Philosophie

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vendredi 14 décembre 2012

Existence et temps / 2




  
Le découpage du temps et donc son assimilation au spatial produit une contradiction pratique, la flèche doit parcourir la moitié de la distance initiale, puis parcourir la moitié de la moitié de la distance initiale, etc. La démonstration est infinie, la flèche n’atteindra jamais sa cible. Si on importe dans le temps l’espace alors les difficultés de la spatialisation s’additionnent à ceux de la temporalité. Le lien qui demeure à éclaircir avec le temps est celui de la mort, ici on peut reprendre Epicure qui dans la lettre à Ménécée pose que « si je suis vivant la mort n’est pas là et si la mort est là alors je ne suis plus ». Derrière cette formule, il faut entendre que la mort n’est rien pour nous, elle est une idée, une pensée et tant que j’ai cette pensée je suis vivant. La préoccupation de la mort est une préoccupation inutile, je ne peux pas expérimenter la mort de mon vivant mais je peux expérimenter la mort de mes proches. Je peux expérimenter la douleur de la perte mais la douleur de la perte suppose la vie. Il n’y a pas de coïncidences entre la vie et la mort. La mort est sans objet c’est-à-dire qu’elle est liée à une angoisse celle de penser de son vivant mort. On se projette dans un état dont on ne peut être contemporain, il n’y a pas de peur de la mort mais une angoisse de la mort. La peur suppose un objet identifié est la mort est sans objet, elle recouvre donc la dimension de l’angoisse qu’elle submerge. La mort est le contraire de l’existence, esquiver c’est sentir et réfléchir d’où la distinction au cœur-même de l’existence entre être et exister (référence au tableau dans la leçon sur la liberté). L’existence va engendrer un au-delà que l’on peut appeler une théorie des arrières mondes. Derrière le monde qui est le notre il existe un autre monde véritable qui disqualifierait notre existence sensible. Cette théorie des arrières mondes est portée par  qui vient trancher sur l’invisible du visible en donnant une priorité de l’anhistorique sur l’historique.
Existence et le temps

Introduction : Le temps est le cadre de l’existence, nous sommes en évolution dans ce cadre. Nous sommes sans cesse bordés dans une durée qui nous permet à la fois de saisir et d’appréhender notre identité. Le temps est irréversible, il est le lieu où les actions se fabriquent. Il est donc à la fois du côté du temps qui passe et à la fois du côté des promesses à venir. Il porte donc tous les espoirs et souvent nous aimerons reprendre les paroles du poète « ô temps suspend ton vol » pour pouvoir suspendre un instant de bonheur. Dans les confessions de St Augustin il pose si tous savait ce qu’est le temps, personne pourrait le définir. C’est que nous connaissons c’est le présent du présent lorsque nous regardons en avant ou en arrière nous avons le présent du passé et le présent du futur. Le présent est un pont jeté entre le passé et le futur, nous tentons sans cesse de saisir la spécificité du temps en le spatialisant. Il faut donc distinguer entre deux types de temps. Le temps mathématique est celui du découpage où chaque instant est séparé de l’autre. Ce temps est ainsi sans le mode de l’espace ou du calendrier. Il permet d’avoir le passée, le présent et le futur sur un même espace. Il existe aussi un autre temps qui est celui de la conscience, celui-là est du côté de l’épaisseur du temps, de la durée donc de l’élasticité. Nous avons l’expérience intime de l’ennuie où le temps ne passe pas et nous avons aussi l’expérience d’un temps qui file. C’est la conscience qui donne le contenu du temps, c’est mon investissement qui donne l’épaisseur de la durée car l’instant mathématique ne  permet pas de rendre compte de l’originalité de ma conscience. La conscience n’est pas du côté de l’instant nécessaire à la formation de la durée. En effet, la conscience suppose une continuité donc la fabrication dans l’instant d’une temporalité active. Le temps de la conscience suppose l’élaboration de la langue, de ses structures et de sa syntaxe. Pour penser le temps nous le pensons du côté de  la structure sujet-verbe-complément et nous créons un espace de circulation de la conscience. Cela nous permet de poser que le temps n’existe que pour la conscience. En fait nous propulsons dans le temps la causalité qui valide. Le point T est celui de la saisie par la conscience du présent qui l’habite. Autrement dit pour l’Homme le présent n’est maintenu que par un effet constant de conscience. Pascal dira ainsi que « nous sommes dans l’immensité de l’univers que notre seule bouée est l’existence de la conscience car nous sommes des poussières dans l’infini, nous sommes la plus faible créature ». Nous englobons   nous nous connaissons petit et nous devenons la plus forte des créatures. Le temps permet de réguler notre vie sociale et nos repos, au début le temps est solaire et dépend des astres. Aussi vont être créées les premières horloges à eau qui vont donner les mécaniques du temps, plus le temps est nordique plus c’est instable. Ces mécaniques ont pour avantage de cadencer artificiellement  et mécaniquement la vie humaine, désormais il y a douze heures de jour et douze heures de nuit. On a vu très vite l’avantage d’un temps normé celui-ci sera inventé dans les monastères durant le moyen-âge. Deux moines en permanence lisent les écritures saintes de manière à produire des repères spirituels.
Texte 4 p.125 et 1 p.124

Cette avantage du temps donnera dans son extension l’invention de l’horloge qui d’abord engage des considérations spirituelles pour rejoindre celles matérielles. Mais le temps dans son découpage même recouvre d’anciennes préoccupations. Zénon énonce un paradoxe lié directement à cette construction temporelle.




Descartes reprend la position idéaliste et pose que l’essence est première à l’existence, il y a pour lui une priorité de la substance pensante sur la substance étendue. Le terme substance signifie   sub-stance c’est-à-dire sous l’être pensant cela définit la pensée comme l’élément principal de l’identité qui est celle de la conscience. La conscience étant entièrement du côté de la physique des corps qui occupe une place dans l’espace et qui ont  des propriétés sur l’espace. Pour Descartes il y a une supériorité de l’esprit sur la matière, de la priorité de l’essence sur l’existence. La déréalisation du corps s’accompagne aussi d’une déterritorialisation. La liberté place la pensée du côté d’une maitrise du corps, il faut « devenir comme maitre et possesseur de la nature » c’est dire que la fonction de la pensée est dans le contrôle de la matière. L’existence comme chez Platon prend une dimension relative, il faut pour Descartes que le noyau de la liberté soit la pensée elle-même et à travers elle la déduction qui rend première l’idée par rapport au fait.

dimanche 25 novembre 2012

Le politique / antiquité-modernité

Le politique :






Saint-Paul posait qu’il faut « dépasser la loi », cette loi dont il parle et qu’il faudrait  vaincre est celle du nomos grec, loi civile par excellence qui ne doit rien aux lois des enfers, au thesmos, aux Dieux. Ainsi la pensée chrétienne doit-elle d’abord s’écarter du génie grec afin de trouver sa voie propre. Il faut remplacer l’homme par Dieu, la justice par la crainte. Il faut fonder cette cité humaine sur le modèle de la cité céleste : la cité de Dieu est le modèle de l’organisation de la société chrétienne.

Pourtant la démocratie est encore balbutiante, trop souvent nous sommes incapables d’élever nos enfants par d’autres moyens que la crainte et le tremblement. Il y a une incapacité de l’homme de renoncer à l’usage de la violence, elle se fait sociale, elle prend la figure de la justice rendue, de la légitime violence. Où bien elle s’entête et attaque le cœur même des institutions qui sont pourtant son propre sang. Dans les arcades de la conscience nous attendons toujours ce moment de la libération des forces que nous contenons ; nous voulons l’écrasement de nos adversaires, la victoire par domination physique ou intellectuelle.       
Le jeu des forces est un je des forces, je suis moi-même dans un rapport ambiguë et incertain à la violence et la force. La sécurité peut-elle consister à l’écrasement des forces qui nous menace ? Sommes-nous en train de fonder une légitime violence contre ceux qui menacent la démocratie ? Cela peut-il se justifier ?

La naissance de la démocratie en Grèce ancienne est liée à une représentation du corps guerrier. Au gymnase se forge l’esprit de groupe en même temps que les corps se sculptent. Il s’agit de renforcer le corps de la Cité, lui insuffler force et esprit. Système qui pose à la fois une infinie liberté pour quelques hommes et terrible esclavage pour les autres. L’esclavage devenant le signe à la fois de la participation à un autre sang que celui des grecs et d’autres institutions que celle de la démocratie. Parler et écrire le grec sont les conditions nécessaires de la liberté. Torsion du vivre ensemble qui pourtant apparaît comme l’invention politique majeure qui jusqu’aujourd’hui force l’admiration des peuples. 

 La transformation du lien politique entre l'antiquité et la modernité :







 Le pb du vivre ensemble se pose toujours avec la même acuité depuis l’antiquité. Pourtant des faits marquants ont modifiés la conception du politique.
1°)          l’avènement avec le christianisme de l’individu possédant une valeur infini
2°)          la conception d’une technique conquérante et d’une science capable de transformer le donné naturel
L’univers politique moderne :
Cadre historique
L’émergence de la société occidentale se produit au moyen-âge à travers 3 phénomènes
1°)          développement du commerce et de l’artisanat qui provoquent la renaissance des villes dans le bas Moyen-âge et provoquera l’effondrement de la royauté
2°)          naissance de la science moderne et d’un commerce mondial avec la circumnavigation (découverte de nouveaux mondes au XVI et XVIIe siècles.
3°)          création de la sté industrielle avec la machine et la production de masse au début du XIXe
Cadre de cette modification :
                               Fin de l’artisanat, destruction de l’excellence dans le travail
                Le libéralisme est une pensée d’abord de la liberté, nul ne doit vivre d’autre chose que du produit de son travail.
                Dans les Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776) Adam Smith explique que le politique peut se fonder sur un égoïsme que jusqu’alors la morale et la religion critiquait. En voulant accroitre sa richesse l’individu concours à l’intérêt collectif
« L’acteur est poussé comme par une main invisible à remplir une fin qui n’est pas dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intérêt personnel il travaille plus souvent de manière plus efficace pour l’intérêt de la ste que s’il avait réellement pour but d’y travailler »  L IV ch 2
La transformation de l’intérêt individuel en dispositif moral permet de dév. d’une théorie de l’Etat minimal qui ne doit pas interférer avec le marché en même temps que le commerce permet une égalité des chances entre les acteurs économiques. La liberté est construite sur l’égalité des chances, chacun peut atteindre la richesse. Les différences de rémunérations n’étant plus que des différences d’emplois et de qualifications. La justice prend la forme de l’équivalence, désormais le travail devient une valeur sur laquelle les hommes vont devoir s’ajuster. Cette définition suppose une concurrence entre les hommes et les groupes sociaux. La société libérale est « une société querelleuse » (Raymond Aron).


L’Etat libéral se fonde sur 2 principes :
1° La limitation du pouvoir et 2° la séparation des pouvoirs.
1°)          la def de l’individu possédant une valeur infini conduit à une limitation du pouvoir pol., la liberté individuelle et le pouvoir d’entreprendre ne devant pas être limité par l’Etat. Ensuite la distinction sphère privée et sphère publique avec une valeur absolue accordée à la position du sujet.
                Le thème de l’Etat minimal est posé : l’Etat à pour tâche d’assurer la tranquillité des échanges grâce à un pouvoir commun et des lois communes. Ces lois ne sont acceptées que parce qu’elles sont celles que l’individu isolé choisirait.
2°)          la séparation des pouvoirs assure le contrôle du gouvernement. Pour fonder l’Etat sur les libertés individuelles il faut mettre en avant le thème du contrat. Ce contrat vient du droit privé et du secteur économique. Le contrat donne un objet à l’Etat et lui assigne des limites, comme tout contrat il peut être annulé si une des parties n’en remplit plus les clauses. La pensée libérale reconnaît ainsi un droit à la révolte.
C’est la constitution qui donne la formule du lien des citoyens à l’Etat, le thème de la séparation des pouvoirs apparaît d’abord par la séparation entre la couronne et le parlement.
C’est parce que le pouvoir corrompt qu’il faut trouver des mécanismes de limitation de sa puissance, « si le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument » Lord Acton.
La liberté est une propriété de l’individu qui se déploie sous des formes diverses : lib d’expression, de commerce,  religieuse, d’action.

De la suzeraineté à la souveraineté :
Au moyen-âge la notion d’un pouvoir centralisé disparaît sous la pression géographique des seigneurs qui gèrent les fiefs et seuls peuvent assurer la protection du peuple. Le roi en reconnaissance des services offrent des terres qui deviennent de fait autonomes. Le roi se dessaisi de son pouvoir. L’autre pression est affective, c’est un réseau d’amitiés qui forme la puissance, les alliances sont changeantes et mouvantes, l’affectif joue un rôle central dans les décisions. Le rapport personnel prime sur le service public.
A l’époque moderne nous passons à la souveraineté c'est-à-dire au partage effectif de la responsabilité politique