ou mon choix porte avec lui tous les hommes. Choisir = accepter une responsabilité totale. Pb de l’engagement et du désengagement. 
Conscience : « la conscience est l’être qui est ce qu’il n’est pas et qui n’est pas ce qu’elle est », elle se trouve donc toujours dans un décalage, dans une forme de non coïncidence à soi. Elle est le Pour-Soi, elle est mouvement, déplacement, liberté.
Désespoir : sans espoir au double sens : pas d’espérance du côté de Dieu (pas de providence divine) et je ne peux espérer que de moi-même et pas des autres hommes. Tout doit provenir de moi, d’où un sentiment de responsabilité écrasant.

En-Soi : l’Être ou la chose, l’identité, l’essence. Ce concept provient de Hegel il désigne pour lui le mode d’être du réel sans extériorité, dans une intériorité qui refuse tout autre que lui. Pour Sartre il est une tentation permanente de la conscience humaine qui ne peut pourtant s’y fixer dans la mesure où elle est un pour-soi. L’En-soi est aussi le reste de la pensée idéaliste.

Facticité : le donné qui s’impose, ma place, ma situation, ma conscience. La facticité n’implique pas la notion de factice mais uniquement celle du fait, du donné : la condition humaine se déf. par le fait.

Liberté : elle vient définir l’homme, elle est notre seule identité qui paradoxalement est de ne pas en avoir, de se trouver sans cesse à apparaître sans trouver un être de cet apparaître.
Mauvaise-foi : faire comme si quoi que ce fusse mettait imposé, se vivre sous le mode d’être de la chose alors que comme homme/femme on échappe à toute détermination, se vivre comme non libre. Vouloir adopter une identité, ne plus vouloir se vivre dans la liberté, dans l’indécision, dans le mouvement. La société préfère déterminer des rôles, des identités, elle favorise la fixation dans une fonction : il y a ainsi la danse de l’épicier ou celle du garçon de café (95-96).

Pour-Soi : vient définir la conscience, le pour-soi est un néant d’Être, une trouée ou une percée dans l’Être, il est une fracture de l’Être, il empêche une détermination unique, une identité, une fixation.
Il avait pour sens chez Hegel la façon d’être du sujet, sa façon de refuser toute influence sur son mode d’être. Pour Sartre il devient la marque du sujet humain en devenir, « du rien par quoi il y a des choses », secrétant du néant le Pour-Soi est incapable de se fixer dans un En-Soi qui lui demeure impossible à atteindre.

Regard : le regard d’autrui peut me « chosifier », me rendre chose, me faire vivre comme une chose. Être sous le feu du regard d’autrui  c’est  vivre le duel des consciences : « l’enfer c’est les autres » (Huis clos), les consciences cherchent à s’asservir mutuellement ce qui rend impossible une communication réelle. L’expression « l’enfer c’est les autres » = 1°) il y a en l’autre le projet fondamental de ma réduire, de me néantiser. 2°) ce sont les rapports qui sont mauvais, viciés ; non pas l’homme mais les rapports qu’il entretien avec ses semblables.
Responsabilité : le fait d’être responsable de tout et de tous. Cette responsabilité est le fait de ma liberté, je ne peux y échapper elle prend la forme d’une contrainte, « je suis condamné à être libre » d’où l’adoption d’une conduite de mauvaise foi pour tenter d’oublier que suis libre et en même temps que je suis toujours responsable.
Sincérité : elle est d’abord peur de la liberté, elle exige d’autrui qu’il se dise « en vérité », qu’il adopte donc une identité définitive, qu’il accepte d’être une chose afin qu’il puisse se retourner vers lui « souverainement »  pour lui redonner sa liberté, pour ne plus le traiter en chose. Dans l’ex. de Sartre (p101) l’homosexuel doit dire qu’il est homosexuel afin qu’il puisse redevenir libre. L’attaque portée par la sincérité vise directement la liberté, elle doit elle-même devenir chose, elle doit prendre un contenu, devenir tel ou tel attribut, se figer dans une identité comme l’est la chose – être homosexuel. Cette identité est prise afin d’échapper au jugement moral de la société qui ne peut accepter cette identité qu’à la condition qu’elle soit assumer dans sa négativité par celui qui la porte : « on s’adresse à une conscience pour lui demander, au nom de sa nature de conscience, de se détruire radicalement comme conscience, en lui faisant espérer, par delà cette destruction, une renaissance »(p.101).

Transcendance : désigne l’extériorité, le fait que la conscience soit tendue vers l’extérieur, soit vers un objet soit vers un projet (sa propre fin par exemple). Le fait que la conscience se transcende elle-même cad tente d’échapper à ce qu’elle est comme apparaître.



 suite de l'analyse

C’est précisément cette conscience qui vient s’engouffrer dans la matière pour l’informer, pour lui donner un sens : pour lui donner une existence pour « nous ». La matière se trouve alors en position « d’attente » ou plutôt de suspend – elle ne tire son existence que d’une volonté externe et souveraine, celle de l’homme. « L’éclairage » des raisons permet alors la « manifestation » du rocher. Il ne peut « apparaître » que pour une conscience et au-dedans d’un mouvement qui vient donner une impulsion aux choses. Autrement dit le rocher ne peut apparaître comme phénomène qu’à partir d’une libre décision d’un agent pensant qui forme avec ce rocher un projet, s’il s’agit de la gravir alors il devient atout ou obstacle mais ces attributs proviennent encore de « nous » et non des choses. La manifestation d’un rocher est alors toute de résistance ou d’aide : mais cela est encore un fait de ma volonté, c’est parce que je veux l’escalader ou grimper dessus afin de profiter du paysage. Le rocher est sans vouloir, ce n’est pas au rocher que je me heurte mais à mon vouloir, à une volonté qui décide et met en place des moyens pour parvenir à ses fins. La neutralité de la matière tient tout entièrement en cette absence de projets, seul l’homme est capable de manifester sa liberté par une activité consciente qui le conduit à s’engager dans l’avenir sous la forme d’une volonté de devenir ou de parvenir. La destination même de la roche est technique, l’homme s’intéresse à l’alpinisme et dès lors met en place des dispositifs techniques pour atteindre ses fins, il y a bien un calcul et une intelligence des moyens afin de transformer la nature, le monde qui est « ouvré » par l’homme : le monde est à disposition de l’homme qui lui donne une identité et pour lequel finalement il devient aide ou obstacle. Ce sont les « pics et les piolets, les sentiers, la technique de l’ascension » qui donnent une identité à cette roche qui entretien un rapport avec la technique de l’alpinisme : soutenir un rapport – là se trouve la fonction de l’objet. L’objet se redouble comme moyen en produisant une médiation de médiation, il est l’occasion de trouver ma réalisation par la flexion de la matière.

Il y a seulement une « brutalité » de la matière, elle est d’une pièce, sans faille, sans aspérité, d’un bloc ; l’homme est pluriel, son identité sans cesse se défait pour se reformer, il veut, renonce, espère. C’est la volonté de l’homme qui est le cadre, troublant renversement, ce ne sont pas les choses qui font le cadre mais c’est l’homme qui est le cadre. Le cadre c’est la grille de références, elle vient déterminer ce que nous comprendrons du monde, mais cette compréhension ne peut que passer par ce cadre qui forme un nouveau cadre, c’est l’héritage des techniques. On comprend que les choses ne peuvent faire « qu’à l’origine », avant l’intervention de l’homme, avant celle de la conscience. Alors que la nature est du côté de « l’origine » nous sommes du côté du « préalable », toute l’opération de la pensée vient se glisser en cette nuance. Et ce cadre prend pour nom liberté, paradoxalement encore la liberté la liberté n’est plus cet affranchissement des limites, des cadres : elle est sa manifestation même. Vouloir ceci ou cela, c’est poser un univers, un monde, c’est aussi choisir et donc limiter les champs de l’action en proposant des solutions – pourtant c’est ainsi que se manifeste la liberté humaine – quitter l’indistinction et la brutalité pour déterminer, orienter, accéder. Ce cadre est celui des techniques et des fins, des moyens et des fins : l’infini de notre volonté vient se heurter non pas à la matière mais à la puissance d’une volonté qui se contente de vouloir sans se donner les moyens de son efficacité dans le monde. Ce n’est jamais la matière qui est « en cause » mais seulement le projet que je forme. La faute est toujours de la volonté, ainsi « si le rocher se révèle trop difficile à gravir » ce n’est pas par une qualité intrinsèque du rocher mais par un défaut d’évaluation de mes propres forces, de ma technique d’alpinisme ou encore du matériel qu j’utilise. La « révélation » du rocher est toujours le miroir de les propres failles, d’un défaut du vouloir ou d’un mal-vouloir. La liberté fabrique ses barreaux, ses limites amis elle tente aussi de les monter à l’extérieur alors qu’elles sont le dedans de la volonté, le mystère de la liberté étant justement en cette forme d’insatisfaction de l’agent à pouvoir trouver la paix en un dedans de la liberté qui n’existe pas, elle est mouvement et projection, elle est pure extériorité.

mercredi 24 octobre 2012

La démocratie


L’origine de la démocratie :
Saint-Paul pose qu’il faut « dépasser la loi », cette loi dont il parle et qu’il faudrait  vaincre est celle du nomos grec, loi civile par excellence qui ne doit rien aux lois des enfers, au thesmos, aux Dieux. Ainsi la pensée chrétienne doit-elle d’abord s’écarter du génie grec afin de trouver sa voie propre. Il faut remplacer l’homme par Dieu, la justice par la crainte. Il faut fonder cette cité humaine sur le modèle de la cité céleste : la cité de Dieu est le modèle de l’organisation de la société chrétienne.

La démocratie est encore balbutiante, nous sommes incapables d’élever nos enfants par d’autres moyens que la crainte et le tremblement. Il y a une incapacité de l’homme de renoncer à l’usage de la violence, elle se fait sociale, elle prend la figure de la justice rendue, de la légitime violence. Où bien elle s’entête et attaque le cœur même des institutions qui sont pourtant son propre sang. Dans les arcades de la conscience nous attendons toujours ce moment de la libération des forces que nous contenons ; nous voulons l’écrasement de nos adversaires, la victoire par domination physique ou intellectuelle.       
Le jeu des forces est un je des forces, je suis moi-même dans un rapport ambiguë et incertain à la violence et la force. La sécurité peut-elle consister à l’écrasement des forces qui nous menace ? Sommes-nous en train de fonder une légitime violence contre ceux qui menacent la démocratie ? Cela peut-il se justifier ?

La naissance de la démocratie en Grèce ancienne est liée à une représentation du corps guerrier. Au gymnase se forge l’esprit de groupe en même temps que les corps se sculptent. Il s’agit de renforcer le corps de la Cité, lui insuffler force et esprit. Système qui pose à la fois une infinie liberté pour quelques hommes et terrible esclavage pour les autres. L’esclavage devenant le signe à la fois de la participation à un autre sang que celui des grecs et d’autres institutions que celle de la démocratie. Parler et écrire le grec sont les conditions nécessaires de la liberté. Torsion du vivre ensemble qui pourtant apparaît comme l’invention politique majeure qui jusqu’aujourd’hui force l’admiration des peuples.

Le pb du vivre ensemble se pose toujours avec la même acuité depuis l’antiquité. Pourtant des faits marquants ont modifiés la conception du pol depuis lors :
1°)          l’avènement avec le christianisme de l’individu possédant une valeur infini  /  nous passons de la valeur de l’intérêt commun à celui de la personne.
2°)          la conception d’une technique conquérante et d’une science capable de transformer le donné naturel
L’univers politique moderne :
Cadre historique
L’émergence de la société occidentale se produit au moyen-âge à travers 3 phénomènes
1°)          développement du commerce et de l’artisanat qui provoquent la renaissance des villes dans le bas Moyen-âge et provoquera l’effondrement de la royauté
2°)          naissance de la science moderne et d’un commerce mondial avec la circumnavigation (découverte de nouveaux mondes au XVI et XVIIe siècles.
3°)          création de la sté industrielle avec la machine et la production de masse au début du XIXe
Cadre de cette modification :
                               Fin de l’artisanat, destruction de l’excellence dans le travail
                Le libéralisme est une pensée d’abord de la liberté, nul ne doit vivre d’autre chose que du produit de son travail. Il s’agit de s’opposer à l’héritage foncier de l’aristocratie en mettant en avant le travail comme la seule richesse et le sol de toute propriété.
                Dans les Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776) Adam Smith explique que le politique peut se fonder sur un égoïsme que jusqu’alors la morale et la religion critiquait. En voulant accroitre sa richesse l’individu concours à l’intérêt collectif
« L’acteur est poussé comme par une main invisible à remplir une fin qui n’est pas dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intérêt personnel il travaille plus souvent de manière plus efficace pour l’intérêt de la ste que s’il avait réellement pour but d’y travailler »  L IV ch 2
La transformation de l’intérêt individuel en dispositif moral permet de dév. d’une théorie de l’Etat minimal qui ne doit pas interférer avec le marché en même temps que le commerce permet une égalité des chances entre les acteurs économiques. La liberté est construite sur l’égalité des chances, chacun peut atteindre la richesse. Les différences de rémunérations n’étant plus que des différences d’emplois et de qualifications. La justice prend la forme de l’équivalence, désormais le travail devient une valeur sur laquelle les hommes vont devoir s’ajuster. Cette définition suppose une concurrence entre les hommes et les groupes sociaux. La société libérale est « une société querelleuse » (Raymond Aron).

L’Etat libéral se fonde sur 2 principes :
1° La limitation du pouvoir et 2° la séparation des pouvoirs.
1°)          la def de l’individu possédant une valeur infini conduit à une limitation du pouvoir pol., la liberté individuelle et le pouvoir d’entreprendre ne devant pas être limité par l’Etat. Ensuite la distinction sphère privée et sphère publique avec une valeur absolue accordée à la position du sujet.
                Le thème de l’Etat minimal est posé : l’Etat à pour tâche d’assurer la tranquillité des échanges grâce à un pouvoir commun et des lois communes. Ces lois ne sont acceptées que parce qu’elles sont celles que l’individu isolé choisirait.
2°)          la séparation des pouvoirs assure le contrôle du gouvernement. Pour fonder l’Etat sur les libertés individuelles il faut mettre en avant le thème du contrat. Ce contrat vient du droit privé et du secteur économique. Le contrat donne un objet à l’Etat et lui assigne des limites, comme tout contrat il peut être annulé si une des parties n’en remplit plus les clauses. La pensée libérale reconnaît ainsi un droit à la révolte.
C’est la constitution qui donne la formule du lien des citoyens à l’Etat, le thème de la séparation des pouvoirs apparaît d’abord par la séparation entre la couronne et le parlement.
C’est parce que le pouvoir corrompt qu’il faut trouver des mécanismes de limitation de sa puissance, « si le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument » Lord Acton.
La liberté est une propriété de l’individu qui se déploie sous des formes diverses : lib d’expression, de commerce,  religieuse, d’action.
De la suzeraineté à la souveraineté :
Au moyen-âge la notion d’un pouvoir centralisé disparaît sous la pression géographique des seigneurs qui gèrent les fiefs et seuls peuvent assurer la protection du peuple. Le roi en reconnaissance des services offrent des terres qui deviennent de fait autonomes. Le roi se dessaisi de son pouvoir. L’autre pression est affective, c’est un réseau d’amitiés qui forme la puissance, les alliances sont changeantes et mouvantes, l’affectif joue un rôle central dans les décisions. Le rapport personnel prime sur le service public. Nous sommes dans un système fondé sur la personne du roi, à partir de lui se tisse un réseau de relations qui n’est pas lié à la compétence mais à la connivence.
L’époque moderne met en avant un système politique qui reconnait la « vertu » comme le moteur des relations dans la société. Le passage de l’aristocratie à la bourgeoisie est aussi le marqueur d’un changement puissant dans le ressort de la volonté politique : désormais la décision politique n’engage plus la volonté d’un seul homme mais toute la communauté : la décision politique n’est plus l’apanage d’une seule volonté mais d’un groupe. La souveraineté est  du côté de l’Etat qui devient une entité, il y a transfert du pouvoir de suzerain vers le souverain (ici le peuple lui-même dans une république, respublica, chose commune ou publique.

L’Etat désigne désormais l’organisation d’une communauté.

Les différents régimes politiques :
Anarchisme
L’Etat peut-être compris comme « un monstre froid », «  cimetière de toutes les libertés » : l’Etat serait le mal radical tandis que l’individu deviendrait la valeur suprême. « Ni Dieu ni maître » énonce Auguste Blanqui dans son journal – l’Etat vient détruire toutes les aspirations individuelles – l’Etat est une abstraction tandis que l’individu concret, vivant, est la seule réalité. L’Etat empêche les libres associations humaines, telle est la thèse de l’anarchisme, il met en place des relations artificielles entre les Etats qui débouchent sur la guerre et la violence – en ce sens l’Etat est une caricature des relations naturelles – lorsque les hommes sont laissés à eux-mêmes ils développent des solidarités et des entraides. La thèse anarchiste repose donc sur une position naturelle de l’individu posé comme capable de faire surgir de l’entente et de la concorde sans l’imposition l’idée force est que l’individu en dehors de toute contrainte recherche avec ses semblables des liens pacifiques et riches. 
La démocratie
Est en ce sens l’achèvement de la thèse anarchiste de l’individu sans la suppression des instances de régulation qui semblent dans les faits nécessaires.  C’est la réalisation concrète de la liberté et de l’égalité. Réconciliation de la liberté individuelle et la discipline étatique
La nation
Désigne la communauté elle-même – la nation est reconnue en dehors même de l’Etat.
Communauté géographique et non pas  communauté de sang – Fichte dans son « discours à la nation allemande » parle d’une communauté de race qui est fondement de la nation. Le sentiment d’appartenance à un même peuple.
La nation repose sur la volonté commune de construire une identité et une vie en commun.
La patrie
La patrie est le nom de la communauté affective – communauté de sol – patrie = patria terra , la terre des pères (fatherland) qui désigne l’endroit de la terre ou nous sommes nés.