Philosophie

Mise à disposition d'un matériel permettant de travailler les cours de philosophie.

mercredi 16 janvier 2013

L'art / Brancusi / STG

            

Commentaire de texte :

            Texte p. 27 « la reconnaissance de l’œuvre d’art », éd. Nathan technique.

Il y a dans l’art un mystère, celui de sa création bien sûr, mais aussi celui de sa réception. L’œuvre du sculpteur Brancusi est au cœur de ce débat, qu’est-ce qui fait qu’un objet puisse être qualifié d’œuvre d’art. Encore plus lorsque celui-ci ne se distingue pas d’abord d’une barre de laiton, c’est-à-dire d’une matière première pour la grande industrie. C’est ainsi que les douanes américaines demandent en effet les droits de douane sur cet objet qui ne serait qu’un objet ordinaire et donc non exempt des taxes comme le sont les œuvres d’arts. C’est donc la justice qui devra trancher le litige. L’enjeu du procès étant, bien au-delà de l’argent demandé par la douane, celui de l’avenir de l’art. Les minutes du procès permettent de pénétrer l’argumentation qui doit emporter l’adhésion des juges. Comment prouver l’art ? Peut-on convoquer des preuves pour argumenter ? La question de la preuve en justice vient rencontrer ici celle du goût.

-          L’œuvre flatte mon sens de la beauté : elle est donc capable d’engager un transport esthétique. Sa forme, sa position dans l’espace engage le jugement de goût.
-          Procure un sentiment de plaisir : il ne s’agit pas ici seulement du goût des sens mais de l’harmonieuse proportion de sa forme. Le plaisir peut donc être intellectuel, il est une réjouissance qui flatte aussi l’esprit.
-          Œuvre d’un sculpteur : ici la paternité de l’œuvre est à liée directement à une création artistique car elle est le fait d’un homme qui a pour métier la libre création des formes.
-          Elle possède un grand nombre de qualités : ici nous percevons nettement que l’objet recèle un nombre suffisant d’éléments pour qu’une argumentation esthétique puisse s’en saisir.
-          Elle constitue en soi un bel objet : elle est sa propre fin, elle est en soi, elle est aussi désintéressée, elle n’est pas utile à quelque chose mais participe d’une libre contemplation. Nous sommes ici du côté de la beauté libre et non pas du côté de la beauté adhérente dans les cadres de la pensée kantienne.
-          « Pour moi c’est une œuvre d’art » : ici le jugement esthétique est bien personnel et semble ainsi perdre de sa valeur universelle, en même temps le passage au je suis ici un moyen pour affirmer que si cela est vrai pour un cela peut être vrai pour tous. Ce sont les conditions de la réception de l’œuvre qui sont analysées ici, la subjectivité peut bien se saisir de l’affaire de l’art lorsque précisément c’est le sujet contemporain qui est en train d’advenir. Ainsi ce n’est plus l’apanage d’un groupe ou d’une école de pouvoir énoncer ce qui est à droit à l’appellation de beauté, désormais chacun peut aussi proposer un jugement esthétique. Ce mouvement est aussi celui de l’art abstrait, de l’art conceptuel, de l’hyper-réalisme…

Mais alors n’importe quel objet peut-être, dans des conditions déterminées, une œuvre d’art. C’est la question que pose maître Higginbotham. Mais dans la description qu’il fait de la barre en laiton il est déjà en train de répondre à sa propre question. Car en effet si la barre est polie à la perfection, incurvée symétriquement, harmonieusement, nous sommes bien dans le registre de l’art. Il faut rappeler que ce procès intervient au début du 20e siècle, l’évidence d’un art non imitatif peine encore à apparaître aux yeux du public et parfois même au sein de l’institution artistique. Mais se pose la question de la création, comment ne pas glisser de l’artiste à l’artisan, de l’artiste à l’ouvrier ? Ce qui distinguerait les deux c’est la capacité de conception dont est privé  l’ouvrier, lui n’étant que dans l’exécution. Mais si l’ouvrier parvenait à quitter la simple exécution au profit d’une pensée préalable de l’objet, d’une projection vers une finalité future de l’objet alors son statut se modifierait en même temps que sa fonction. Il y a ici la mise en avant de l’invention comme moteur de la création et comme caractéristique propre de l’art. C’est ce que comprend le juge qui pose alors que dans des conditions de production libérée des contraintes du travail l’ouvrier deviendrait alors un artiste. « La fonction fait l’organe », c’est autrement dit le fait de pratiquer une activité qui permet aussi de comprendre le résultat final de l’œuvre. On voit que si le refus d’accorder un statut à une œuvre est posé il faut en passer par des détours afin de parvenir à l’accord. Ainsi prendre acte du statut social de l’artiste et de ce qui lui est communément attribuer pour produire l’œuvre d’art. De même le plaisir, l’émoi, apporter par l’objet est le gage d’une situation artistique. L’œuvre enfin qui peut porter avec elle l’acquiescement d’un certain nombre de personnes et dès lors de toutes C’est aussi toute la problématique du design qui se fait jour dans le texte et dans le siècle. Le juge perçoit ce qui fait la spécificité de l’art à travers une entreprise personnelle de création liée à une volonté particulière capable de saisir ce que doit être devenir une forme pour devenir une œuvre d’art. La beauté libre est libérée des contraintes ordinaires de la production et du travail. C’est une libre production intentionnée par un homme qui a la projection claire d’une fin accomplie. Il ne faut pas lire dans le texte une position méprisante vis-à-vis de l’ouvrier, mais une distinction dans l’activité. C’est l’activité qui donne statut, il y a glissement de qualification, il y a ici une métamorphose possible à travers la modification de la conception du travail

Ce qui est important ici c’est de comprendre le discours permettant d’argumenter sur ce qu’est le beau. Les arguments utilisés représentent la totalité de l’éventail argumentatif sur le beau. La reconnaissance doit être spontanée, sinon il faut poser l’unicité de l’œuvre, son caractère autonome, la façon de le produire, la projection d’une fin déposée d’abord par la volonté de l’artiste.

On comprend que l’artiste jouit d’une place particulière dans la création qui s’apparente à celle du génie, capable de plier la forme à sa volonté, à ses désirs. Il y a présence d’une technique, mais jamais celle-ci ne prend le devant de la scène, l’artiste gomme le travail lui-même pour ne plus livrer qu’une pure contemplation.

samedi 12 janvier 2013

La société / 2

   La société     /  2


 Il y a 2 orientations principales de la société : premièrement dans sa structure politique, donc dans sa façon particulière de proposer une organisation sociale et un mode de rapport entre les personnes; deuxièmement dans sa façon d'organiser et de penser les relations de travail, les échanges économiques entre les hommes, en même temps que la définition technique de celle-ci. .                                                                                
Le modèle proposé par Platon est celui du tisserand capable de rassembler dans le même tissu les fils pour en faire une étoffe. La société est ce savant dosage entre faible et fort, pacifique et belliqueux... c'est avec cette alliance que l'on forme le plus résistant des manteaux. La Cité doit se penser comme ce rassemblement de la diversité qui n'est pas uniformité mais identité. La société est donc une alliance qui permet à chacun  d'exister au sein d'un groupe auquel nous appartenons sans nous fondre en lui. La Cité grecque ancienne est d'abord une communauté de dieux : mêmes dieux, mêmes cultes. 
Chaque Cité est indépendante et fonctionne comme un État, les guerres entre les Cités sont d'abord l'affirmation de la différence de valeurs de chacune d'elles. 

On peut avant de poursuivre faire un point de vocabulaire : l’État est le nom que l'on donne à la structure possédant les moyens de gestion des institutions permettant le fonctionnement de la société. Ainsi les finances (Trésor), l'armée, la police, la justice sont les piliers sur lesquels l’État repose. La nation est le nom donné à cette communauté géographique qu'est une société particulière, la patrie est son socle affectif. 


La société se met en place à partir d'un pacte d'association, il s'agit d'assurer la survie de chacun par l'acceptation d'un souverain qui prend  la charge de la sécurité. On peut dessiner ainsi ce passage d'un État de Nature ou la menace est permanente et où donc l'insécurité règne :

 ÉTAT DE NATURE       ----------)           SOCIÉTÉ           --------)       SOCIÉTÉ

 insécurité maximale                                     sécurité                                    utilité

liberté totale mais absence                      liberté limitée mais                           liberté        
    de conscience                                           réelle

          hasard                                          aménagement du                        maîtrise du hasard
                                                                    hasard

                                                           conservation de soi                     épanouissement de soi

                                                                     tyran                                     démocratie

            1                                                          2                                               3



Ce schéma montre que le passage à la société civile est le moyen pour parvenir à une liberté effective qui désormais prend en compte le rapport des êtres entre-eux. L'hypothèse d'un État Nature est une fiction théorique qui permet rétrospectivement de poser une origine où l'homme serait bon ou mauvais, dans le premier cas les lois doivent s'efforcer de maintenir cette bonté originelle, dans l'autre les lois doivent corriger la méchanceté.

Dans un premier temps la loi est contraignante ou coercitive, les premières formes de gouvernements sont 
autoritaires, mais l'aspiration à une forme d'émancipation conduit à réclamer le passage à l'utilité L'utile est le moment où la réalisation de soi peut advenir. L'école, la justice en sont les manifestations les plus tangibles. Ces formes sont révolutionnaires car elles permettent aux hommes de devenir plus et autres qu'ils n'étaient. L'homme ne veut plus seulement la sécurité mais aussi l'utilité.

Il faut cependant comprendre que l'un ne va pas sans l'autre : nous devons sans cesse vérifier que le pacte social englobe la sécurité car autrement l'utilité, qui suppose l'extension des droits, ne peut plus se produire. La situation de terrorisme, par exemple, en menaçant notre sécurité invite nécessairement à réduire les libertés publiques au profit de la sécurité. En ce sens la première des menaces du terrorisme étant précisément qu'il nous entraîne à abandonner l'utilité.





 

Peut-on connaître autrement que par les sens ?


Peut-on connaître autrement que par les sens ?


A question "ne peut-on connaître que par les sens ?" nous pourrions d'abord répondre que nos sens sont d'abord le moyen de rentrer en relation avec le monde extérieur, de la saisir, et donc de forger un monde intérieur. N'est-ce pas mes sens qui me permettent de voir la personne que j'aime, de la toucher, de la sentir? qui me permettent de goûter une saveur, d'apprécier une distance, de saisir une nuance de tristesse ou de joie? et la fatigue que j'éprouve n'est-elle pas une information de mes sens qui me somme de me reposer, et la souffrance physique ? la douleur n'est-elle pas encore une information de mes sens ? et le plaisir ? On le voit les sens semblent accompagner chaque état de mon corps, la transformation en une opération intellectuelle, en une pensée, serait alors la création d'une connaissance qui se nourrirait de cette parole du corps. Mais ne peut-on imaginer une faculté intellectuelle qui, au contraire, informerait le corps ? qui ne prendrait pas la suite des sens mais en les précédant deviendrait la vraie mesure des sens ? Cette inversion pourrait se justifier par la nature même des informations du corps, la subjectivité peut-elle conduire à une connaissance qui aurait une vocation universelle ? Ne peut-on penser que les erreurs des sens sont déjà la limite de l'expérience possible qui fournissent un savoir empirique et certainement pas une connaissance certaine. 
Nous poserons en un premier moment que toute connaissance provient du corps, qu'il serait insensé de vouloir penser sans lui, le cerveau lui-même n'étant rien d'autre que le résultat de nos sens. Vouloir isoler le mécanisme psychique de création de l'idée ne peut s'extraire de la gangue du corps qui est ici sa matrice. Pourtant opposer sens et connaissance n'est peut-être pas vain.
La confrontation des sens à la connaissance n'est peut-être donc pas si inutile, l'histoire même de la pensée nous montre que ce qui pouvait sembler premier peut-être second : d'abord nous connaissons et seulement ensuite nous percevons. Si Être c'est bien percevoir, percevoir n'est pas savoir.  Mais n'est-ce pas une entreprise folle que de vouloir séparer ce qui ne peut l'être ? Lorsque je joue au tennis tout mon corps semble intelligence, peut-on même en connaître les limites, qui sait ce que peux un corps ?



Plan détaillé

1 / la connaissance provient des sens

a) Il y a un rapport immédiat des sens à la connaissance, nous apprenons par nos sens qui viennent informer nos perceptions. Ex de l'aveugle né et de l'abaissement de la cataracte produit pour la première fois au XVIIIe.
b) ainsi l'extension même du plaisir et du déplaisir donne le Bien et le Mal, n'est-ce pas la traduction de nos sens qui permet d'atteindre la morale ? Il y a une première approche des sens qui est celle de la connaissance externe, puis de nos propres sensations et émotions. Le sentiment est la forme que prend le corps lorsqu'il devient esprit.
c)  la méthode expérimentale est ce moment où le fait crucial porte avec lui l'information théorique, l'observation permet d'atteindre la pensée. C'est ici le fait qui est premier donc les sens.

2 / seule la pensée peut saisir le monde et elle-même comme objet de sensation. C'est l'esprit qui porte la connaissance.

a ) la méthode expérimentale est déductive et non inductive, seul Claude Bernard peut lire les signes des sens, l'observation ne vaut que pour un savoir qui peut analyser le fait.
b ) nous retrouvons ici la pensée de Descartes, expérience de la cire. la certitude de l'existence provient de la pensée elle-même, le cogito est le premier principe de la philosophie
c ) nous pouvons savoir d'abord dans un ciel des Idées (Platon). C'est l'esprit qui informe la matière, le concept de lit est premier par rapport au lit matériel.

3 / le corps est intelligence, l'intelligence est corps

a ) lorsqu'on demanda au mathématicien Cavailles pourquoi il ralliait la résistance il répondit "parce que je ne pouvais pas faire autrement", signifiant que cela s'imposait à lui. Est-ce une absence de réflexion où ne devons nous pas penser au contraire que ce que nous sommes apparaît justement par nos sens, en dehors d'une réflexion consciente, du moins sans que la réflexion n'est besoin d'apparaitre comme telle. Lorsque cet homme se jette du haut d'un pont pour en sauver un autre au risque de sa propre vie s'il réfléchissait à son action il serait déjà trop tard.
b ) exister sans sentir, d'abord sous la forme des passions que Descartes reconnaît comme fondamentales. (Traite des passions). Spinoza s'interroge ainsi sur le pouvoir du corps : nos sens portent avec eux un pouvoir qui dépasse notre possibilité de réflexion
c ) "l'amour, la joie, la colère sont les passions qui arrachent aux hommes leurs premières voix" Rousseau donne aux passions le premier rôle dans l'apparition du langage c'est-à-dire de l'intelligence elle-même. Dire c'est sentir, tout notre corps est intelligence.


dimanche 6 janvier 2013

L'injustice est-elle naturelle ? Correction STG / Question


 L'injustice est-elle naturelle ?

A la question "l'injustice est-elle naturelle?" nous répondrions dans un premier moment que c'est dans la nature elle même que l'injustice puise sa force. Puis nous comprendrons que tout l'effort de la société est de produire une justice qui n'existe ni dans la nature ni dans la société sans un effort des hommes pour sortir de la violence qui les habite. 

C'est d'abord dans la nature que nous trouvons l'injustice, cette "loi du plus fort" qui résonne dans le sens commun comme un dictat de la nature. La violence serait d'abord dans le cadre de la sélection naturelle, de cette nature qui sélectionne les plus forts pour permettre à l'espèce de survivre. Mais c'est peut-être alors une erreur de parler d'injustice. Nulle injustice lorsque le lion mange l'antilope, juste l'activation de la nature du lion, de son instinct qui n'engage pas sa liberté ou un autre choix possible. Car le juste et l'injuste suppose une mesure interne, une boussole permettant d'apprécier la bonté ou la malignité de l'action. Cette mesure se nomme la conscience morale et ne peut se trouver dans la
 nature sans une intelligence qui l'accompagne. La nature en ce sens est un concept régulateur dans lequel nous plaçons ce que nous ambitionnons pour elle. Ainsi la monarchie parle d'une loi naturelle imposée par la nature, celle de la force. Il y aurait un impératif de puissance que la nature imposerait à l'homme, si "certains sont nés pour dominer" d'autres certainement ne peuvent qu'obéir (Aristote). Cette conclusion impose le mode d'un gouvernement tyrannique ou la souveraineté ne peut se trouver du côté du peuple. 

Il ne se trouve ni juste ni injuste dans la nature, la cruauté est dans les hommes et seulement en eux, il n'y a pas de plus formidable danger que l'homme disait Hésiode, manifestant ainsi que si nous sommes les seuls à connaître la valeur de notre actions, nous sommes aussi la seule espèce capable de se détruire elle-même. Car la guerre n'est pas un état de la nature mais de la société. Le

pire côtoyant chez nous le meilleur. C'est parce que nous connaissons le Mal que nous pouvons énoncer le Bien : de cette connaissance provient certainement notre spécificité. La société est l'effort de domestication
des pulsions, il s'agit de modifier la pulsion de la destruction vers la construction. Modifier la pulsion qui d'abord trouve sa source dans la pulsion sexuelle pour l'employer du côté de l'amour et de la connaissance. Trouver une satisfaction collective à ce qui s'annonce du côté de l'égoïsme et de la haine de l'autre. Cet effort colossal est celui de l'édification de la civilisation qui transforme le plaisir et le déplaisir en bien et mal et qui fait donc avec des éléments physiques des valeurs psychiques ou morales.Il ne faut pas confondre injustice et inégalités : alors que l'inégalité est possible naturellement dans le rapport des aptitudes ou des dispositions physiques nous ne trouvons pas d'injustice qui suppose la connaissance du juste et sa négation. La volonté d'égalité des hommes provient justement d'une amplification de la justice comme mesure au champ du social. La justice pour Aristote se dédouble alors : une justice commutative où nous devons tous avoir la même chose et une justice distributive où chacun peut recevoir selon ses mérites. Et dans ce dernier cadre la justice réside justement dans l'affirmation d'une inégalité qui permet une appréciation de chacun selon son action.

Peut-être devrons nous conclure que ce n'est pas l'injustice qui n'existe pas dans la nature mais le concept de Nature lui-même qui est utilisé sans un véritable fond ou support. Celui-ci s'adapte sans cesse aux besoins des hommes, il représente certainement une mystification dont nous ne mesurons pas assez la force, le paradoxe étant que la nature ainsi crée vient valider ou invalider une façon de concevoir qui pourtant la précède.

Rédaction de l'introduction / commentaire -/ Merleau-Ponty



Introduction :



Le texte qui nous est proposé à l’étude est extrait du langage indirect et les voix du silence écrit par Merleau-Ponty au milieu du XXème siècle. L’idée générale du texte est dans la détermination même du langage (langage=langue+sujets parlants) qui n’est pas cette correspondance du signe au sens que la linguistique expose mais au contraire un des dispositifs indirects qui n’atteint pas une réalité interne au langage mais qui exprime une incomplétude par des phénomènes d’évitement ici le silence par exemple. L’enjeu réside alors dans le rapport de l’individu au monde par le biais du langage, le langage n’est pas plein il n’est pas un système, il est lui-même un phénomène qui permet un rapport aux choses comme un rapport à soi-même. Ici Merleau-Ponty désenclave le langage en le faisant accéder à une interaction entre l’individu et le monde et du monde à l’individu. Pour ce faire, l’auteur procède en 2 moments. Premièrement (1 à 8) Merleau-Ponty définit ce qu’est le langage en exprimant sa fonction indirecte ou allusive et en plaçant la langue dans une surface qui comprend les sous-entendus. Puis (9 à la fin) il rejette l’affirmation qu’une langue est supérieure à une autre, une langue maternelle n’est pas pour autant matricielle, enfin une langue englobe toutes les formes d’expressions et ne s’arrête pas à la nomination.

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 Phénoménologie : -contre la profondeur de l’être 
1: conception classique
-Langage=Individu et monde
Monde à Individu
: Linguistique (Saussure)
-Rapport interne des signes
Individu=signifié/signifiant
3: Merleau-Ponty
-Rétablissement du rapport des signes
Individu au monde
-PHENOMENOLINGUISTIQUE 


vendredi 4 janvier 2013

La société / début du cours pris en notes par un élève


 LA SOCIÉTÉ



La société est le nom donné à un rassemblement d’hommes et de femmes qui forment une communauté c’est-à-dire qui ont en commun un certain nombre d’éléments: la langue, une culture, une religion, un but… Faire société en ce sens c’est construire un groupe qui est fédéré par intérêt commun, souvent il y a confusion entre la forme sociétale et la forme politique. Mais avant d’engager cette réflexion il faut revenir à l’opposition initiale entre société et nature. Si la société est du côté de l’acquis et la nature est du côté de l’inné donc il y a une opposition entre naturelle et artificielle. Le terme d’artifice signifie fait par la main de l’homme. La société serait le lieu spécifique de construction de l’humanité c’est-à-dire d’une sortie de la nature et simultanément de l’animalité. En ce sens le remplacement le remplacement des lois biologiques ou de l’instinct suppose la construction de lois positives qui vont devenir la démocratie, si nous partons de l’idée que tous les efforts de la civilisation tiennent dans l’écart maximal dans la loi du plus fort telle que se dessine dans l’état de nature. La nature abrite des comportements biologiques et une structure hiérarchique intra-spécifique rigide, on pourrait écrire que l’animal est aujourd’hui ce qu’il sera dans mille ans. Il y a une fixation de l’organisation naturelle chez l’animal au contraire chez l’homme il y a une élasticité de l’organisation, il y a une transformation symbolique majeure, des ruptures, des passages qui sont des ruptures. C’est ce que nous nommons l’histoire faite de bruits et de fureur mais aussi d’apports technologiques et intellectuels qui modifient la perception que nous avons de l’environnement. Ici nous avons une différence majeure entre nature et culture, entre animal et homme : alors que l’animal s’adapte à un environnement, l’homme adapte l’environnement à lui. Qu’est-ce que la société ? C’est le moyen particulier de l’homme de s’approprier l’environnement. Il y a donc autant de sociétés que de saisies particulières de l’environnement. La société suppose une organisation interne mais aussi une organisation externe permettant le contact avec d’autres sociétés c’est-à-dire d’autres usages de l’environnement. Faire société c’est donc partager une même vision des choses et accepter explicitement et/ou tacitement une façon de comprendre les rapports entre les hommes et de les justifier. On a même utilisé ce terme dans le champ du commerce pour signifier une unité d’intérêt, une société commerciale est construite pour satisfaire un besoin et engager des profits. Cependant il ne faut pas confondre l’une et l’autre car la première vise un accroissement sociale du bien être et la seconde vise un intérêt non-désintéressé. Marx dans la préface du capital dit que « c’est le travail qui permet de ne pas rester en lisière". Autrement dit c’est le travail comme intermédiaire entre l’homme et la nature qui la transforme, transformant ainsi sa propre condition. Rester en lisière signifie rester à l’écart du monde, ne pas rencontrer sa chair. Bataille écrivait « que l’animal est comme de l’eau dans de l’eau », indistinct à son milieu comme à lui-même.






vue du Tokyo

L’état de nature

Le terme nature signifie étymologiquement : naitre; en ce sens on parle d’elle souvent comme mère nature. En un autre sens la nature est la matrice dans laquelle les êtres et les choses se déploient. Elle est souvent assimilée à une puissance, elle prend donc la signification d’une divinité. Elle s’oppose à la civilisation en ce cycle que l’ordre naturel serait en dehors de la détermination du juste et de l’injuste. Pourtant elle sert de modèle au naturalisme politique à ceux qu’on nomme les jurisconsultes qui sont les tenants du droit naturel. Celui-ci se formulerait ainsi à celui qui est le plus fort dans la nature est le meilleur dans la société. Aristote l’écrira ainsi « certains sont nés pour dominés et d’autres pour être dominés». C’est ici la justification naturelle de l’esclavage, la nature n’aime pas l’égalité. Il y a des forts et des faibles. Cette mise en place s’effectue bien avant la compréhension du mécanisme du vivant tel que Darwin l’explique dans sa théorie évolutionniste. Celle-ci pose qu’il y a une sélection des espèces, seuls les individus les plus viables pour l’espèce se reproduisent. Il y a donc une évolution des espèces en même temps qu’une sélection. Cette pensée peut être mise en parallèle avec la théorie de Lamarck de l’espèce en développement qui engage une hérédité des caractères acquis. Cette position est intéressante car elle montre à la fois une révolution et une adaptation à des causes exogènes. Lamarck met l’environnement comme premier facteur des mutations, les chauves souris vivent dans l’obscurité et émettent des ondes sonores pour préserver l’espèce. Le premier à réfléchir ce système d’adaptation pour les hommes c’est Vico qui à partir d’une climatologie qui provoque une adaptation génétique. Ainsi le réchauffement climatique va assécher les terres réduisant les forêts primaires et favorisant l’apparition de steppes et de toundra qui va contraindre l’homme à descendre des arbres pour chercher leurs nourritures. Dès lors ils deviennent la proie des prédateurs aussi il va se redresser et quitter la position à quatre pattes et libérant ainsi ses membres supérieurs, libérant aussi ses mains et les rendre libres pour la vie. En effet, la main a pour particularité chez l’homme d’être grâce au décalage du pouce en situation de pince et permet à l’homme d’accéder à la technique. Symboliquement l’homme debout est aussi l’homme des lointains et est aussi le symbole de la prévisibilité et des calculs dans le temps. Ici on comprend que le passage de la nature à la société est aussi nécessité par une modification de l’environnement extérieur. Il y a une physiologie de la société au sens où c’est l’adaptation de la nature qui nous permet de nous associer en même temps cette adaptation est très ancienne puisqu’ Aurora est notre plus ancienne ancêtre qui a vécu il y a douze millions d’années en Afrique, au Kenya.

















 































mercredi 2 janvier 2013

corrigé du texte de Nieztsche / commentaire de texte






Commentaire corrigé  :

Tout d'abord il faut rappeler que l'introduction est constituée de 2 blocs,  le 1er  comprend la présentation du texte puis l'idée générale et enfin l'enjeu. L'IG est fidèle au texte, elle extrait son idée principale en quelques lignes. L'enjeu pour sa part est dans une distance plus grande et pose la question du texte dans ce qui le dépasse, le débat d'idées et l'extérieur lui-même. L'IG est le dedans où le micro alors que l'enjeu est le dehors ou la macro, dans un rapport d'agrandissement de focale qui va du petit au grand, du particulier au général. Ensuite le deuxième bloc comprend le découpage du texte avec pour chaque partie un bref descriptif sous une forme progressive. Les 2 blocs s'équivalent en longueur. Il faut rappeler que le découpage correspond aux parties qui seront entreprises dans le commentaire. Le choix des parties détermine donc la structure du commentaire. 

Exemple :

Le texte proposé à l'étude est extrait du Gai savoir de Nietzsche. L'idée générale du texte réside dans l'affirmation que la conscience est le fruit du désir de secours et de protection de l'homme. C'est donc de la faiblesse de l'homme que la conscience est née, elle est entièrement tournée vers un échange qui justement est la partie la plus méprisable pour Nietzsche. L'enjeu est alors dans une définition paradoxale de la conscience qui n'est pas le centre du sujet mais au contraire un épiphénomène de la pensée qui s'exprime bien au-delà de cette volonté d'association tournée seulement vers l'échange. Nietzsche invite à découvrir un être qui ne dépend plus que de lui-même, seul et fort. 
Pour ce faire l'auteur procède en 2 moments précédés d'une courte introduction qui contient la thèse : la définition de la conscience est celle même de l'échange, elle est l'origine du lien entre les hommes. D'abord (3-9) il lui fallait exprimer sa détresse, c'est ce rôle que prend la conscience, dire la faiblesse et la volonté d'alliance. Et pour réussir cela il fallait d'abord que cette faiblesse l'homme puisse se la dire à lui-même. La conscience est un dialogue avec soi qui contient pour Nietzsche le pire de l'homme. Ensuite (9-14) cette pensée enfin consciente est comprise comme le tout de la conscience alors qu'elle n'est que sa partie superficielle, l'homme véritable est en dehors d'elle et de ses méandres.




Explication rapide :

"La conscience est un réseau de communication entre les hommes", c'est ainsi que Nietzsche déf. son unique raison d'être. En posant cela il fait de l'élément central de la philosophie un simple conduit permettant la transmission d'informations. Il revient sur ce qu'est l'homme, le plus faible des animaux comme Aristote le définissait. Il lui manque un instinct assez trempé pour résister seul à la puissance de la nature, alors il s'affaiblit en rejoignant ses semblables, croyant s'enrichir il se corrompt. Il fait de la faiblesse désormais une force. C'est cette conception que Nietzsche critique, son idéal se trouve plutôt dans cette "bête proie" qui arpente solitaire les forêts. L'émergence de la conscience est le fruit d'une corruption, celle de la nature animale de l'homme, son humanité se trouve entièrement dans le désir de protection. La conscience est le résultat d'une nécessité que Nietzsche qualifie de terrible et qui va forcer son développement. Il faut mettre en place une conscience capable de véhiculer toutes ses peurs et frustrations et d'abord il doit pouvoir les comprendre lui-même afin de les partager et ainsi les voir en autrui. La société est le résultat direct de la conscience, sa forme politique le rêve d'une faiblesse devenue maitresse du monde.

Il faut d'abord que nos sensations, impressions deviennent pour nous des objets que l'on peut saisir et ainsi partager. La conscience se place immédiatement dans un dialogue avec soi-même, n'est-ce pas là ce que nous nommons la pensée ? Plus encore le "moi" ? Le moi correspond à cette identité fabriquée à partir de la prise de conscience de moi-même, de moi comme je. Or c'est cela que Nietzsche conteste dans sa suprématie. Il propose de regarder en dehors et en deçà de la conscience pour retrouver l'homme tel qu'il était lorsqu'il était sans lui! Nous pouvons nous étonner de cette solution qui semble d'abord le renvoyer seulement du côté de la nature. Mais nous pouvons y lire aussi l'émergence et la prise de conscience de forces plus grandes qui agissent sur l'homme d'une manière plus impérieuses encore ; l'inconscient ou autrement dit cette "bouilloire" pulsionnelle qui ne répond ni aux conventions ni aux arrangements de la conscience domestiquée.

 
La conscience doit d'abord exprimer le besoin, l'inconscient exprime le désir sauvage, celui qui ne fait pas lien mais déchirure. Nietzsche en critiquant cette conscience toute puissante mise en place à la fois par la tradition philosophique et les intérêts de ceux qu'il nomme "faibles" produit une rupture épistémologique avec le dogme de la maîtrise de soi et de la liberté comme capacité de liaison avec autrui. C'est aussi pour Nietzsche certainement une rupture politique et anthropologique, il s'agit pour lui de gratter le vernis des conventions et des paroles pour regarder en face la force de la destruction pour retrouver la volonté de puissance de l'homme. Il ouvre ainsi les portes d'un monde plus vaste, quitter la conscience pour trouver une origine plus ancienne, une mémoire plus ancienne encore. Il est difficile d'ignorer ici que la pensée de Nietzsche peut nous entraîner vers ces zones d'ombres qu'il célèbre ainsi dans la généalogie de la morale : "et superbe voici la bête blonde qui tue, pille, viole". La critique de la conscience s'accompagne en effet d'un retour à la nature qui porte les germes de la destruction et non de la création. La fabrique de la conscience correspond pour Nietzsche à un affadissement de la volonté de vivre et certainement à une liberté qui se veut absolue tout en ne prenant pas clairement conscience d'elle même car elle n'est pas faite dans l'étoffe du langage mais dans celui de la force et de destruction. La pensée devient avec la conscience "signes d'échanges", du côté du commerce donc que les modernes qualifieront de "doux" et que Nietzsche méprise comme une hypocrisie des hommes qui tentent ainsi d'empêcher le surgissement d'une force réelle, celui de l'homme qui ignore les signes, les paroles et qui répond seulement à des commandements internes.