Philosophie

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dimanche 25 novembre 2012

Le politique / antiquité-modernité

Le politique :






Saint-Paul posait qu’il faut « dépasser la loi », cette loi dont il parle et qu’il faudrait  vaincre est celle du nomos grec, loi civile par excellence qui ne doit rien aux lois des enfers, au thesmos, aux Dieux. Ainsi la pensée chrétienne doit-elle d’abord s’écarter du génie grec afin de trouver sa voie propre. Il faut remplacer l’homme par Dieu, la justice par la crainte. Il faut fonder cette cité humaine sur le modèle de la cité céleste : la cité de Dieu est le modèle de l’organisation de la société chrétienne.

Pourtant la démocratie est encore balbutiante, trop souvent nous sommes incapables d’élever nos enfants par d’autres moyens que la crainte et le tremblement. Il y a une incapacité de l’homme de renoncer à l’usage de la violence, elle se fait sociale, elle prend la figure de la justice rendue, de la légitime violence. Où bien elle s’entête et attaque le cœur même des institutions qui sont pourtant son propre sang. Dans les arcades de la conscience nous attendons toujours ce moment de la libération des forces que nous contenons ; nous voulons l’écrasement de nos adversaires, la victoire par domination physique ou intellectuelle.       
Le jeu des forces est un je des forces, je suis moi-même dans un rapport ambiguë et incertain à la violence et la force. La sécurité peut-elle consister à l’écrasement des forces qui nous menace ? Sommes-nous en train de fonder une légitime violence contre ceux qui menacent la démocratie ? Cela peut-il se justifier ?

La naissance de la démocratie en Grèce ancienne est liée à une représentation du corps guerrier. Au gymnase se forge l’esprit de groupe en même temps que les corps se sculptent. Il s’agit de renforcer le corps de la Cité, lui insuffler force et esprit. Système qui pose à la fois une infinie liberté pour quelques hommes et terrible esclavage pour les autres. L’esclavage devenant le signe à la fois de la participation à un autre sang que celui des grecs et d’autres institutions que celle de la démocratie. Parler et écrire le grec sont les conditions nécessaires de la liberté. Torsion du vivre ensemble qui pourtant apparaît comme l’invention politique majeure qui jusqu’aujourd’hui force l’admiration des peuples. 

 La transformation du lien politique entre l'antiquité et la modernité :







 Le pb du vivre ensemble se pose toujours avec la même acuité depuis l’antiquité. Pourtant des faits marquants ont modifiés la conception du politique.
1°)          l’avènement avec le christianisme de l’individu possédant une valeur infini
2°)          la conception d’une technique conquérante et d’une science capable de transformer le donné naturel
L’univers politique moderne :
Cadre historique
L’émergence de la société occidentale se produit au moyen-âge à travers 3 phénomènes
1°)          développement du commerce et de l’artisanat qui provoquent la renaissance des villes dans le bas Moyen-âge et provoquera l’effondrement de la royauté
2°)          naissance de la science moderne et d’un commerce mondial avec la circumnavigation (découverte de nouveaux mondes au XVI et XVIIe siècles.
3°)          création de la sté industrielle avec la machine et la production de masse au début du XIXe
Cadre de cette modification :
                               Fin de l’artisanat, destruction de l’excellence dans le travail
                Le libéralisme est une pensée d’abord de la liberté, nul ne doit vivre d’autre chose que du produit de son travail.
                Dans les Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776) Adam Smith explique que le politique peut se fonder sur un égoïsme que jusqu’alors la morale et la religion critiquait. En voulant accroitre sa richesse l’individu concours à l’intérêt collectif
« L’acteur est poussé comme par une main invisible à remplir une fin qui n’est pas dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intérêt personnel il travaille plus souvent de manière plus efficace pour l’intérêt de la ste que s’il avait réellement pour but d’y travailler »  L IV ch 2
La transformation de l’intérêt individuel en dispositif moral permet de dév. d’une théorie de l’Etat minimal qui ne doit pas interférer avec le marché en même temps que le commerce permet une égalité des chances entre les acteurs économiques. La liberté est construite sur l’égalité des chances, chacun peut atteindre la richesse. Les différences de rémunérations n’étant plus que des différences d’emplois et de qualifications. La justice prend la forme de l’équivalence, désormais le travail devient une valeur sur laquelle les hommes vont devoir s’ajuster. Cette définition suppose une concurrence entre les hommes et les groupes sociaux. La société libérale est « une société querelleuse » (Raymond Aron).


L’Etat libéral se fonde sur 2 principes :
1° La limitation du pouvoir et 2° la séparation des pouvoirs.
1°)          la def de l’individu possédant une valeur infini conduit à une limitation du pouvoir pol., la liberté individuelle et le pouvoir d’entreprendre ne devant pas être limité par l’Etat. Ensuite la distinction sphère privée et sphère publique avec une valeur absolue accordée à la position du sujet.
                Le thème de l’Etat minimal est posé : l’Etat à pour tâche d’assurer la tranquillité des échanges grâce à un pouvoir commun et des lois communes. Ces lois ne sont acceptées que parce qu’elles sont celles que l’individu isolé choisirait.
2°)          la séparation des pouvoirs assure le contrôle du gouvernement. Pour fonder l’Etat sur les libertés individuelles il faut mettre en avant le thème du contrat. Ce contrat vient du droit privé et du secteur économique. Le contrat donne un objet à l’Etat et lui assigne des limites, comme tout contrat il peut être annulé si une des parties n’en remplit plus les clauses. La pensée libérale reconnaît ainsi un droit à la révolte.
C’est la constitution qui donne la formule du lien des citoyens à l’Etat, le thème de la séparation des pouvoirs apparaît d’abord par la séparation entre la couronne et le parlement.
C’est parce que le pouvoir corrompt qu’il faut trouver des mécanismes de limitation de sa puissance, « si le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument » Lord Acton.
La liberté est une propriété de l’individu qui se déploie sous des formes diverses : lib d’expression, de commerce,  religieuse, d’action.

De la suzeraineté à la souveraineté :
Au moyen-âge la notion d’un pouvoir centralisé disparaît sous la pression géographique des seigneurs qui gèrent les fiefs et seuls peuvent assurer la protection du peuple. Le roi en reconnaissance des services offrent des terres qui deviennent de fait autonomes. Le roi se dessaisi de son pouvoir. L’autre pression est affective, c’est un réseau d’amitiés qui forme la puissance, les alliances sont changeantes et mouvantes, l’affectif joue un rôle central dans les décisions. Le rapport personnel prime sur le service public.
A l’époque moderne nous passons à la souveraineté c'est-à-dire au partage effectif de la responsabilité politique

samedi 24 novembre 2012

Exister est-ce se soustraire au temps ? Correction : plan détaillé



Exister est-ce se soustraire au temps ?


chute du mur de Berlin


1                    Exister c’est d’abord se soustraire au temps, comme conscience je le comprend et le dépasse

A                    Exister = être au monde, la spécificité de l’homme étant sa conscience d’être au monde, dans le monde mais comme conscience il englobe le mouvement du temps dans sa propre réflexion. S’il est la plus faible des créatures il est la seule à se connaître comme telle. L’homme se distingue du temps le comprenant et le désignant, il n’est pas comme de l’eau dans de l’eau, indistinct à son milieu mais au contraire il est le concepteur de sa propre existence et du cadre de son action.           
B                     Aussi exister c’est en reconnaissant le temps s’y soustraire, Dieu, la liberté, l’œuvre sont autant de moyens pour échapper au temps. L’éternité de l’esprit comme palliatif à l’éphémèrité du corps et à sa disparition. L’âme est le nom de cette soustraction, elle échappe au temps par une inversion fantastique : le corps est le bourbier du corps et la mort une délivrance qui inaugure un « non temps », une éternité qui est soustraction radicale à l’écoulement et à l’inéluctabilité et l’irréductibilité du mouvement temporel : on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve car l’eau change et je change.
C                     Pour moi il le temps n’existe que comme pensée, le seul temps que je puisse saisir c’est l’instant, je suis toujours à la « pointe » du temps, sur sa crête : passé et futur sont soit  engloutis soit absents. Le « présent est un pont jeté entre le passé et le futur » affirme Bergson qui pose ainsi un temps de la conscience qui n’est pas celui des mathématiques, une durée, une épaisseur qui construit avec le temps une pâte spécifiquement humaine

2                    Exister ce n’est pas se soustraire mais s’additionner au temps



A                    La conscience inaugure un temps proprement humain, celui de la saisie de l’existence dans le temps, avec lui… Intégrer le temps pour construire avec lui un présent. On retrouve cette addition dans le projet, dans l’intention, dans l’ambition… dans ce qui vient informer ce qui n’est pas encore par toute la force du désir et de la volonté. Que ce soit avec mon agenda ou dans le programme de développement de l’aérospatiale,  l’homme empiète déjà sur le futur, il le voit et s’y voit.
B                     L’histoire est le nom de cette addition, cette mémoire collective toute entièrement jetée dans le temps pour construire avec lui une unité, un lieu où l’homme se reconnaît et progresse. Vision fantastique d’un miroir ou chacune de nos actions s’inscrit pour projeter nos ambitions et nos intentions dans un cadre ou chacune s’additionne afin de fabriquer l’humanité.
C                     L’espoir et la crainte sont liés au temps, empiéter sur le futur, ressasser le passé. Fabriquer de la durée c’est comprendre selon notre condition l’environnement externe. Le temps fait-il parti de nous où est-il une condition a priori de notre perception ? 
 
3                    L’existence n’est pas une opération qui surviendrait dans le temps mais l’espace du    déploiement de ma sensibilité


A                     Le temps n’est pas une opération, il n’est pas le pur produit de mon intelligence mais la condition de toutes perceptions et de mon être dans le monde. Le monde est un lieu, un espace, celui de mon propre corps d’abord qui prend une forme dans un temps et une époque.
B                     Ici on croise la question de la liberté, que le temps soit hors de nous n’empêche pas le libre arbitre, au contraire c’est la responsabilité qui est mise en avant. Je suis responsable de mon engagement au cœur du temps, dans ce présent qui est tissé par toutes les actions et aussi les volontés.
C                     La question du temps est en fait celle de l’humanité, prose à la fois entre l’inexorable et le choix de sa volonté, et cela est vrai pour l’individu tout aussi bien que le groupe. Alors que nous sommes ici et maintenant les produits d’une culture, d’une histoire, d’une symbolique, l’affirmation de la liberté demeure pourtant toujours possible. Ce surgissement qui soulève les montagnes, écarte les eaux et affirme le pouvoir de la volonté sur ce qui sans cesse peut la détruire. L’œuvre est au fond la construction propre à l’homme, faire au-delà de soi, pour ses enfants, pour la paix, vouloir en créant affirmer notre présence… se transformer déjà en souvenir pour continuer d’agir.

OU

C                   L'amour est la forme la plus grande de la présence du temps, amour qui transforme le temps en posant l'éternité au centre de l'existence, au cœur même de la chair. Le peintre nous fais voir derrière le sourire de la "jeune fille à la perle" (Vermeer) l'archétype de la relation amoureuse. Cette légère pliure à la commissure des lèvres, ce regard qu'elle porte vers son spectateur et qui en même temps le transperce. L'existence est ce moment d'expression de la sensibilité où le corps impliqué dans le monde prend la forme de mon existence.